BAYE SEYDI THIAW LAHI

TRIBUNE DU VENDREDI N°97 : Baye Seydi Thiaw Lahi et les titres de « Moujaddid » et de « Sâhibou Zamâne »

today16 septembre 2022 168 1

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Baye Seydi Thiaw Lahi et les titres de « Moujaddid » et de « Sâhibou Zamâne »

Ce vendredi 16 septembre 2022 correspondant au 19 safar marque l’anniversaire du rappel à Dieu du troisième Khalif des Ahloulahi, « Al Moujaddid wa Sâhibou Zamâne » El Hadji Seydina Issa Lahi communément appelé « Baye Seydi Thiaw Lahi Sangoup Jamono ». Homme à la générosité légendaire, homme au courage démesuré et à la foi indéfectible, homme à la justice équitable, protecteur des orphelins et autres démunis, Baye Seydi Thiaw Laye fut véritablement la Lumière de son époque (Nûru Zamânahi).

Fils de Seydina Mandione Lahi (deuxième Khalif) et de Sokhna Aissatou Lahi Ciss, Baye Seydi Thiaw Lahi naquit à Rufisque en l’an 1914. Il accéda au califat en 1971 à la suite du rappel à Dieu de son illustre père, Seydina Mandione Lahi, dont il dirigea la prière mortuaire tout comme son parrain Seydina Issa Rohoulahi (as) l’avait fait quelques années plus tôt, en 1909, pour son père, le saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws), avant de lui succéder en tant que premier Khalif à la tête des Ahloulahi. À partir de là, une nouvelle page de l’histoire de la communauté Ahloulahi venait de s’ouvrir avec l’avènement de ce troisième Khalif, le premier des petits-fils du fondateur à occuper le califat, qui allait marquer à jamais les esprits des gens de son époque et de celles à venir. Son califat peut être divisé en deux parties :

• La période allant de son accession au califat en 1971 à l’année 1981 marquant le centenaire de l’Appel de Seydina Limamou Lahi (asws) ;

• Et celle allant de 1981 à 1987 marquant son rappel à Dieu.

Durant cette première période 1971-1981, qui marque la dernière décennie du 14ème siècle de l’hégire, Baye Seydi Thiaw s’est inscrit dans la continuité de la mission de son grand-père Seydina Limamou Lahi en poursuivant le travail initié par chacun des Khalifs qui l’ont précédé.

Par exemple, c’est dans cette partie de son califat que Baye Seydi Thiaw rassembla dans un seul ouvrage, et pour la première fois de l’histoire de la communauté Ahloulahi, les différents manuscrits des sermons de Seydina Limamou Lahi (asws) et ceux de Seydina Issa Rohoulahi (asws). Seydina Limamou Lahi (asws) avait recommandé que toute personne ayant reçu ne serait-ce qu’une parole issue de ses sermons la partage avec le reste de la oumma. C’est cette recommandation du saint-maitre que Baye Seydi Thiaw Lahi concrétisa en finançant le projet sur fonds propres. Il confia le travail à l’Imam Mouhamadou Sakhir Gaye et au professeur Assane Sylla. L’ouvrage fut distribué aux fidèles sans aucune contrepartie. Cette action du troisième Khalif de Seydina Limamou Lahi (asws) rappelle celle de Seydina Ousmane Ibn Afan, troisième Khalif de l’Islam qui avait rassemblé les manuscrits contenant les versets coraniques dans un seul livre. Autre exemple, c’est durant cette même période qu’il céda 364 hectares de terre en pleine capitale à l’État du Sénégal représenté par le Président Senghor pour un projet de construction de logements sociaux financé par la Banque Mondiale. Il justifia ce grand acte de générosité inédit en rappelant cette exhortation du saint-maitre qui recommandait « d’élargir les concessions pour accueillir les invités ». En effet, après avoir lancé son appel, Seydina Limamou Lahi (asws) avait déclaré que les gens (« les invités » en question) rueraient de partout pour venir à Dakar pour deux raisons : soit pour venir lui faire allégeance, soit pour uniquement venir tirer profit des avantages dont Allah a doté cette partie du pays du fait de la présence du saint-maitre en ce lieu béni. Il convient de préciser que quand le saint-maitre prononçait ces propos, Dakar n’était pas encore la capitale du pays qui à l’époque était à Saint-Louis.

