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BAYE SEYDI THIAW LAHI SUR LES 364 HA OFFERTS A L'ETAT DU SENEGAL Baye Seydi Thiaw LAHI
La paresse naturelle de l’homme et son addiction à la facilité ainsi que son penchant pour les activités ludiques et autres futilités le maintiennent dans l’ignorance et l’éloigne de l’érudition par la même occasion.
En effet, l’ignorance ou le défaut de connaissances est une entrave au développement intellectuel de l’homme et constitue aussi un frein à son développement personnel. Or, comme le souligne Ibn Al Qayyim dans « Miftâh dâr as sa’âdah » (1/182) :
« L’ignorance donne les pires fruits qui soient : la mécréance, les vices, le shirk (péché d’associationnisme), l’injustice, l’iniquité, l’agression, l’oppression, l’inquiétude, l’ingratitude, l’empressement, l’inconstance, la violence, l’abomination, l’obscénité, l’avidité, l’avarice ». À titre d’exemple, Allah dit le Coran :
« Et nous avons fait traverser la Mer aux Enfants d’Israël. Ils passèrent auprès d’un peuple attaché à ses idoles et dire : ô Moussa, désigne-nous une divinité semblable à leurs dieux. Il dit : Vous êtes certes des gens ignorants. » (Al A’raf, 138)
Dans un autre passage, Allah disait : « [Et rappelle-leur] Lot, quand il dit à son peuple : » vous livrez-vous à la turpitude (l’homosexualité) alors que vous voyez clair ? » Vous allez aux hommes au lieu de femmes pour assouvir vos désirs ? vous êtes plutôt un peuple ignorant » (Sourate Naml, 54 et 55).
Ce verset, montre facilement que c’est l’ignorance qui a poussé le peuple de Lot (as) à s’adonner à l’homosexualité considérée comme une turpitude par Allah. Et il convient de préciser qu’être traité d’ignorant est perçu comme étant la pire des insultes. C’est pourquoi quand après avoir transmis à son peuple l’ordre de la part du Seigneur d’immoler une vache et que les siens ne le prirent pas au sérieux, le prophète Moussa (as) déclara automatiquement comme réplique : « Qu’Allah me garde d’être du nombre des ignorants ». (Al baqara, 67)
Tout cela permet de dire en toute objectivité que l’ignorance constitue le plus grand ennemi de l’homme dans la mesure où, en plus de limiter ses facultés intellectuelles, elle le pousse à la rébellion, à la désobéissance et enfin à la transgression des lois du Seigneur. C’est sans doute pour cette raison que l’auteur Ibn Hazm (rta) soulignait dans son ouvrage intitulé « Al Akhlâq wa-l-siyar » que si l’ignorance n’avait pour défaut que le fait qu’elle conduit son auteur à envier les savants et à se réjouir des actes commis par ses semblables (les ignorants, comme lui), il serait une raison suffisante pour s’en éloigner. L’Imam Ahmad (rta) ira encore plus loin en soutenant ceci : « Les gens ont plus besoin de la science que de manger et boire. Car leur besoin de manger et boire se limite à une ou deux fois dans la journée, quant à la science, ils en ont besoin autant de fois qu’ils respirent » (Rapporté dans « Miftâh dâr as sa’âdah »). S’il en est ainsi, c’est parce que comme nous l’enseigne ce hadith rapporté par at-Tirmîdhî et Ibn Mâjah dans lequel Abi Hureyra (rta) a entendu le prophète (asws) dire : « La vie d’ici-bas est maudite avec tout ce qu’elle comporte, sauf l’évocation d’Allah et ce qui s’y rapporte ainsi que celui qui enseigne et celui qui apprend » (authentifié « hasan » par Al-Albani dans « Sahih at-targhib wa at-tarhib »).
Par ailleurs, l’ignorance est de trois ordres comme le soutient Al Raghib : « Ne pas avoir de connaissances. Croire en quelque chose qui est le contraire de la vérité. Accomplir un acte contraire à la vérité, que la personne sache ou non que son acte est correct ou pas ».
