CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°148 : Un besoin d’authentification de notre histoire et des pratiques religieuses

today27 septembre 2024 40 4

Arrière-plan
share close

Un besoin d’authentification de notre histoire et des pratiques religieuses

Le saint maitre Seydina Limamou Lahi (asws), fondateur de la communauté Ahloulahi, a quitté ce bas monde en 1909, après 26 ans de mission au cours de laquelle il aura laissé un héritage riche en enseignements à la postérité.

Aujourd’hui, quelques cent quinze ans après son rappel à Dieu, il serait pertinent de faire l’état des lieux de ce précieux héritage qu’il nous a légué et qui témoigne de son épique mission de Sauveur de la Fin des Temps. Or, en analysant les choses, force est de reconnaitre qu’il commence à y avoir quelques différences dans les pratiques rituelles et même en ce qui concerne l’histoire de la communauté Ahloulahi qui, aujourd’hui, connait de nouvelles versions venues d’on ne sait où. Toutefois, cela n’est pas nouveau dans la mesure où après la disparition du Seydina Mouhamad (asws), son héritage, sa sunna, a subi le choc de plusieurs interprétations diverses qui ont finalement conduit à la naissance des courants de pensées islamiques qui divergent sur plusieurs points importants de l’enseignement du messager d’Allah. Parmi ces écoles de pensées ou « madhâhib » les plus connues sont les écoles malikites, hanbalites, shaféites et hanafites.

En ce qui concerne notre communauté, à titre d’exemple, rien que pour la petite ablution il y a plusieurs versions qui contrastent avec la version adoptée par les différents Khalifs ; les moukhaddams et les dignitaires. Seydina Issa Rohoulahi (as), le premier Khalif, avait en son temps avait créé un groupe chargé de superviser les fidèles pendant qu’ils faisaient leurs ablutions avant prière et même de scruter la manière dont ils accomplissaient les actes au cours de la prière. Ils avaient alors pour rôle de leur apprendre les pratiques rituelles et cultuelles, les aider à corriger les erreurs et à s’améliorer. Ils n’hésitaient pas à sévir sur ceux qui continuaient à répéter les mêmes erreurs après maintes corrections. D’ailleurs, le Cheikh Abdoulaye Sylla ibn Thierno Mbaye Sylla, célèbre écrivain de la communauté, était parmi ce groupe comme il l’a si bien souligné. Le premier Khalif ne manquait pas de faire des sortes de contrôles surprises.

En effet, plusieurs fois des personnes sont venues le saluer et il leur a demander de lui montrer comment faire la petite ou la grande ablution et quelque autre pratique religieuse que ce soit. Et gars à celui ou celle qui ne le faisait pas correctement. Du temps de Seydina Mandione avec la création des dahiras, ces derniers ont servi de cadre pour enseigner aux membres les différentes pratiques rituelles telles l’avait recommandé le saint-maitre. Serigne Modou Mboup en avait profité pour même publier un ouvrage qui rassemblait la version authentique de chacune de ces pratiques] qu’il avait recueillie auprès des fils de Seydina Limamou Seydina Issa, Seydina Mandione, Seydina Ababacar Lahi).

Seydina Ababacar Lahi a plusieurs fois dirigé les prières obligatoires à la mosquée de Yoff pour veiller au respect de l’enseignement de son père. Un jour qu’il dirigeait la prière à la mosquée de Yoff Layène et que le « naahib » (personne chargée de répéter les propos de l’Imam au cours de la prière), a prononcé « rabbanâ wa lakal hamdou » (Notre maitre, le digne de louange), Mame Babacar Lahi avait à la fin de l’office demandé qui lui avait servi de « naahib ». La personne en question, un visiteur de passage à Yoff, avait décliné son identité et Mame Babacar lui a clairement précisé : « Mon père nous recommande de dire plutôt « Allâhumma rabbanâ wa lakal hamdou, pour préciser clairement que ce Maitre digne de la louange n’est nul autre que Allah ». Il est donc clair que les fils de Seydina Limamou qui ont été initiés par leur illustre père aux pratiques religieuses ont tous veillé à ce que sa sunna ne soit ni diluée ni délaissée. Concernant maintenant l’histoire de notre communauté, il y a aussi de nouvelles versions qui commencent à être introduites par des gens dont on ignore leurs véritables motivations.