C’est dans la deuxième partie de son califat, débutant en 1981 que Baye Seydi Thiaw entreprit réellement les grandes réalisations qui allaient écrire en lettres d’or l’histoire de la communauté Ahloulahi. En effet, l’année 1981 correspondant à l’an 1401 de l’hégire marqua la fin de l’époque (14ème siècle) ou « qarnu » ouverte par Seydina Limamou Lahi (asws) qui est apparu en l’an 1301 déclarant « Manna dembë, mana tay » ; ce qui signifie qu’il fut autrefois le messager d’Allah Seydina Mouhamad (asws) et qu’il est revenu en tant que l’Imam Al Mahdi Al Mountazar (asws), cet Imam chargé de réformer l’Islam en cette fin des Temps. À partir de ce moment, Baye Seydi Thiaw prononçait souvent sa célèbre phrase que Serigne Ablaye transforma finalement en chant :

« Maam Limaamu Laay wootem ba am na teemeeri at, dootu degn ! »

Ce qui signifie : « L’Appel de Seydina Limamou Lahi vient a vécu cent ans et plus rien [ni personne] ne pourra plus changer ce fait ! ».

Par ailleurs, dans un hadith jugé « Sahih » rapporté aussi bien par Abû Daouda (rta) que par Abû Khoureyra (rta) et rappelé par As-Suyyûtî (rta) dans sa Rissâla, le messager d’Allah (asws) annonçait :

إِنَّ الله يَبْعَثُ لِهَذِهِ الْأُمَّةِ عَلَى رَأْسِ كُلِّ مِائَةِ سَنَةٍ مَنْ يُجَدِّدُ لَهَا دِينَهَا

« Allah enverra dans cette communauté [l’Islam] au début de chaque siècle quelqu’un pour réformer les affaires de la religion ».

Ce révivificateur chargé de ramener l’Islam à sa pureté d’origine est appelé « Mujaddid ».

Or, quand il a fallu que le message et la mission de Seydina Limamou Lahi Al Mahdi (asws) soient réactualisés, relancés et rappelés aux gens de cette en ce début du 15ème siècle de l’ère musulmane, plusieurs émissaires venus d’origines diverses furent mandatés par le saint-maitre lui-même (asws) pour en informer son troisième Khalif Baye Seydi Thiaw Lahi. En dépêchant des émissaires auprès de son troisième Khalif pour lui rappeler que le « dahwa » (appel) qu’il avait lancé en 1301H allait avoir cent ans au mois de « sha’ban de cet année 1981 (1404H), Seydina Limamou Lahi (asws) annonça dans le même temps que Baye Seydi Thiaw Lahi en sa qualité de représentant plénipotentiaire sur terre, dépositaire de son message et gardien de son héritage, était l’élu choisi et investi pour renouveler et revivifier sa mission en tant que premier Moujaddid envoyé après lui (asws). Pourtant, à chaque fois qu’un émissaire venait lui porter le message émanant de son illustre grand-père, Baye Seydi Thiaw répondait toujours par « degg naa ci » ; ce qui pourrait être traduit par « message bien reçu ». La singularité qu’il faut souligner dans cette histoire réside dans le fait que le premier émissaire envoyé par Seydina Limamou Lahi (asws) était un disciple de Cheikh Ahmad At-Tijan (rta). Cet émissaire après toutes les choses qu’il a vécu en termes de faits exceptionnels entre Seydina Limamou Lahi et Baye Seydi Thiaw avait fini par faire allégeance au troisième Baye Seydi Thiaw. Au cours d’un de ses ziarra hebdomadaires au mausolée de son grand-père (asws), ce dernier donna Baye Seydi Thiaw un ordre direct allant dans ce sens. Il en informa ses frères et quelques notables de la communauté. L’un des premiers actes que posa Baye Seydi Thiaw fut d’élargir le périmètre de la mosquée de Yoff Layène pour en faire la première « djouma » (pour accueillir la prière du vendredi) de la communauté Ahloulahi de Yoff. Il nomma son jeune frère Seydi Mouhamadou Bachir Lahi ibn Seydina Ababacar Lahi imam ratib de ladite mosquée faisant de lui le plus jeune nommé à ce rôle. Quelques mois plus tard, le 5 juin 1981, il organisa pour la première fois de l’histoire de la communauté Ahloulahi, la cérémonie commémorative de l’anniversaire de l’Appel de Seydina Limamou Lahi (asws) qui, aujourd’hui, demeure le plus grand événement de la communauté Ahloulahi. Ce fut une occasion pour lui de rappeler ou d’informer les leaders (pouvoir temporel comme spirituel) et les gens de son époque du message et de la mission prophétiques du saint-maitre (asws). Il convia les autorités administratives et religieuses du pays aux côtés des représentants diplomatiques et de la presse à la cérémonie officielle de l’événement durant laquelle son message fut prononcé en langues étrangères : en arabe par El hadji Mouhamadou Sakhir, puis en français par son secrétaire particulier El Hadji Seydina Issa Lahi Diop.

C’est à l’occasion du centenaire que les fidèles lui composèrent cet hymne pour chanter le rang de Baye Seydi Thiaw en tant que Khalif-Maître de son Temps ou « Sâhibou Zamânihi » :

Central dynamoo bi yaa ka yor

[Doo seen moroom]

Taalal mu leer say may du jex

Pour dire que Baye Seydi Thiaw est cette Centrale (Al Ghawthu) par laquelle Allah apporte Son Soutien, Sa Miséricorde et Sa Subsistance aux gens de son époque.