Dans la langue arabe, l’ignorance humaine est désignée par le terme « Jahl ». C’est d’ailleurs à partir de ce terme qu’est tiré le mot « jâhilîyya » qui correspond à l’époque antéislamique durant laquelle le peuple arabe a complètement rompu le pacte de servitude vis-à-vis d’Allah dont il s’est volontairement détourné par ignorance. Durant cette période païenne, l’oppression, l’injustice, l’orgueil et la fierté de faire valoir sa lignée à tout bout de champ étaient les maitres-mots qui rythmaient le quotidien des arabes. C’est pourquoi, le premier ordre que reçut notre messager de la part de son Seigneur par l’entremise de l’archange Djibril (as) au tout début de la révélation fut matérialisée par la phrase suivante : « Ikhra’ » (Lis au nom de ton Seigneur…) alors qu’il était un illettré. Cette phrase ne pouvait donc être qu’une injonction invitant le prophète arabe, le meilleur de la Création, à s’ouvrir au savoir dans une contrée où l’ignorance régissait les relations humaines. Oui ! L’Islam n’encourage pas l’ignorance ; au contraire il la rejette sous toutes ses formes. Aussi, une fois qu’Allah a suffisamment abreuvé son messager dans la science des prophètes et même dans d’autres domaines du savoir jamais enseigné à nul autre que lui (asws), le missionna-t-Il pour qu’il sortît son peuple de l’obscurité de la jâhiliyya et qu’il le menât enfin à la vérité : « yuhrijuhum minna zulumâti ilan nuur ». Seydina Mouhammad initia son peuple dans le tawhiid (la foi en l’unicité d’Allah) et lui enseigna les bonnes manières, la justice, l’équité, l’unité, la solidarité, le partage, l’humilité, la crainte révérencielle envers le Créateur et la façon de L’adorer convenablement entre autres valeurs. Le Coran disait à ce propos au verset 2 de la Sourate Al-Jumuah :
« C’est Lui (Allah) qui a envoyé à des gens sans Livre (les arabes) un Messager des leurs [Seydina Mouhammad] qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu’ils étaient auparavant dans un égarement évident, ».
L’expression « égarement évident » renvoie à l’ignorance dans laquelle baignait le peuple arabe.
Al Khalil ibn Ahmad Al-Farahidy (rta) nous enseignait que « les gens sont de quatre sortes : une personne qui sait et qui sait qu’elle sait : cette personne est un savant, donc, suivez-la. Une personne qui sait mais qui ne sait pas qu’elle sait : celle-ci est insouciante donc préviens-la. Une personne qui ne sait pas et qui sait qu’elle ne sait pas : elle est ignorante donc apprends-lui. Une personne qui ne sait pas et qui ignore qu’elle ne sait pas : elle est abrutie, faites-y attention ».
Malheureusement, c’est cette dernière catégorie qui prospère le plus à notre époque et surtout sous nos cieux. Pensant que les gens appartenant à cette catégorie sont plus savants que les autres, le reste de la communauté leur dresse une tribune tout volontiers et leur donne la parole à chaque fois que l’occasion se présente dans l’espoir de bénéficier de ce savoir pourtant hypothétique voire inexistant. Aujourd’hui, les véritables érudits sont relégués au second plan de notre société ; tandis que la parole et les oreilles sont prêtées à des prétentieux très bavards (personnes de la quatrième catégorie) qui investissent les médias sous l’œil complice des masses ignorantes. Voilà un fait qui constitue une hécatombe pour la communauté de Seydina Mouhammad (asws).
À côté de ces différentes catégories, il y a aussi celle rassemblant les érudits qui n’appliquent jamais la science qu’ils ont acquise et qui sont très prompts à adapter la vérité au gré de leurs intérêts. Ceux-là sont dans la même situation que ceux qui sont cités dans le Coran en ces termes : « Ceux qui ont été chargés de la Thora mais qui ne l’ont pas appliquée sont pareils à l’âne qui porte des livres. » (Vendredi, 5) Autrement dit, ils peuvent avoir mémorisé à la lettre l’enseignement religieux sans le comprendre sinon ils ne l’auraient pas délaissé au profit de leurs intérêts du moment. Ce phénomène a été favorisé par le fait que dans nos sociétés actuelles, la richesse, l’aisance et le prestige que procure la naissance (l’appartenance à une lignée dite supérieure) l’emportent toujours sur le savoir. Et donc cela se traduit par le fait que les « borom barké » (personnes aisées ou de grande naissance) sont préférées aux savants comme le résumait si bien El Hadji Mouhamadou Sakhir, un produit studieux de l’école du saint-maitre des Ahloulahi Seydina Limamou Lahi (asws), dans ces vers :
Di jiitël ku réér ngir daw meram mba te xemmem wërsëgam,
Jël ku xam muy féété ginnaaw ca « jaahil »» baa
[donner la priorité à un égaré de peur de représailles de sa part ou tout simplement parce qu’on espère quelque avantage de sa part, tout en reléguant l’érudit au second plan au profit de ignorant]
Di Màgal borom am-am ngireek wërsëgam wu yaa
Di suufeel boroom xamxam ngireek niakka koppar baa
[honorer une personne fortuné à cause de sa grande richesse, tout en rabaissant l’érudit eu égard à sa pauvreté]
Et l’imam poète de faire un cri du cœur :
Jilee jamaana yéés ci jamaana ku am xamxam
Te gis tiit na ngir mbooleem tëkuy Yàll miy Buur baa
[cette époque est la pire des époques ! Tout savant conscient de la situation est gagné par la crainte née de toutes les menaces brandies à l’occasion par le Créateur]
En définitive, les périls causés par l’ignorance donnent davantage au savoir sa grande importance et font de sa quête un devoir (fondamental) pour tout musulman (homme comme femme) selon le messager d’Allah. Toutefois, si le savoir acquis n’est pas appliqué à la lettre ou n’est pas encadré par la crainte d’Allah et la sagesse il peut inexorablement mener à la perte et au désordre.
Rabbi zidnî ilman bibarakati nabiyika Mouhamad (saws)
Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales.
Écrit par: soodaan3
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