Seydina Ababacar Lahi a marqué l’esprit des tirailleurs qui ont participé à la 1ère Guerre mondiale de par les miracles qu’il a réalisé dans différents champs de bataille… Pendant la 1ère Guerre Mondiale les colons français, membre de la Triple Entente avaient une bien vicieuse astuce qui consistait à demander à chacun des guides religieux du pays de leur envoyer leurs fils aînés pour les faire engager sous le drapeau français et encourager les populations autochtones à contribuer pleinement et volontairement à l’effort de guerre.
C’est ainsi que Serigne Sidy Ahmed Sy, fils aîné de Seydi Al Hadj Malick Sy, Serigne Fallou Fall, fils de Cheikh Ibra Fall, etc. étaient enrôlés comme tirailleurs sénégalais au titre de la contribution sénégalaise à l’effort de guerre. Dans la famille de Seydina Limamou Lahi (asws), son fils cadet Seydina Ababacar Lahi s’est présenté au khalif, son grand-frère Seydina Issa Rohoulahi (asws), pour se porter volontaire pour représenter la famille au front. Il devait avoir tout au plus la vingtaine. Mais sa participation à la première guerre ne devait pas être analysée comme une banale affaire de combattant ordinaire.
En effet, ce cadet des fils de Seydina Limamou Lahi n’avait pas pour vocation d’y tuer qui que ce soit mais plutôt pour sauver des vies et contribuer mystiquement à mettre un terme à cette barbarie de dimension internationale. C’est pourquoi comme l’ont rapporté ses anciens compagnons de guerre – dont la plupart n’étaient pas de confession Layène – à leur retour au pays, Seydina Ababacar Lahi réalisa toutes sortes de miracles en France, en Autriche-Hongrie et partout ailleurs où les opérations l’ont mené. Ses compagnons d’arme rappelle qu’un jour où leur régiment fut cerné au bord d’une mer en Europe, pendant qu’une rafale de tirs de mortiers et de mitrailleuses pleuvaient sur eux, le jeune Babacar Thiaw leur ordonna à tous de fermer leurs yeux et que chacun pose sa main sur l’épaule de son prochain, ce que fit tout le monde. Et quelques minutes plus tard il leur demanda de les ouvrir et là s’est comme s’il leur avait miraculeusement fait traverser la mer qu’ils voyaient alors derrière eux, sauvés des tirs ennemis des soldats de la Triple Alliance.
Un autre fait réalisé par Seydina Ababacar c’est quand un de ses frères d’arme habitant Yoff marcha sur une mine et que la moitié de son corps était déchiqueté sous l’effet de l’explosion. Il s’approcha de son camarade et lui conseilla de reconnaître que son père est Mouhamed (asws) et quand le soldat infortuné prononça la parole « Baye Lahi mooy Rassoulou Lahi », il retrouva soudain tous ses membres perdus.
Baye Ilimane Thiaw (ancien Imam de Yoff) est venu à Layène raconter à Imam Mouhamadou Bachir Lahi ibn Seydina Ababacar une histoire que son propre père lui avait rapporté de la Guerre. Un soir pendant que leur bateau traversait un cours d’eau quelque part en Europe, Seydina Ababacar l’avait réveillé pour lui faire savoir qu’Allah l’avait informé que leur bateau allait traverser une zone de turbulence où les attendaient des torpilles ennemies pour les bombarder. Alors le père de Baye Ilimane Thiaw lui demanda ce qu’ils devaient faire pour être épargnés et Mame Babacar Lahi de lui répondre : « j’ai demandé à Allah de me permettre de soulever le bateau en l’air jusqu’à ce qu’on échappe de ce lieu. D’ailleurs, va regarder sur le hublot tu verras que j’ai déjà soulevé le bateau de mes deux mains ». Quand le vieux regarda à travers le hublot il vit deux grandes mains ressemblant à celles de son ami et sur le doigt d’une de ces mains il reconnut la bague « Aqiiqa » que portait Seydina Ababacar Lahi.
Enfin nos grands-parents racontent que chaque soir Seydina Ababacar revenait mystérieusement à Yoff pour faire un rapport journalier à son frère aîné le 1er Khalif Seydina Issa Rohoulahi (asws) qui lui donnait alors des « instructions » à faire sur place le lendemain. A son retour de la grande Guerre sain et sauf (il fut d’ailleurs le seul fils de guide religieux à rentrer au bercail), Seydina Ababacar Lahi était devenu l’un des plus grands hommes religieux de l’Afrique de par l’immensité de son savoir pluridisciplinaire et sa renommée basée en partie sur son pouvoir mystique et ses prières qui ne rataient jamais et se réalisaient instantanément.
« …looloo tax turëm wa démone ba Côte d’Ivoire, ba jalla Guinée ki Gannaar (Mauritanie) fepp siiw na ».
Chérif Alassane Laye Diop
L’épisode de la Grande Guerre