Chapitre VI – Thème 02 : Le sens de l’agrément de la religion divine (Diin Lahi)

Le sens de l’agrément de la religion divine ( Diin Lahi)

Etant constituée de trois niveaux (Islam, Iman et Ihsan) , le diin (créance) a été descendu sur les prophètes de manière graduelle . Cette progression est considérée comme ayant atteint son apogée à la fin de la mission de Seydina Mohamed (P.S.L.) pour certains érudits en s’appuyant particulièrement sur le verset 3 de la sourate 5, pour d’autres jusqu’à la venue de deux personnalités (le Mahdi et le Messie) prédit par le dernier prophète de l’Islam.

Les versets suivants parlent sur le parachèvement et l’agrément de la religion divine.

« Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. Si quelqu’un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché… alors, Dieu est Pardonneur et Miséricordieux ». Extrait du verset 3 de la sourate 5

« Certes, la religion acceptée d’Allah c’est l’Islam ». Verset 19 de la sourate 3

L’Imam Al Qourtoûbî (Rhml) apporte cette explication par rapport à l’extrait du verset 3 de la sourate 5 :

« Le Prophète vécut après ces deux versets 60 jours. Puis fut révélé le verset du kalâla et il vécut 50 jours. Puis fut révélé « un envoyé parmi vous est venu à vous » et il vécut 35 jours. Puis fut révélé « craignez un jour où vous retournerez à DIEU et il vécut 21 jours. Mouqâtil a dit 7 jours. »

Donc si bon nombre d’entre nous croient que le verset indique la fin de la révélation qui descendit sur le prophète (P.S.L.), ces propos de l’imam montrent le contraire.

Les verbes agréer et agréger ont des formes proches et désignent des notions voisines. Agréer signifie « accueillir favorablement », tandis qu’agréger a le sens de « rassembler des éléments distincts en un tout ». Emprunté du latin  aggregatio (« agrégation, réunion d’éléments), dérivé du latin grex ( troupeau) lui-même issu du radical celtique gre (troupeau, amas, multitude).

Avec les améliorations de la langue française, Aggregation s’écrit dorénavant agrégation.

Nous allons utiliser le verbe Agréger, au sens de « rassembler des éléments distincts en un tout »

1. Cursus d’agrégation de la première dimension de la religion (Islam)

Pour rappel, L’ISLAM ou la SHARIAH est la première dimension de la Religion Divine que les 124 000 Prophètes de DIEU ont progressivement apportée. Donc ce premier niveau a connu des niveaux d’agrégation progressifs d’Adam à Mohamed (P.S.L.).

Jésus, fils de Marie est le dernier prophète qui a été envoyé aux fils d’Israël avant la rupture du pacte entre eux et Allah. En effet, Jésus avait annoncé Ahmed comme le dernier messager qui devait apparaitre. Ahmed apparut chez les arabes, à sa naissance on lui donna le nom de Mohamed (P.S.L.). Il apporta le dernier livre qui est le Coran et réalisa la dernière agrégation de la religion divine.

En effet, l’agrégation de la religion divine qu’à réalisée Moussa (A.S.) a pris le vocable de judaïsme, celle d’Issa (A.S.) a pris le vocable de christianisme. Dorénavant la seule agrégation valable prend le nom du premier niveau de la religion divine Islam.

A la disparition du messager d’Allah (P.S.L.), quatre écoles se formèrent pour enseigner la dernière agrégation de la religion divine aux hommes avec des points de vue différents d’une école à une autre sur certains points concernant la sounna prophétique, le Coran étant un livre infalsifiable dont Allah assure la protection.

2. Cursus d’agrégation de la seconde dimension de la religion divine (Iman)

On confond trop souvent foi et croyance. Or, ce n’est pas seulement une affaire de mots. Dans ses traductions du Coran, Maurice Gloton a choisi judicieusement de ne pas traduire l’imân par croyance mais par l’actualisation du Dépôt confié. L’imân, que l’on doit traduire par foi et non par croyance, inclue l’idée de confiance, de foi (fides), et de pacte (amân, feodus) entre l’humain et le divin. La foi vient du latin fides (confiance, fidélité) ou encore feodus (traité, alliance). Il s’agit donc d’être garant(e) d’une responsabilité, de respecter un pacte fait avec Dieu en actualisant le Dépôt qu’il nous aurait confié : ce dépôt peut se comprendre comme une sorte de trésor contenant l’ensemble de qualités et vertus qu’il est de notre ressort de mettre en œuvre au cours de notre vie. La croyance peut se définir ainsi : c’est croire ce qui nous semble crédible, informé, vrai. Croire que quelque chose est vrai, réel revient à dire que je crois car je peux le prouver ou que cela me semble sensé. Or, on ne peut pas prouver l’existence de Dieu car Il ne se réduit pas à un objet extérieur que l’on pourrait voir, entendre ou toucher. Dieu ne se prouve pas, il s’expérimente au fond de notre être et en toute chose

Cette seconde dimension est régie par six piliers ayant tous rapport avec la foi (mettre en œuvre le dépôt confié) à travers sa croyance en Dieu, ses messagers, ses livres, ses anges, à la rétribution et à la destinée.  Dans le verset 14 de la sourate les appartements, Allah refuse à travers une révélation faite au prophète par Allah par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, l’accès à cette station précieuse :

Les Bédouins ont dit : « Nous avons mis en œuvre le Dépôt confié ».  Dis : « Vous ne l’avez jamais mis en œuvre ». Mais dites : « Nous nous sommes soumis ! » Or la mise en œuvre du dépôt confié n’a pas encore pénétré vos cœurs. Et si vous obéissez en Allah et à son Messager, Il ne retranchera en rien de vos œuvres. Vraiment, Allah, Très-Recouvreur, Très-Rayonnant d’Amour.

