CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°45 : Notre rendez-vous avec l’Histoire

today10 septembre 2021 9

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NOTRE RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE

Les grands rendez-vous avec l’histoire ont permis au monde de reconnaître la vraie valeur des grands hommes. À ce propos, Seydina Mandione avait déjà montré la voie en 1909, à la disparition de son père « Yaakaari Jaam Ñi » Seydina Limamou Lahi (asws). Il avait préféré oublier sa propre personne en décidant de garder le corps du saint-maitre pendant 3 jours, jusqu’à l’arrivée de son frère aîné Seydina Issa Rohoulahi (as) à qui il voulait faire l’honneur de présider la prière mortuaire de leur vénéré père. Il aurait pu tout simplement diriger la prière mortuaire de son illustre père et accueillir plus tard son frère aîné. Car, à une époque où, il n’existait aucune morgue pour garder les corps des défunts, il n’était pas imaginable de laisser un cadavre à l’air libre pendant 3 jours.

Mais non ! Cet honneur de présider la prière mortuaire de l’Imam Al Mahdi (asws) revenait à son frère ainé, avait-il décidé. Il n’hésita pas à être la première personne à s’agenouiller devant son frère aîné en le nommant pour la première fois SEYDINA Issa (as).

Par ces actes forts de sens, Seydina Mandione Lahi, dans sa grande sagesse malgré son jeune âge (27 ans) avait réglé définitivement le problème du califat et rétabli la hiérarchie du « rakka toppa makk, dom toppa baay » au sein des Ahloulahi. Seydina Issa Rohoulahi (as), de son côté, a marqué l’histoire plusieurs fois. À titre d’exemple, le premier discours qu’il prononça en accédant au califat, à l’âge prématuré de 33 ans, révéla au monde qu’il était bien l’héritier de son illustre père :

« Que celui qui croit en Dieu et en son Envoyé se mette à servir Dieu et purifie son culte de façon à ne rien associer à Dieu. Quant à celui qui ne pratiquait la religion que parce qu’il voyait mon père Limamou Laye, il ne lui reste plus qu’à abandonner son culte car Limamou Laye est parti comme sont partis ceux qui l’avaient devancé. »

À son tour, quand Seydina Mandione accéda au califat en 1949, après avoir été pendant plus de quarante sous l’ombre et au service de son frère aîné Seydina Issa Rohoulahi (as) dont il fut le premier disciple dévoué, son cadet Seydina Ababacar marqua son rendez-vous avec l’histoire. Il s’installa pendant plus de 6 mois à Cambérène pour assister Seydina Mandione dans sa nouvelle mission à la tête des Ahloulahi. Après chaque prière qu’il dirigeait à la mosquée de Cambérène, Seydina Babacar prenait le temps de sensibiliser les fidèles sur la dimension spirituelle du nouveau Khalif qui, toute sa vie durant, avait préféré s’éloigner des honneurs dus à son rang de fils du meilleur des hommes en restant dans son silence avec une humilité exceptionnelle. Mame Mbaye répétait souvent alors :

« Nous savons que Seydina Issa Rohoulahi fut un lion mais notre père nous avait donné la formule pour le dompter. Toutefois, notre père a omis de nous donner la formule pour ce lion-ci (Seydina Mandione). » Et donc Mame Babacar Lahi prévenait ses contemporains sur les dangers qui guettaient toute personne qui irait à l’encontre de la volonté de Seydina Mandione Lahi. À ce propos El Hadji Sakhir confirmait :

Am ngaañ ci baatin ba mel ni gàr [lion] te kaw ga lewet

Ba melni am xar, Manjoon yaa nu laxxu ba dem

Or, à leur suite, voici trois autres grands hommes qui n’ont pas non plus raté leur grand rendez-vous avec l’histoire pour avoir marqué à jamais, à bien des égards et de manière glorieuse la « taarix » des Ahloulahi.