A ce propos, le fait prodigieux accompli par Seydina Limamou Lahi en faisant reculer l’Océan Atlantique à Yoff, connait plusieurs versions de nos jours dans la mesure ou chaque narrateur veut montrer qu’il a à sa disposition des éléments exclusif. Pourtant, la version authentique a été plusieurs fois racontée par Alassane Diop frère de Mame Babacar Diop premier Imam de la grande mosquée de Yoff). Et Seydina Limamou Lahi n’a jamais eu besoin qu’on ajoute quoi que ce soit à son histoire ou à ses miracles dans le but de les embellir davantage. En effet, toute sa vie durant, il a réalisé des faits prodigieux qu’aucun être avant lui n’avait pu accomplir en plusieurs millénaires. Ne disait-il pas au retour de la dernière prière de Korité qu’il présida de sa vie : « Avez-vous entendu parler d’un miracle réalisé par le prophète Mouhamad autrefois et que je n’ai pas fait moi-même au cours de cette seconde mission ? ». Tout le monde s’était tu dans la mesure ou Seydina Limamou Lahi avait déjà réalisé toutes sorte de miracles de sa naissance à ce jour-là les uns encore plus extraordinaires que tout ce que les prophètes anciens avaient eu à montrer comme preuve de leur statut d’envoyés de Dieu.

Il s’y ajoute aussi que quand il a été question de réécrire l’histoire du Sénégal dans le cadre du projet éponyme initié par l’État, feu le professeur Iba Der Thiam avait fait étal de maladresses qui avaient conduit nombre d’entre nous à les prendre comme un mépris voire une attaque à dessein contre la communauté Ahloulahi. Il s’était arrogé le droit illégitime d’écrire sur Seydina Limamou Lahi qu’il ignore à tout point de vue sans avoir l’honnêteté intellectuelle d’aller à la source pour se renseigner sur lui, préférant se baser sur des faits contraires à la croyance Layène. Cela avait heurter la sensibilité de tous les Layènes et avait même fini par entrainer une vague de contestations de toutes parts même venant des autres communautés religieuses du pays. Nous avions alors pris notre plume exclusivement soumise « au service du Mahdi » pour dénoncer, à travers un article publié dans la presse, son acte qui ne respectait ni la déontologie, ni la démarche scientifique encore moins le but unificateur du projet. Il était l’ancien camarade de promotion de feu notre père, qu’il connaissait bien et respectait pour plusieurs raisons que nous n’avons point besoin d’évoquer ici. Puisse Allah lui accorder Son pardon.

Tout ceci pour vous dire qu’il est temps pour la communauté de renforcer son comité scientifique en lui allouant un budget annuel conséquent ; cela permettrait de favoriser la recherche sur la question du Mahdi, d’assurer la formation des imams, des prédicateurs surtout pour préparer la relève. Cela permettrait aussi de faire de ses membres des employés à temps plein au service exclusif de la Communauté Ahloulahi. A partir de là, la mission de ce comité scientifique sera d’abord d’aller rassembler toutes les archives concernant Seydina Limamou Lahi, ses Khalifs, ses disciples et sa communauté aux Archives Nationales du Sénégal tout comme à l’INA et à Nantes.

