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NECROLOGIE : Le monde de la littérature en deuil

today1 décembre 2024 414 8 1

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Le monde de la littérature en deuil

Une plume s’est cassée, une voix s’est tue, un baobab s’est effondré avec la disparition de Alioune Badara Bèye. L’homme qui, pendant longtemps a présidé les destinées de l’Association des Ecrivains Sénégalais et qui a eu tous les lauriers par la qualité de ses œuvres mais aussi par sa persévérance pour avoir excellé dans tous les genres majeurs : roman, poésie, théâtre, nouvelle et j’en passe. L’un des rares écrivains à publier dans tous les genres majeurs.

Homme très généreux, ouvert et cultivé, il a su montrer la voie à la jeune génération comme aux moins jeunes qu’il a encadrés dans leur travail. Né en 1945 à Saint Louis, il est passé de « l’uniforme à la plume » pour reprendre un titre de son ouvrage en publiant Dialawali terre de feu, Le Sacre du Ceedo, Nder en flamme, Demain, la fin du monde, Chants pour Cherif …autant d’œuvres qui méritent d’être célébrées.

En fait Bèye était l’incarnation de valeurs positives et il pouvait rester à discuter des heures de Senghor, de Diouf, de Wade, de Macky pour les avoir côtoyés et connus. C’était un puits de connaissances.

Dans la postface qu’il m’avait demandé de rédiger à propos de son recueil de poèmes Chants pour Cherif, j’avais fait ce commentaire : « Il faut reconnaître que parler de ce dernier et de son œuvre n’est pas du tout une tâche aisée car l’homme est multidimensionnel. Il est unanimement reconnu qu’il est d’une plume très relevée et riche : il cultive l’art de la perfection. C’est pour cette raison que nous nous réjouissons de l’occasion qui nous est offerte de pouvoir témoigner, éplucher les contours d’une poésie rare, étoffée d’images et de musicalité mais aussi d’une douceur remarquable. C’est ce qui explique pourquoi, dans ce recueil, il nous livre une poésie empreinte d’amour, d’une tonalité duveteuse et élégiaque sans occulter le spirituel qui en est la toile de fond »

Cependant tous ceux qui le connaissent comprennent qu’il était d’une famille de Garmi qui s’étend des rives du fleuve au Walo au ressac des vagues de la mer de la presqu’île du Cap-Vert avec ses 12 « Pencs ». Ce sont ces dignes représentants qu’il évoque dans « Le guélewar prince du ferlo »

Ils étaient tous là

El hadj Daouda Bèye,

Alassane Bèye,

Ramatoulaye bèye,

Mame Ndella Bèye,

Ndèye Anta Bèye…

Donc c’est à juste titre qu’’il réclame une parenté avec son ancêtre Seydina Limamou Lahi Al Mahdi Mountazar (PSL): « L’hommage à l’Imam Seydina Limamou Lahi Al Mahdi Mountazar ainsi qu’à son fils s’inscrit dans cette dynamique d’attachement à la famille du Mahdi et à son combat pour le rayonnement de l’homme noir »

Il chante ainsi Seydina Limamou :

Tu étais hier

Tu es aujourd’hui

Tu étais hier l’écume blanche

Dévoilant les embouchures béantes de l’Arabie Saoudite

Tu es aujourd’hui la férule bleuâtre

Installée dans l’onde cristalline

De Yoff la merveilleuse

(Hymne à Mame Seydina Limamou Lahi Tu étais hier-Tu es aujourd’hui Al Mahdi Mountazar)

Et pour confirmer cette mission prophétique, il ajoute plus loin :

Tu es aujourd’hui

Dans l’asphalte des signes de l’aurore

Répondant à l’appel du Tout Puissant

Allah l’Eternel, le Tout Puissant « Adjibo Daya Lahi » L’envoyé du Compatissant Allah

Mais Bèye a chanté son oncle Chérif Ousseynou Laye celui qui trônait sur les hommes par son élégance morale et physique, une forte personnalité :

A toi Prince Logor

A la beauté pure comme la jeune tige du Filao migrateur

Dominant l’asphalte des regrets fixés dans l’onde

Cristalline de l’aurore infidèle (…)

Le logor au radieux visage, fascinant comme la prunelle de l’antilopeAu sourire splendide comme un éclairci de cumulus …

Cherif Ousseynou a marqué les esprits du monde entier par son style inimitable. La douleur inconsolable du poète se perçoit dans ce poème car sa disparition a plongé le monde dans le désarroi :

Adieu oncle

Adieu Frère

Adieu Maître Adieu, soleil de tous les jours, étoile de toutes les nuits.

Repose en paix, Prince aux reflets éternels

Et reçois en ce jour de pensées

De prières et de souvenirs tutélaires

Donc une poésie riche en couleurs, très digestif et sobre.

Voilà une partie de l’œuvre de l’homme qui s’en est allé emportant avec lui son savoir. L’un des derniers mohicans. Nous présentons nos condoléances à toute la famille de la culture, au Directeur du livre et de la lecture, à tous les écrivains mais surtout à la communauté Ahlou Lahi.

Baytir KA
Président de l’Association des Professeurs de français d’Afrique et De l’Océan Indien

Écrit par: soodaan3

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