Le plus âgé d’entre eux (en arrière-plan sur la photo) est El Hadji Seydina Issa Lahi communément appelé Baye Seydi Thiaw Lahi « Sangoup Jamono » fils aîné de Seydina Mandione Lahi fils de Seydina Limamou Lahi (asws). Ensuite vient son jeune frère de même père à savoir Seydina Mame Alassane Lahi (à droite en premier plan sur la photo) appelé affectueusement « Mame Rane ». Enfin vient leur cadet Seydina El Hadji Abdoulaye Thiaw Lahi (à gauche au premier plan) que d’aucuns appellent « Serigne Ablaye » et qui est le fils de leur oncle Seydina Issa Rohoulahi (asws) fils-ainé du saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws). Baye Seydi Thiaw est né en 1914 tandis que Serigne Ablaye est né en 1926. Malgré la différence d’âge entre ces trois, ils ont pu nouer une solide amitié tripartite entre eux. Depuis leur jeunesse, ils furent de fidèles compagnons toute leur vie. Pour mieux illustrer l’entente entre ces trois descendants du meilleur des hommes, il convient de souligner que le fils ainé d’El Hadji Seydina Issa Lahi portait le prénom d’Abdoulaye Thiaw, ceux de Mame Alassane et de Serigne Ablaye portent celui de Seydina Issa Lahi. Si cela a été possible, c’est parce qu’ils ont grandi ensemble sous la houlette des fils et filles du saint-maitre à savoir Seydina Issa Rohoulahi (as), Seydina Mandione Lahi (as), Seydina Babacar Lahi (as), Sokhna Aitassène Thiaw Lahi, Sokhna Oumy Lahi etc. entre les résidences du Khalif à Yoff, Cambérène et Tilène.

Mais leur point commun c’est Seydina Mandione Lahi à qui Seydina Issa Rohoulahi (asws) avait confié le plus âgé de ses fils vivants à savoir Serigne Ablaye. Quand Seydina Mandione accéda au califat en 1949 et qu’il décida plus tard de nommer leur jeune frère Serigne Ablaye, porte-parole de la communauté, aussi bien Baye Seydi Thiaw que Seydina Mame Alassane approuvèrent avec beaucoup de bonheur cette sage décision. Mieux, ils s’effacèrent au maximum pour ne gêner ni leur jeune frère ni ses relations avec leur père Seydina Mandione Lahi.

Plus tard en 1971, quand le plus âgé des trois accéda au khilafat en tant que premier petit-fils du saint-maitre à occuper ce rang, ses deux cadets, d’abord Seydina Mame Alassane Lahi, puis Serigne Ablaye, se rangèrent à ses côtés en lui renouvelant leur allégeance comme ils l’auraient fait pour leur grand-père Seydina Limamou (asws) et comme ils l’avaient fait pour le premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi (as) et pour le deuxième Khalif Seydina Mandione Lahi. Ils se soumirent à l’autorité de leur grand frère l’aidèrent dans sa mission en tant que dépositaire du message prophétique de Seydina Limamou Lahi (asws).

Pourtant dès que Seydina Mandione Lahi quitta ce monde, les oiseaux de mauvais augure se demandaient que dira Serigne Ablaye pensant que celui-ci allait réclamer le califat face à son frère aîné El Hadji Seydina Issa que personne ne connaissait vraiment. À l’époque Serigne Ablaye était le plus populaire de la communauté en tant que prédicateur qui a su haranguer et remobiliser les foules de fidèles pendant plusieurs années. Mais, Serigne Ablaye révéla aussi sa carrure de grand homme en s’agenouillant devant l’autorité du nouveau Khalif, son frère aîné Baye Seydi Thiaw Lahi. El hadji Sakhir révéla encore :

Allaji Ablaaya leeral xol yi ker ba mu nee

Wiiw yoon kifiy mak la nuy wormaal mu jiitu nu wey

Baye Seydi Thiaw maintint Serigne Ablaye au poste de porte-parole où l’avait nommé son père Seydina Mandione. À ce propos, Serigne Ablaye avait l’habitude de rappeler que c’est quand Baye Seydi Thiaw l’a confirmé en tant que son porte-parole en accédant au khilafat qu’il comprit que ce dernier était donc entièrement d’accord quand il fut nommé à ce poste par son père.

