La célébration du Maouloud est une occasion pour la Oumma islamique de se souvenir de l’être exceptionnel en tout point que fut le meilleur de la création Seydina Mouhamad (asws). C’est pourquoi les familles religieuses du pays, Tidjanes (Tivaouane, Médina Baye, Léona Niassène, Thianaba, etc.), Mourides et Khadres ne ménagent aucun effort pour la réussite totale de la commémoration de cette illustre naissance qui a permis au monde musulman de sortir de l’ignorance et d’entrer dans la lumière de la foi en un seul Dieu Unique et Miséricordieux.
La communauté Ahloulahi aussi n’est pas en reste pour prendre part à une telle célébration.
En effet, le fondateur de notre communauté, Seydina Limamou Lahi (asws) – comme nous le savons tous – a déclaré «manna démbeu, manna tay» autrement dit «j’étais Mouhamad hier [dans une première mission], je suis [encore] Limamoul Mahdi aujourd’hui [dans une seconde mission]. Et cela reste suffisant à nos yeux pour légitimer nos efforts pour célébrer la naissance de Seydina Mouhamad. Pourtant, ni le saint-maître Seydina Limamou Lahi, ni son fils aîné et premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi n’ont célébré le «Gamou» de leur vivant.
Concernant, Seydina Limamou Lahi (asws), l’on rapporte que c’est à son retour d’exil en 1887, où il avait choisi de rester près d’un an chez son disciple Thierno Ababacar «Mbaye Sylla» à la Rue Blanchot qu’il fut informé de la célébration du Gamou marquant la naissance de Seydina Mouhamad. En effet, un soir du mois de Rabiul Awwal (gamou), dans la nuit du 11 au 12 précisément, Seydina Limamou (psl) entendit des gens chanter en chœur les élogieux vers du «Bourda» et du «Hamzia» du Cheikh Bousseyri dans une ferveur religieuse assez envoutante. Aussi demanda-t-il à l’assistance ce que c’était. À préciser qu’il (asws) n’ignorait aucunement la réponse, lui qui était informé de tout, mais voulait montrer ou annoncer quelque chose. On lui répondit que c’était des «toucouleurs guet-ndar-guet-ndar» qui célébraient l’anniversaire de la naissance de Seydina Mouhamad (psl). Alors Seydina Limamou Lahi déclara ceci :
«Halaas laay! Faanané way nite goudi ba beute-sette té hamoo ni mougui sa wète doyna waar. Thieuy kalèène wakhone ni Mane Limamou Lahi (Ilimani Yalla ji) maala Mouhamadou Rassoulou Lahi…».
Autrement dit, «Hélas passer toute une nuit à chanter les louanges de quelqu’un tout en ignorant qu’il est tout près… Si seulement ils savaient que Moi, Limamou Lahi, je suis Mouhamadou Rassoulou Lahi…»
Il convient de souligner que c’est au cours de ce séjour chez Thierno Ababacar Sylla que ce dernier donna sa fille Aminata Sylla dite « Toute Sylla » en mariage à Seydina Limamou Lahi (asws). De cette union naquirent Seydina Ababacar Lahi et Sokhna Oumy Thiaw Lahi (la cadette des enfants du saint-maître). Plus tard, sous le califat de Seydina Mandione Lahi (deuxième Khalif), son jeune frère Seydina Ababacar organisa pour la première fois de l’histoire de la Communauté Ahloulahi, la célébration du Gamou. Ce fut dans sa cour à Yoff (Eutou Thiaween). En visionnaire averti, Seydina Ababacar que tous surnommaient « Bâbul Ulûm » (la Porte du Savoir), profitait de cette occasion pour tester les connaissances des jeunes intellectuels de la communauté à l’époque. C’est pourquoi aussi bien Serigne Ablaye qu’Imam Mouhamadou Sakhir Gaye et Baye Libasse Sall ont animé tour à tour la nuit du Gamou sous l’œil avisé de Seydina Ababacar. Content de leurs prestations respectives, Seydina Ababacar les avait bénis et encouragés dans leur mission de défenseurs de la communauté et de l’orthodoxie Ahloulahi. Baye Libasse Sall nous a informé que c’est d’ailleurs qu’après avoir assuré l’animation du Gamou que Seydina Ababacar l’avait informé que les meilleurs parmi les élus étaient au nombre de cinq et que lui Ababacar Lahi en faisait partie.
