Naissance, parcours et œuvre de Seydina Ababacar Lahi
Seydina Ababacar Lahi naquit en 1889, soit une année après la création de l’ancien Cambérène à Ndingala. À l’âge de 5 ou 6 ans, son père Imàmoul Mahdi lui fait lire des correspondances ou lettres venant de saboteurs, comploteurs qui souhaitaient ainsi humilier ce dernier car sachant qu’il ne savait ni lire, ni écrire. Et sûrement qu’ils avaient oublié que c’est cet analphabétisme qui faisait sa valeur, qui le démarquait des autres, lui qui était certes illettré mais qui corrigeait et enseignait les « Kang Forée » de son époque et qui restera leur Maitre jusqu’à la fin des temps. Lui qui, s’il mettait seulement sa sainte main sur une personne lui permettait de réciter le Coran ou de raconter des histoires anciennes. Et c’est avec ce genre de procédé que le Seydina Limamou Lahi utilisa ce jour avec son fils Ababacar devant les dignitaires et « Kang fóóre » qui étaient pourtant inaptes ou incapables de lire ces lettres.
Cette incapacité à lire en étant un grand savant reconnu et réputé est due à la présence de Seydina Limamou Lahi (psl), qu’il est impossible d’avoir un quelconque savoir devant lui sauf quand lui-même le permet. À ce propos, son chantre Libasse Niang dit dans un de ses poèmes : « Ku nekk fóóreyë boo nuyoo Sa mbóóti xol mu ràññe ko Kerook mu jam la doo feyyoo Ba loo xamoon nga fàtte ko ». Ce jour du miracle sur son jeune fils Seydi Aboubacar Lahi avait coïncidé aussi avec la présence d’un « kang fóóre » (dont on taira le nom) venu de l’intérieur du pays. Ce dernier avait comme intention de venir récupérer son frère, un grand savant lui aussi, mais qui avait cru à la mission prophétique du Mahdi. Cette croyance n’ayant pas plu au frère qui ne concevait pas qu’il suive un illettré. Sans rien dire sur son intention, il assista à cette démonstration et transfert de savoir de Seydina Limamou sur son jeune fils. La lettre lui a été donnée pour sa lecture mais le phénomène d’incapacité à ne rien reconnaître devant le Saint et Noble Prophète que Libasse Niang avait décrit dans son poème se manifesta sur ce savant. C’est cet événement qui a convaincu ce grand tafsir à embrasser la foi Layène comme son frère qu’il croyait égarer et qu’il était venu récupérer. C’est après l’incapacité manifeste de ces savants, que le Mahdi fût appel à son jeune fils Ababacar. Lorsqu’il se présenta devant la foule, son père lui dit de lire les correspondances. Naturellement, l’enfant de 5 ou 6 ans, lui rétorqua que je ne sais pas lire car n’ayant jamais fait l’école. Le Mahdi insista sur sa demande et l’enfant Babacar qui était illettré jusqu’à ce moment, commença à lire, à traduire et même à déceler les fautes contenues dans ces lettres.
C’est ce que renferment les propos du poète Mouhamadou Sakhir Gaye qui dit dans le Marsiya qui lui est dédié :
- « Limaamul Mahdiyoo ko soloon ci baatin, ci gééji « hikam » la duy ba ndabam fenngatna »
- « Ca leetar yooya Baay Laay jangaloo woon Serigne MBaye Thiaw kerook la ko sol ba rawna »
- « Ba Baay Laay naa ka Mbay kula laaj sa meetar ci xamxam neel Limamu sangub jamaana »
- « Ku lay laaj meetarub Baay Laay waxal neel xanaa Buur Yallah rabbul aalamina »
- « Serigne MBay daa na netali lii miraaran ba moo tax xamxamam ku ka xam ne yay na ».
On peut en retenir, d’après l’auteur, dans les vers 19 et 20, que c’est son père Imàmoul Mahdi qui l’avait abreuvé des océans de sagesses à travers les lettres qu’il lui faisait lire et qui, au final, le propulsa loin devant. Les vers 21 et 22 nous parlent de la parole de Seydina Limamou adressée à son fils pour le renseigner sur la réponse à fournir sur une demande quelconque pour connaître son maître, de répondre par : « mon père est mon maître, le Maitre des Temps ». Si jamais, on te demandait le maître de ton père réponds par : « Allah, le Seigneur de l’Univers ». Et l’auteur d’annoncer au vers 23 que Serigne rappelait souvent cette histoire et les propos de son père. Et c’est pour ces raisons que quiconque qui le connait, a une reconnaissance de son savoir.