Leur amitié empreinte d’une loyauté et d’une confiance absolues, vieilles de plusieurs dizaines d’années aidant, ils parvinrent à eux trois à écrire les plus belles pages de l’histoire de la communauté Ahloulahi. A titre d’exemple, c’est à cette époque que fut célébrée pour la première fois de l’histoire, l’anniversaire de l’Appel de Seydina Limamou Lahi (asws) qui est devenu le plus grand événement de la communauté Ahloulahi. Ce fut au centenaire de l’Appel en 1981.

Quand il s’agissait de questions liées à l’organisation des événements religieux, le troisième Khalif orientait tout le monde vers Serigne Ablaye, son maréchal-prédicateur à la tête de l’armée des fidèles de la fédération des Dahiras Layènes. Au moment de formuler des prières au cours des rassemblements, il chargeait Mame Rane de donner les prières et lui se chargeait ensuite de les clôturer avec ses bénédictions. Baye Seydi Thiaw ne sortait jamais sans que ses deux frères et leurs plus jeunes cadets dont Chérif Ousseynou Lahi, Imam Mouhamadou Bachir ne soient à ses côtés. Il les consultait dans toutes ses décisions et les chargeait par la suite d’accomplir sa volonté. Leur amitié aussi solide que sincère leur a permis de mieux servir la cause du saint-maitre ce qui leur a valu comme récompense ceci : chacun d’eux a occupé la prestigieuse fonction de Khalif du meilleur des hommes. Et la cerise sur le gâteau est qu’ils se sont succédé tous les trois, l’un après l’autre, au califat à la suite de ce père, à savoir Seydina Mandione Lahi, qui avait béni leur union. Ainsi, Seydina Mandione était le deuxième Khalif, Baye Seydi Thiaw le troisième, Seydina Mame Alassane le quatrième et Serigne Ablaye le cinquième.

Et Allah dans Sa Sagesse insondable aura voulu qu’après avoir commémoré le « niane » de Seydina Mandione le 27 Dzul hijja de chaque année, suit l’anniversaire de la disparition de Serigne Ablaye au 29 de ce même mois, ensuite celui de Mame Rane le 30 Muharram et enfin celui de Baye Seydi Thiaw Lahi le 19 safar.

Aujourd’hui, chaque membre de la communauté Ahloulahi a rendez-vous avec l’histoire aux côtés du nouveau Khalif élu par Allah et béni par le saint-maitre à savoir Seydina Mouhamad Makhtar Lahi ibn Seydina Mandione Lahi.

Serons-nous des Seydina Mandione Lahi comme en 1909 ?

Serons-nous des Seydina Ababacar Lahi comme en 1949 ?

Serons-nous des Serigne Ablaye l’éternel missionnaire qui a toujours été au service de chacun de ses prédécesseurs sans aucune prétention ?

Serons-nous des Seydina Mame Alassane qui a toujours été prêt à donner ce qu’il a de mieux à son prochain ?

Serons-nous enfin des Baye Seydi Thiaw Lahi, le bâtisseur pour mener cette communauté vers des sphères encore jamais atteintes ?

Chacun de nous a la réponse à ces interrogations.

Que Paix, Salut et Bénédictions soient éternellement renouvelés sur notre maître Seydina Limamou Lahi Al Moukhtâr Wa Seydil Anlamîna.

Qu’Allah éclaire notre esprit, Qu’Il renforce la foi dans nos cœurs jadis remplis de « tawhiid », Qu’Il apporte la lumière sur notre chemin et nous donne la force, la sincérité dans les actes et le courage par la bénédiction de Seydina Mouhamadou Makhtar Lahi ibn Seydina Mandione.

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,

Analyste politique et économique,

Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,

Aspirant-disciple parmi les Ahloulahi,

Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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