Dans son édition datée des samedi 6, dimanche 7 et lundi 8 juin 1981, le quotidien national Le Soleil rendait compte de la célébration de l’Appel. En voici quelques extraits de l’article signé Cheikh BA.
Le nom de Dieu a été maintes fois scandé, hier matin à Yoff, par des milliers de fidèles venus de tous les coins du Sénégal.
Très tôt le matin, drapés dans des boubous blancs immaculés et, faisant preuve d’un sens de l’organisation remarquable de nos jours, les Layènes ont clôturé avec allégresse et ferveur les cérémonies commémoratives du centenaire de l’Appel de Seydina Limamou Laye, fondateur de la confrérie.
Etaient présents le Premier ministre Habib Thiam, les représentants des Khalifs des autres confréries religieuses et notamment les ambassadeurs du Japon, de la Chine, du Kampuchéa démocratique, des chargés d’affaires des Républiques sœurs d’Ethiopie et de la Mauritanie, le représentant-général de l’Ordre de Malte à Dakar, le directeur de l’Institut islamique, MM. Mamadou Diop et Alioune Badara Mbengue, respectivement, ministre de la santé publique et ministre de la Justice, garde des Sceaux.
L’événement revêtait un caractère multiple. Outre son aspect historique, il avait également une dimension spirituelle, car Seydina Limamou Laye que beaucoup assimilent au « Mahdi » dont la venue sur terre a été l’objet de mention de « hadiths » des plus irréfutables, a toujours prêché de son vivant la concorde, la tolérance, le travail et l’unicité dans les rangs des musulmans.
D’ailleurs, dans son allocution de bienvenue, le Khalif des Layènes, El Hadji Seydina Issa Laye, après avoir exprimé sa gratitude au Premier ministre qui malgré ses lourdes charges a tenu à assister à la cérémonie de clôture a saisi l’occasion pour rappeler aux fidèles les traits caractéristiques qui ont toujours marqué la vie du fondateur de la confrérie.
« Seydina Limamou Laye, dira-t-il, était un homme attaché à toutes les valeurs religieuses et à la fraternité. Notre émotion est bien grande aujourd’hui car chacun de nous peut mesurer la distance qui nous sépare de ce jour lointain du 1er « châban » (1884) où Seydina Limamou Laye, âgé de 40 ans, lança son appel à tous les musulmans du pays, confronté qu’il était aux difficultés relatives à l’incompréhension et à l’hostilité de ses concitoyens de Yoff. Ces persécutions, aussi durent furent-elles, ne l’empêchèrent jamais, grâce à la protection d’Allah, de continuer son œuvre d’enseignements et d’assainissement des pratiques islamiques, pas plus que son arrestation par les autorités coloniales le 14 septembre 1887, ni son internement de trois mois à l’île de Gorée ».
Rendant ensuite grâce au Seigneur, El Hadji Seydina Issa Laye a encore précisé que si l’assistance a pu aujourd’hui se réunir à cet endroit, qui répond si bien aux indications données par les livres anciens sur le lieu où devait apparaître le « Mahdi » (« Fil Maghribil Aksa a la Sahil Bakhri fi Jabali »)… A l’extrême ouest au bord de la mer dans les rochers de l’Ouest), place que Seydina Limamou Laye aimait fréquenter pour prier aux environs de Ngor dans un site nommé « Al Mahdi », « Almadies » de nos jours, ce n’est point un hasard. Enfin, pour terminer, le Khalif des Layènes n’a pas manqué d’associer et le président de la République Abdou Diouf et toutes les familles religieuses dans ses remerciements et prières
Lui répondant, le Premier ministre Habib Thiam, dans un discours éloquent en wolof, mais introduit en arabe, devait dire combien sa joie était grande d’avoir la possibilité de présider aujourd’hui, une cérémonie aussi grandiose, que celle relative à la commémoration de « l’Appel » d’un de nos plus fervents apôtres. « Seydina Limamou Laye, dira-t-il, n’était pas seulement un homme ordinaire confronté à des difficultés inhérentes à une époque, mais un travailleur et un homme de Dieu, qui a longtemps souffert avant d’être compris. Si son œuvre restera immortelle, ce sera surtout grâce à son sens de l’abnégation, du devoir et de l’amour qu’il avait de son prochain. C’était un martyr, le martyr des trois ans, trois mois, trois jours, comme nous l’a appris l’histoire ».
Le Premier ministre a, avant de terminer, exhorté les fidèles à faire preuve d’humilité, de courage mais aussi à participer activement au développement du pays. Comment ? En étalant leurs difficultés au grand jour, et à soutenir le gouvernement dans toutes ses entreprises.
La cérémonie (a pris) fin sur des récitations de versets de Coran et sur des prières qui ont ébranlé les plus incrédules parmi nous, tant l’atmosphère était lourde de piété, de foi et de ferveur, cette grande ferveur dont seuls les layènes ont le secret.
Cheikh BA
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