Depuis cet événement majeur dans l’histoire de la communauté Layène et celle du jeune Ababacar Lahi, il ne cessa d’émerveiller son monde de par sa rapidité d’assimilation des livres et des sciences religieuses, par sa clairvoyance sur les choses apparentes, toutes comme sur les choses cachées et son aisance dans la délivrance du savoir sur les différents domaines et disciplines islamiques, arabes et religieuses, comme le commentaire du Coran, les hadiths autres et tout ceci avec un cœur ouvert, apaisé et soulagé, comme le mentionne aussi le poète Imam Sakhir Gaye dans le Marsiya : « Waxal neel gééj la woon gu di fuur ci xamxam ci « saahir » ak ci « baatin » loolu wér na », « fiq » aaki « luxaak, neuhwuk taarix, haruud » ak Bayaan, siira » ak « adiss, tafsiir Xuraanaa » « Bu daan adiis i lenn ci yii ngay yéém te andak xol bu fééx ba nga naa rafet na ».
L’auteur nous a déjà montré que cette facilité et aisance dans tous ces domaines et disciplines de Seydina Ababacar Lahi, étaient dues à ce transfert de savoir et de sagesse de la part de son père le Mahdi (psl): « Limaamul Mahdiyoo ko soloon ci baatin, ci gééji « hikam » la duy ba ndabam fenngat na »,…
D’un autre côté, il émerveillait son entourage et le monde entier par la rapidité d’acceptation de ses prières, de ses vœux, à travers aussi ses écritures pour talisman, eau bénie ou par tout autre objet ou toute chose qui pouvait se trouver à ses côtés ou à sa portée au moment d’une demande de prières (nianes) d’un tel ou tel autre présent devant lui. Les exemples sont multiples pour en illustrer : Un jour, par la grâce de Dieu, Allah le Tout-Puissant, une personne se présenta chez lui Seydina Ababacar ibn Imàma Lahi pour solliciter des prières sur une situation débordante. A l’arrivée de cet homme, il y’avait à côté des coques d’arachides (xoolitou guerté) et le saint, noble et digne homme de Dieu Mame Babacar Lahi ramassa ces derniers et les remit au demandeur de prières pour en faire usage à propos de l’affaire délicate qui l’avait amené. La personne était surprise et désorientée, et un peu vexée par la chose que le « Serigne » lui donna pour la résolution de son sérieux problème. Mame Mbaye (autre nom de Seydina Ababacar) lui indiqua de ne pas négliger ou sous-estimer ces coques d’arachides ramassés instantanément et proposés pour résoudre son problème. À sa grande surprise et dans la rapidité, l’affaire qui était délicate et complexe fut résolue.
De pareilles situations et occasions se sont reproduites à maintes reprises avec les solliciteurs de prières venus à son domicile. Citons celle-ci où, au sollicitant de prières, une tasse de café avec son contenu que Seydina Ababacar était en train de boire, fut la chose remise pour résoudre une autre situation difficile. Et après utilisation du contenu de la tasse de café par le demandeur de prières, le vœu fut exaucé par la grâce, la grandeur, la puissance et la permission de Dieu. Parlons aussi de celle-ci qui a été diligentée par le ramassage et la remise de sable sur lequel il (Seydina Ababacar) était assis au moment de la sollicitation de prières d’une personne venue à lui pour une autre situation très angoissante. Et toujours par la permission de Dieu, il obtenait gain de cause ou résultat d’une manière extrêmement rapide. Tous ces faits et d’autres firent bruits et échos à Dakar, dans le Sénégal et dans toute la sous-région ouest africaine. Les gens, de partout, venaient pour solliciter des prières sur toutes situations ou difficultés qu’ils rencontraient dans la vie et qui les préoccupaient vraiment : les études ou examens, le travail ou l’embauche, pour avoir plus de responsabilités ou avancements dans le travail, pour ouverture ou protection, voyage, fortunes, réussites dans les affaires… On pourrait en citer en pagaille à titre illustratif et nos lecteurs aussi peuvent en témoigner.
Et l’auteur dans son marsiya, ne manqua guère de souligner ces faits dans ces vers suivants : « Mbindééf la mu Yallah amaloon ngir ga aajoy mbindééf yi ku jaaxle waa ba jubal fa raw » « Ba looloo tax tureum wa demoon ba kodiwaarba jamma gineeki gannar fep siiw na » « Te ndamba la woon bu feenioon fii ci kap weerte doon menniant ci Mahdiyou loolu wér na » « Nanguk niaan ak fajuk aajoo ki feebar, donoom ci Limaamu Laay la te loolu sax na ».
MachAllah ! Que Dieu augmente la félicité et la récompense de Bàboul Ouloum Seydina Aboubacar Laye Ibn Seydina Imàmal Lahi Al Makhroùf.
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