Ils ajoutèrent encore :

Doctooru baatin bi yaay wérël

[Doo seen moroom]

Ku fi ñëw ba dem dootoo fi gëcc

Ces derniers vers renvoient au fait qu’en tant que « Sâhibou Zamânihi » il est le thérapeute des âmes et le guérisseur des maux de son époque.

Toujours dans ce même registre, le grand poète Mouhamadou Lahi Ndir lui composa de son côté :

Yaa « Xawsul Wujuudi » doomi Manjoon, Seydinaa Isaa

Yaay làmpup ngënël gi yaa di kamaal

Mbër ga doy nga nu.

Dans ces vers l’auteur chercha à mettre en exergue le statut de « Secours ou de Recours Suprême » ou « Ghawthul Wujûdi » – à travers qui la grâce divine descend sur les Gens de son Époque – et que revêtait Baye Seydi Thiaw en son Temps.

Il rajoutait encore :

Buur Yàllaa la tanna jox la meeteeluk Limaamu Lahi

Ni la jiiteel ma xarnu bi ba mu teer

Loolu birna nu

[C’est Allah qui t’a choisi (élevé) en te confiant la mission universelle du saint-maitre (asws) et qui t’a chargé de gérer les affaires de ce (15e) siècle de l’hégire jusqu’à son terme.]

Toujours dans ce poème Mouhamadou Lahi Ndir montra combien Baye Seydi Thiaw fut stratégique et efficace en tant que plénipotentiaire de son grand-père chargé de renouveler son message prophétique :

Yaa siiwël ngirum Limaamu ba wooteem ba dektu n’a

Appel baa ko wane mbindeef ya ñu gis

Loolu bir na nu.

[C’est toi qui a fait connaître la mission universelle du saint-maitre, transmettant par la même occasion son message prophétique. C’est à travers la célébration de l’anniversaire de l’Appel (en juin 1981 au centenaire) que les gens ont enfin compris].

Il convient de préciser qu’au moment où Baye Seydi Thiaw Lahi reçu l’ordre de célébrer le centenaire de l’Appel il venait de boucler 66 ans d’existence ; ce qui correspond au même nombre d’années que vécut le saint-maitre (asws) dans cette seconde mission et qui équivaut au poids mystique du nom divin « Allah ». Cela renvoie sans doute au fait que son Khilafat n’était qu’une continuité de la mission terrestre de Seydina Limamou Lahi (asws) cent ans après. En tant que Moujaddid, il s’employa à diffuser les enseignements de son grand-père d’abord en ordonnant la réédition et la distribution du livre rassemblant les sermons pour que tout le monde en disposât. Ensuite il créa des écoles pour l’initiation des jeunes aux enseignements du saint-maitre (asws) entre Yoff Layène (confiée à Oustaz Baytir Sène) et Cambérène (confiée à Oustaz Magoum Keur assisté par Serigne Cheikh Mbacké Lahi et Mame Farma Sarr). Il ne tolérait aucun manquement dans l’application des règles islamiques et des recommandations de Seydina Limamou Lahi (asws). Il n’hésitait pas non plus à corriger lui-même tout prédicateur quand il remarquait une erreur dans l’interprétation des sermons ou de l’histoire de la communauté. Il disposa même d’un fouet qu’il nomma « jombul kenn » pour dire que nul n’en serait épargné en cas de violation des règles établies. Son frère et ami, le porte-parole de l’époque Seydina Abdoulaye Thiaw Lahi avait habitude de l’appeler sur un ton taquin : « Goumba gui » (l’aveugle). C’était une façon pour rappeler que quand Baye Seydi Thiaw devait corriger sévèrement un fidèle fautif il ne voyait plus l’identité de la personne en question et donc ne ressentait aucune compassion ou affinité avec elle.

Il effectuait régulièrement des rondes entre Yoff et Cambérène pour veiller au respect de la sacralité de ces lieux. En cela il a assumé de la meilleure des façons sont rôle de Mujaddid chargé de restauter la pureté d’origine et l’orthodoxie de l’enseignement du dernier et plus grand Revificateur islamique que le monde ait connu à savoir le saint-maitre Seydina Limamou Lahi Mahdi (asws).

À la date du 13 octobre 1987 coïncidant au 19 safar, Baye Seydi Thiaw Lahi « Sangoup Jamono » quitta ce bas-monde dont il s’est détaché toute sa vie durant. Les fidèles Ahloulahi noyaient leur peine à la suite de ce triste événement en ces termes :

« Baay Seydi Thiaw Sangoup Jamaana matal na fekki Maam Limaamu…. »

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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