Plus tard, en accord avec Seydina Mandione Lahi, le gamou a quitté la cour de Seydina Ababacar pour être célébré dans un espace plus grand à savoir le préau de Yoff Layène pour accueillir tous les fidèles de la communauté venus d’horizons divers. Et l’éminent prédicateur Serigne Ablaye Thiaw Ibn Seydina Issa Rohoulahi (asws), porte-parole de la famille, fut choisi pour l’animer. Et ce fut une parfaite réussite. S’il en est ainsi, c’est parce que Serigne Ablaye avait une façon bien singulière pour animer le Gamou à Yoff. On le sentait prendre un réel plaisir à nous raconter les péripéties emblématiques de la naissance du sauveur Seydina Mouhamad (psl) dans les contrées désertes de l’Arabie païenne avec tous les miracles qui se sont déroulés en cette nuit. Il nous rappelait par exemple que lorsque Mame Amina portait en son sein Seydina Mouhamad, à chaque mois au cours de la grossesse elle recevait la visite des prophètes dont Adam (as), Chith (as), Ibrahim (as), Ismail (as), Moussa (as), Insa (as) qui lui annonçait la bonne nouvelle de la naissance d’Al Moustapha (l’élu). Et même les 9 femmes vertueuses du Paradis parmi lesquelles Maryam (mère de Insa), Assia (épouse du pharaon ayant vécu du temps du prophète Moussa) sont venues la féliciter.
Au cours de son exposé, Serigne Ablaye revisitait le riche répertoire poétique des auteurs ayant chanté la gloire du meilleur de la création. À ce propos, le précieux «Khilâçu Zahab» de Cheikh Sidi Al Hadj Malick Sy (rta), les merveilleux «Jazbul Hulûb» et «Mawâhibu» du Serviteur du Prophète Cheikh Ahmadou Bamba agrémentaient la causerie sur la vie et l’œuvre de Seydina Mouhamad (asws). Serigne Ablaye profitait de l’occasion pour parler de l’œuvre et l’histoire de ces saints dont la gloire et le grade reposent sur leur dévouement à chanter et à louer le Sauveur de l’Humanité. Ensuite Serigne Ablaye marquait une pause pour laisser le soin à ses troupes, ses soldats, ces hommes et femmes de la fédération des dahiras Layènes de jouer leur partition en déclamant à l’unisson la formule de l’unicité divine «Lâ ilâha illâ Allah» au rythme des claquements de doigts (diaayou) des fidèles partisans d’Allah. Puis une fois que le nom d’Allah avait rempli le cœur de tous les fidèles avec à leur tête le Khalif des Ahloulahi, les troupes du Général «aux 50 étoiles» – symbolisant ses 50 ans de mission à la tête des dahiras – enchainaient avec des paroles dithyrambiques en l’honneur du Saint-maître Seydina Limamou Lahi Al Mahdi Al Mountazar (psl). Enfin, une fois bien revigoré, Serigne Ablaye reprenait la parole pour cette fois-ci tenter avec brio de faire l’analogie entre les «deux naissances» de l’élu Al Moustapha : sa première naissance chez les arabes en tant que Mouhamad ibn Abdoulaye et son autre naissance dans une seconde mission chez les lébous en tant que Limamou Lahi ibn Al Hassane. Il puisait alors dans le répertoire poétique des Ahloulahi en passant par la biographie emblématique du saint-maitre (asws) «Bushral Muhibbîna wa tayhîzul jâhilîn » du Cheikh Makhtar Lo (rta), ensuite les riches ouvrages «Izalul Jahl», «Husnul Jawâb », «Sifatu Rassul», «Kitâbul Ussûl» du Cheikh Abdoulaye Sylla (rta), sans oublier le délicieux et célèbre «Dîwân» de Serigne Modou Mboup. Et à ce niveau l’auditoire pouvait atteindre la transe tellement Serigne Ablaye savait bien manier les mots.
Son éloquence aidant, l’on pouvait se sentir comme si on était présent au moment où tout ce qu’il racontait sur la vie du saint-maître se déroulait à Yoff il y a plus d’un siècle (pourtant). La poésie wolof en l’honneur du saint-maître était aussi à l’honneur. Les écrits de Baye Malick Mbaye, Libasse Niang, El Hadji Mouhamadou Sakhir, Mouhamadou Lahi Ndir, etc. gardaient les fidèles éveillés pendant cette deuxième partie. Quand Serigne Ablaye décida plus tard de laisser la place à ses jeunes frères, le cultivé Chérif Ousseynou Lahi ibn Seydina Issa Rohoulahi (as) assura avec brio la relève en suivant le modèle de son aîné mais en y apportant une touche personnelle. Il prenait le temps d’aborder des questions avant-gardistes telles que l’avènement d’Internet et du commerce en ligne, le développement des réseaux sociaux etc. Aujourd’hui, la tâche d’animer le gamou de Yoff incombe au fin orateur Seydi Mouhamadou Lamine ibn Seydina Ababacar Lahi qui, lui aussi, a ajouté une touche toute particulière.
Alors quoi de plus réjouissant que de passer la nuit du Gamou à Yoff Layène à côté de la meilleure des créatures ?
Pour la récente édition 2021, première célébration du Gamou sous l’ère du Khalif bien-guidé de Seydina Mouhamadou Makhtar Lahi ibn Seydina Mandione Lahi, nous félicitons toute la communauté Ahloulahi pour la réussite enregistrée.
Que paix, salut et bénédiction soient éternellement renouvelés sur notre maître Seydina Limamou Lahi Al Moukhtar wa Seydil Anlamin (asws).
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