DEUXIEME PARTIE : LES DIMENSIONS DE LA RELIGION DIVINE

Chapitre IV : Définition et But de la religion

THEME I :  A LA DECOUVERTE DU DIINE LAHI (LA RELIGION D’ALLAH)

Après qu’ils (Adam et Eve) eurent gouté au fruit de l’arbre défendu ( arbre qu’ils ne devraient pas approcher) dont les conséquences furent qu’ils perdirent leur vêtement de la piété (Libassoune Taqwa) qui provoqua une rupture avec l’ordre divin (Al Amr Lahi).

Chassés du paradis, ils sont maintenant sous de nouvelles modalités d’existence qui seront celles de leur postérité.  Dorénavant les conditions d’existence sur terre seront de plus en plus précaires. Cependant une réhabilitation est toujours possible  grâce à la Guidance qu’Allah a promise à tous au moment même de la chute initiale, et jusqu’au jour du jugement de la Résurrection.

Il dit : « Descendez tous de là, ennemis les uns des autres. Puis, si une guidance vous vient de Ma part, quiconque suivra Ma guidance ne s’égarera pas et ne sera pas malheureux.

Sourate Taha Verset 123

1. Le dépôt confié aux humains (Al Amana)

Selon Maurice Gloton, ce dépôt confié a un rapport étroit avec l’expression coranique mentionnée au verset 21 de la sourate 15 :

وَإِن مِّن شَىْءٍ إِلَّا عِندَنَا خَزَآئِنُهُۥ وَمَا نُنَزِّلُهُۥٓ إِلَّا بِقَدَرٍ مَّعْلُومٍ

Pas de volonté indéterminée (ou aucune chose) sans que ses trésors entreposés soient chez Nous : Nous la faisons descendre selon une assignation connue.

Tous les êtres humains ont en eux à titre indélébile ce Dépôt qu’Allah leur a confié et qu’ils sont tenus d’actualiser selon leurs propres prédispositions.  La gestion du dépôt confié consiste à acter du bien et d’éviter le mal. L’application sera régie dorénavant par la religion d’Allah (Diine Lahi).

Le verset 283 de la sourate 2 nous en donne une indication :

« Et si vous étiez en voyage et que vous ne trouviez pas de scribe, exigez des gages. Si alors l’un de vous confiait un dépôt à un autre, que celui à qui il a été confié le restitue ».

2. Le Diine

La racine de ce mot Da Ya Na apparait 101 fois dans le Qur’an et prend les significations suivantes : être débiteur, être redevable, devoir quelque chose, pratiquer un culte, une religion.

Le din est donc un prêt qu’Allah fait à toutes les créatures, soumise de bon gré mal gré à Lui et qu’elles sont tenues de Lui rendre à l’échéance ultime comme un dépôt confié (amâna) par reconnaissance envers Lui. Compte tenu du sens premier de la racine, Maurice Gloton traduit le mot din par culte du ou redevance suivant le contexte. Le mot dayn du verset 282 de la sourate 2 signifie dette et il se trouve dans le plus long verset du Coran.

Allah met en exergue un de ses attributs au verset 4 de la sourate Fatiha , « Le Possesseur du Jour de la Redevance ». Ici le mot dine prend le sens de Redevance.  Une redevance est un paiement qui doit avoir lieu de manière régulière, en échange d’un droit d’exploitation ou d’un droit d’usage d’un service.

3. La descente d’Adam sur terre et la pratique du « diin »

Nous résumons cette descente par ce passage tiré du livre « Les Adams d’Ibn Arabi » :

De la même façon, il apparaît que les conséquences de la chute et son caractère prédestiné semblent revêtir une dimension universelle pour Ibn ʿArabī, car « Adam portait alors dans ses reins sa postérité, ceux qui allaient contrevenir à la Loi comme ceux qui allaient lui obéir ». Mais la chute d’Adam semble avant tout une nécessité inscrite dans la nature de sa fonction plutôt qu’une simple désobéissance : « Il fallait le mouvement du premier transgresseur pour que la transgression soit provoquée, mais, une fois qu’Adam eût projeté sa postérité hors de ses reins, on ne sache pas qu’il n’ait jamais désobéi à son Seigneur ».

On trouve également dans la tradition du Hadith des réflexions sur la nature de la chute et sur la tension entre son caractère prédestiné et accidentel : « Adam et Moïse se disputaient. Moïse dit à Adam : “Adam ! Tu es notre père qui nous a déçus et qui nous a détournés du Paradis”. Adam lui dit alors : “Moïse ! Dieu t’a favorisé avec Sa Parole et Il a écrit pour toi avec Sa propre Main. Me blâmes-tu pour une action inscrite par Dieu dans mon destin quarante ans avant ma création ?”. Et ainsi Adam confondit Moïse ».

Adam reconnut son péché et demanda pardon à Allah, Son Enseigneur, qui projeta des kalima sur lui, comme il est rapporté dans le verset 37 de la sourate 2 :

فَتَلَقَّىٰٓ ءَادَمُ مِن رَّبِّهِۦ كَلِمَٰتٍ فَتَابَ عَلَيْهِ إِنَّهُۥ هُوَ ٱلتَّوَّابُ ٱلرَّحِيمُ

Alors bénéficia Adam en provenance de son Enseigneur des paroles afin d’accorder le repentir sur lui. Certes il est lui L’Agréant du repentir, Le Très Rayonnant d’Amour.

Pour une application du dine, le premier verset de la Fatiha va servir de gouvernail pour Adam et sa descendance sous les nouvelles modalités de vie terrestre.

“Bismi Llāh al-Raḥmān al-Raḥīm” de sorte que Muḥammad est le dernier sous le rapport de la modalité corporelle et le premier sous le rapport de la modalité spirituelle ».

Les deux natures adamique et mohammadienne apparaissent donc inséparables dans le processus de Manifestation divine : « Adam et Muhammad représentent al-khalq [la Création] depuis ses deux extrémités. Adam représente le Maqām al-maḥmūd du point de vue de l’origine de la Création, et Muhammad incarne la même station du point de vue du retour de la Création vers cette station ».

En ce qui a trait au consensus des savants, al-Wâhidî, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit dans son exégèse du Coran intitulée Al-Wasît : « Les exégètes du Coran sont unanimes sur le fait qu’al-Maqâm al-Mahmûd est le rang lié à l’intercession. » De même, al-Sam’ânî, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit : « « afin que ton Seigneur te ressuscite en une position de gloire [Maqâman Mahmûdan]. » (Coran 17/79). Le 4 verset nous rappelons le jour de la redevance comme le dernier jour où chaque humain et djinn sera rétribué de ses actes.

Dans le prochain thème, nous verrons l’Islam, la religion agréée par Allah, l’enseigneur des êtres de l’univers.

AL KALAMOU LAHI