D’ailleurs, tout récemment, un frère condisciple membre de l’amical des étudiants et élèves Layènes m’a informé qu’un sénégalais résidant en France lui a dit avoir vu aux Archives un journal de l’époque publiant la photo miraculeuse que les colons avaient tenté en vain de prendre pour immortaliser l’image de Seydina Limamou. Sur la photo l’image de Seydina Limamou n’y apparait pas car laissant un grand vide mais à côté il y avait celle de son fidèle et premier disciple Momar Bineta Samba. Une archive aussi précieuse qui étaye la croyance layène suivant laquelle nul n’a pu capturer l’image du saint maitre sur une plaque photographique. Seydina Issa Rohoulahi a été le seul guide religieux de ce pays aux cotés de Bouna Alboury Ndiaye représentant la chefferie coutumière) à prendre part à l’Exposition Coloniale de 1931 en France.

Il avait rencontré plusieurs têtes couronnées d’Europe y compris une héritière de la couronne d’Angleterre qui avait montré beaucoup d’intérêt pour le premier Khalif et le mode de vie des Ahloulahi. La deuxième mission du comité scientifique serait de faire une étude commentée de tous les ouvrages publiés par les auteurs de notre communauté à la place de les corriger. Cela permettrait par exemple de mieux ressortir les nombreux efforts du Cheikh Abdoulaye Sylla qui a préservé l’enseignement du saint maitre, et les mérites de Al Ghârikhou qui a sauvé l’histoire de notre communauté de tout ajout ou corruption.

Une fois que tout cela sera fait, le comité scientifique devra mettre en place un comité ad-hoc chargé de rédiger la version officielle de l’histoire de notre communauté. Les membres pourraient être les frères du Khalif, les témoins oculaires d’une partie de l’histoire ou leurs descendants, des historiens etc. Une fois que le document sera rédigé et corrigé par qui de droit, il pourra porter la mention version officiellement reconnue par la Communauté Ahloulahi et co-signé par le Khalif Général, ses frères, le représentant des Mouhadam, les présidents respectifs du Comité scientifique et du comité ad-hoc.

A partir de là toute autre version ne figurant pas dans l’ouvrage n’engagera en rien et ne concernera pas la communauté Ahloulahi. Suivant le même principe un autre comité pourrait être mis en place pour produire un livre donnant la version authentique des différentes pratiques cultuelles et rituelles de la communauté telles qu’enseignées par Seydina Limamou Lahi et ses successeurs et moukhadam.

Enfin, le comité scientifique se chargerait d’apporter une réplique référencée à cette bande d’ignorants et de pseudo-oustaz qui entrent en effervescence à chaque période de célébration de l’Appel pour jeter leur venin sur la communauté pacifique des Ahloulahi et sur son fondateur. En effet, à chaque fois qu’on les voit attaquer le saint-maitre on peut noter clairement qu’ils ne connaissent rien de lui à part les « on a dit que » ; ils ne prennent même pas la peine de l’étudier avant d’oser hasardeusement de parler de lui.

C’est le lieu de faire un vibrant hommage au regretté professeur-moukhaddam Assane Sylla qui a été pendant plusieurs décennies, celui qui prenait toujours sa plume pour produire des articles publiés au journal Le Soleil à l’effet de défendre Seydina Limamou Lahi et sa communauté face aux nombreuses et récurrentes attaques dont ils ont fait l’objet de la part d’intellectuels de toutes parts. Ces articles qu’il a servi à cette bande d’opposants des temps modernes ont été rassemblés dans son ouvrage intitulé « Soleil de l’Occident ».

Puisse Allah l’élever encore et encore en grade auprès des rapproché d’Allah. Nous saluons aussi les efforts fournis par son éminence, notre bien-aimé Khalif Seydina Mouhamdou Makhtar Lahi ibn Seydina Mandione qui a déjà anticipé sur tout cela en mettant des commissions à cet effet. Qu’Allah lui prête une longue vie dans la santé et la prospérité.

Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

Rate it

Commentaires d’articles (0)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires


0%
Restez informé des nouvelles publications en activant les notifications...! OK Non