INTERVIEW

MAME MALICK MBAYE : Le chant, un don

today31 octobre 2021 63

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MAME MALICK MBAYE : Le chant, un don

Mame Malick Mbaye est une grande figure de la Communauté Ahlu Lahi. Ses chansons Nguiroum diinéKu bagne Libaas et Ku doon laadji ku amé diiné rythment souvent les chants religieux. Il a rencontré pour la première fois Seydina Limamou (PSL) bien avant l’Appel et a accueilli Seydina Issa Rouhou Lahi (PSL) à son retour de Ngakham. Il a vécu 105 ans. Il repose à Cambérène. Son petit-fils Baye Mbaye Lahi nous parle de lui.

C’est en 1852 qu’est né Mame Malick Mbaye à Thiokho Gouye Beune à Rufisque. Son père Thiappa Mbaye étant décédé alors qu’il était en bas âge, sa maman retourne chez ses parents à Bargny. C’est dans cette localité que son éducation commence avant qu’il ne fasse ses armes coraniques à Taïba. Un jour, parti avec ses condisciples en brousse chercher du fagot, Malick Mbaye ramasse en même temps une balle de pistolet. Le soir, au moment où il apprend le coran, il jette la balle sur le feu de bois autour duquel ses condisciples et lui étaient assis. L’explosion lui brûle le visage. Ayant perdu l’usage de ses yeux, le maître coranique le remet à ses parents.

Mais Mame Malick Mbaye avait une belle voix et excellait dans les chansons populaires appelés taxuraan. A l’époque, il remportait tous les concours organisés aussi bien à Bargny qu’au niveau des localités environnantes. Un jour, quelqu’un vint dire à sa maman que s’il n’arrêtait pas de participer à ces concours, un serpent le mordrait et il en perdrait la vie après avoir perdu la vue. Sa maman fit les sacrifices nécessaires. L’inévitable arriva quelques temps plus tard. Alors qu’il était en pleine séance de taxuraan, un serpent le mordit. Il tomba raide par terre. Comme mort. Mais, par la grâce divine, il se releva quelques minutes après. Comme par miracle, il acquit à cette occasion une science pouvant guérir des morsures de serpent.

Mame Mali Mbaye 2.jpg (125 KB)

Sa vie continua ainsi ponctuée par les travaux champêtres auxquels il s’adonnait. Durant ces travaux, il chantait avec en chœur ses amis qui l’accompagnaient. Un jour, ils embarquèrent du sel à dos d’ânes et de chevaux de Bargny pour le livrer à Yoff. Ils terminèrent tardivement leur mission. Voulant éviter toute rencontre inadéquate (djinns, animaux sauvages) lors du retour, ils décidèrent de passer la nuit à Yoff.

On leur donna une chambre avec un seul lit. Comme ils étaient nombreux, malgré le fait qu’ils se couchèrent de manière perpendiculaire, il n’y eut pas de place pour Mame Malick Mbaye. Ne pouvant se coucher, et partant, dormir, il alla s’asseoir devant la concession.

Au beau milieu de la nuit, il entendit une voix, venir du ciel, déchirer le calme nocturne par ces mots : «Ndjinoo, ndjinoum Yalla ba djibna», non loin de lui, une autre voix reprit en chœur les mêmes mots : «Ndjinoo, ndjinoum Yalla ba djibna». C’était la voix d’un homme qui venait vers lui tout en continuant de dire : «Ndjinoo, ndjinoum Yalla ba djibna». L’homme qui n’est personne d’autre que Limamou Thiaw s’approcha de Mame Malick. Avec un fort accent lébou, il lui demanda qui il était ? «C’est moi», répondit Mame Malick. «Comment tu t’appelles ? Malick Mbaye. Que fais-tu ici ? Rien. Tu as vu et entendu le Ndjinoum Yalla ? Oui. Alors vas dormir !».

Mame Malick rentra dans la concession, faisant semblant d’aller se coucher. Dès qu’il sentit que Limamou Thiaw était parti, il ressortit pour reprendre sa position. Quelques minutes après, Limamou Thiaw repassa comme s’il retournait d’où il venait. Arrivé devant Mame Malick, il lui demanda : «Ce n’est pas Malick ? Oui, c’est moi. Je ne t’avais pas demandé d’aller te coucher ?» Mame Malick lui expliqua les raisons qui l’ont amené à sortir. Ils entrèrent ensemble dans la concession, puis dans la case. Limamou l’aida à trouver de la place sur le lit étroit mais qui désormais s’avéra vaste.

Mais Mame Malick ne put dormir cette nuit à cause de ce qu’il a vu et vécu. Il était même sûr et certain que s’il le racontait à ses compagnons, ils ne le croiraient pas du tout.

Le lendemain, ils rentrèrent sur Bargny. Mame Malick garda le secret de ce qu’il a vécu à Yoff. La vie continua ainsi avec son traintrain quotidien jusqu’à ce que Seydina Limamou Lahi (PSL) lança l’Appel aux hommes et aux djinns à Yoff. Après quelques investigations, il comprit que c’est le fameux «Ndjinoo, ndjinoum Yalla ba djibna» qu’il avait entendu qui venait de retentir. Mame Malick se prépara pour partir pour Yoff. Ses parents tentèrent de l’en dissuader. En vain ! Pour lui, c’était non pas une demande d’autorisation qu’il voulait mais qu’il les informait seulement de son départ. Sa famille lui dit alors : «Saches que Limamou que tu vas retrouver est ton parent».

Il arriva enfin à Yoff, entra chez Seydina Limamou (PSL), salua avec un retentissant «Assalamou Aleykoum !» L’Imam al-Mahdi (PSL) répondit : «Waaleykoum Salam ! Qui est-ce ? Malick ? Oui», répondit-il. «Malick, ceux qui t’ont dit que je suis ton parent ne t’ont pas trompé. Ils ont raison». C’est donc, ce jour-là qu’il a reçu le wird des mains de «Issa mou ndaw». Et c’est également ce jour-là qu’il est devenu Moukhaddam. Seydina Issa, qui avait neuf ans de moins que Mame Malick, était à l’époque très jeune mais il avait le pouvoir de décerner le titre de Moukhaddam.

Sélou Laye BA
D’après un entretien avec Baye Mbaye Lahi,
petit-fils de Mame Malick Mbaye

Écrit par: soodaan3

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