C’est le début de l’élection car beaucoup de versets indexent les gens de la foi sur des commandements spécifiques ; c’est notamment le cas de la prière sur le prophète qui dans toutes ses formes et réalités est l’apanage des gens du cheminement ou ahl imane. Cette seconde dimension a été déployé progressivement par les Saints comme Cheikh Ahmed Tidiane Chérif à travers les tariqa dont le plus élaboré est la tariqa Ahmadienne. Il est écrit que chaque Saint est assis sous l’ombre d’un Prophète. Cheikh Ahmad At Tidjani qui est Warissou Mouhamadiya. Les Prophètes se sont appuyés sur les livres sacrés reçus de l’Archange Gabriel alors que les Saints se sont appuyés sur les Salat ala Nabi reçues du seigneur Mohammad qui leur est apparu en état de veille.

Ainsi dans la première dimension de la religion, La Sharriah Mouhamadiya est la forme la plus achevée et le Livre le plus complet demeure le Coran. De même dans la seconde dimension, la Tarîqah Ahmadiya (la Tarîqah tidijaniya) est la forme parachevée de l’Iman et la Salat ala Nabi reçu par le Cheikh Ahmad At Tidjani (la Salat al Fatihi) est la plus élaborée de toutes les autres Salat ala Nabi.

3. Cursus d’agrégation de la troisième dimension de la religion (Ihsan)

Cette station est la sphère des élus, des devanciers, des gens purs et accomplis, ceux qui ont franchi toutes les étapes de la marche et de l’ascension sur les terres purifiées, ceux qui ont nagés dans les profondeurs sombres des océans de la majesté mais aussi ceux qui ont volés dans les airs en perçant les nuages chargés et défiant les vents déchaînés. Cette station est celle du tawhid az zaati faisant tomber les voiles autour de la divinité et permettant la vision aveuglante de la Face d’Allah.  Parmi les élus, figurent les moudjaddid qui sont des réformateurs.

Dans le hadith suivant le Rasul d’Allah (saw) nous dit : « Allah enverra à cette Communauté, à chaque début de siècle, qui lui rénovera sa religion ». La plupart des commentateurs du Hadith sont d’avis que l’expression « qui lui rénovera sa religion » fait allusion à un individu unique, auquel Allah octroie des qualités intellectuelles, morales et physiques qui lui permettent de rajeunir la religion et de lui redonner sa force et sa vitalité, et ce, au travers d’un savoir profitable, d’une œuvre bénéfique ou d’une lutte courageuse. C’est pour cette raison que les commentateurs ont essayé, à chaque début de siècle, d’identifier ce « rénovateur ».  Imam Mouhammadou Sakhir Gaye nous apporte dans sa poésie « Sayfu Lahi » la position du Mahdi parmi ses Mujaddid qui doivent apparaitre chaque 100 ans à travers les vers 4,5 et 6 :

Diiné Lislaam am na ay jeuwrin yu koy yor “kulla hiin”
Yallah moo leen tan mey leen woolu leeen jox leen salaam

Niooy gni kay wooteel ci par téémééri at loolooy la siiw
Boppu téémééri at yu ne lay am “ila yawmal xiyaam”

Mahdiyooy seen njiit bu leen bagn baayu Isaa ak Manjoon
Moo fi feign fii “rahsi aazal xarnu” mooy Seydil Imaam

En vérité le Mujaddid, en tant que successeur du Rasul (saw) perpétue son message d’avertissement en apportant une rénovation à la fois sur la vie de toute l’humanité et des valeurs intellectuelles et ceci par une rénovation de la vraie compréhension de la religion d’Allah gangrenée par des années de fausses interprétations aveuglant ainsi les gens de l’objectif qu’ils se doivent tous d’atteindre dans ce monde.

En conclusion, le cursus d’agrégation continuera jusqu’à l’avènement du Mahdi et du Messie (PSE). Cette religion se renforce à travers les agrégations acquises au fil du temps et le travail des vivificateurs qui apparaissent chaque 100 ans et de toute personne ayant contribué à la sauvegarde des préceptes de la créance. Ainsi, l’agrément de l’Islam a de plus en plus de crédibilité car apportant à chaque époque les solutions aux maux diverses.

« Et quiconque désire une religion autre que l’Islam ne sera point agréé et se retrouvera dans l’au-delà parmi les perdants ». verset 85 de la sourate 3

La reconnaissance officielle peut en effet être vue sous l’aspect de l’acceptation de quelqu’un dans un groupe (agréer, agrément) ou de l’adhésion de quelqu’un à une collectivité considérée comme un tout (agréger, agrégation). Ainsi une personne qui adhère à l’Islam s’inscrit dans un processus d’obtention d’agrégation. A force de pratiquer les recommandations divines consistant principalement à faire le bien et éviter le mal, il aspire à l’obtention d’ un agrément d’Allah et ne sera pas parmi les perdants.

Dans la troisième partie de cette série de contribution, nous allons découvrir ses personnalités qui doivent apparaitre à la fin des temps et leur avènement en Afrique précisément au Sénégal.

Moussa Lahi