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Radio Urum-Bi La Voix du Salut
BAYE SEYDI THIAW LAHI SUR LES 364 HA OFFERTS A L'ETAT DU SENEGAL Baye Seydi Thiaw LAHI
[…..] Ce samedi 10 septembre1887, son fils Issa mu ndaw était âgé entre neuf et dix ans, les persécutions coloniales contre son père avaient commencé depuis quelques mois déjà. Les délégués de l’intérieur des deux capitales Dakar et Saint-Louis se transmettaient régulièrement courriers et rapports.
Ce fut au moment où Limamou leur rétorquait que cet appel était un ordre divin, qu’Issa mu ndaw passait près de l’assistance. Il le saisit alors, le souleva et le porta sur son épaule avant de déclarer: « Je sais que je mourrai quand le terme sera venu, mais si je meurs avant d’avoir accompli ce que Dieu m’a ordonné, ce garçon achèvera mon œuvre. ». C’est en cette journée du 10 septembre 1887que Issa mu ndaw fut désigné officiellement l’héritier du trône de Dieu. Il s’adressa à nouveau à son oncle paternel et aux autres, du fait de leur insistance : « Vous pouvez rentrer chez vous, si Dieu le veut, je ferai ce que vous avez dit ».
Les avertis commencèrent à prêter attention à cet enfant qui est, selon son propre père, destiné à accomplir de grands exploits… Cette déclaration ou prophétie de Seydina Limamou Lahi (psl) sur Issa mu ndaw soulevait beaucoup d’interrogations dans l’assistance et animait les discussions dans les concessions de la presqu’ile du Cap-Vert. Les uns se posaient des questions sur l’opportunité de cette déclaration qui, selon eux, ne faisait que confirmer la folie qu’ils attribuaient à Limamou Lahi. En effet, pour cette première catégorie, la déclaration de Limamou était inopportune car le Serigne Ndakâru ne lui avait pas posé de questions sur son fils mais était plutôt venu pour éviter que la fureur du colon ne s’abattît sur Limamou et sur toute la population de Yoff. Pour d’autres, l’heure était à la prudence et surtout à la vigilance sur cet héritier qu’on venait de désigner. Enfin, le troisième groupe constitué de disciples de Limamou Lahi (psl) alliait embarras et fierté. Ils étaient un peu embarrassés car ils seraient la risée de tous leurs ennemis si, pour une raison ou une autre, Issa mu ndaw ne pouvait plus être l’héritier de Limamou.
Il aurait pu mourir avant son père, exilé par ces mêmes colons, etc. Toutefois, ils étaient également fiers car ils voyaient l’assurance avec laquelle leur guide Limamou prophétisait les événements futurs actés par le Seigneur…
Après la première attaque des colons qui s’est soldé par un échec et une humiliation sans précédent, la fierté des colons en fut blessée et leur respectabilité menacée. Seydina Limamou Lahi dit à ses compagnons que l’ennemi bien que combattu aujourd’hui ne baissera pas les bras face à cet affront et qu’il reviendra renforcé. Ainsi, il prépara ses disciples aux jours sombres qui les attendaient.
Seydina Limamou fit sa prière de début de l’après-midi, puis celle de l’asr, puis dit à ses fidèles réunis : « Tout envoyé de Dieu a dû subir un exil, je vous demande de vous disperser (provisoirement) ». Il conseilla ensuite à ses épouses d’aller séjourner ailleurs (auprès de leurs parents).
Après avoir accompli la prière du crépuscule, il prêcha devant ses fidèles, leur faisant savoir la grandeur et la récompense que Dieu réserve à ceux qui veulent bien être les compagnons d’exil de son Envoyé. Après la prière du crépuscule, et la dispersion de la foule, Limamou quitta Yoff, le moment de son départ étant ignoré par la grande majorité des gens. Quand les fidèles s’aperçurent qu’il était parti, accompagné de quelques-uns de ses plus proches disciples, ils se mirent à sa recherche, se dirigeant partout où ils espèrent pouvoir le trouver. Or nul ne connaissait l’endroit où il s’était réfugié, sauf un petit nombre de disciples. En effet, tandis que les colons étaient en train de concocter un plan de déportation et de destruction du village de Yoff, Dieu ordonna à Seydina Limamou de s’exiler.
Il quitta Yoff la nuit du 10 au 11 septembre 1887 accompagné de 4 de ses disciples que sont Thierno Sarr Thiom, Alé Mbaye, Demba Mbaye et Abdoulahi Samb. Seydina Limamou Lahi (psl) avait demandé, avant son départ d’exil, à ses compagnons de trouver des volontaires qui partiraient avec lui. Ils étaient 5 volontaires au départ, les quatre cités et Momar Bineta Samb que Seydina Limamou fit retourner pour porter assistance à sa famille et à certains de ses disciples. Il était d’une taille et d’une corpulence telle qu’il forçait le respect de tous « O Momar Bineta, tu me rappelles Seydina Oumar qui fit beaucoup gagner à l’Islam en y entrant. Que Dieu te récompense infiniment. »
L’exil débuta après la prière du soir « icha » vers une destination inconnue. Ainsi, Seydina Limamou Lahi suivait l’ange Gabriel que Dieu lui avait assigné comme guide alors que ses compagnons le suivaient lui, le guide des biens guidés.
En cours de route, il ne cessa de réconforter ses compagnons en leur rappelant que Dieu est avec eux et qu’il les guide. Arrivés à hauteur de Diamalahi, le lieu où il est actuellement inhumé, il fit ses ablutions, une prière de deux prosternations et dit à ses compagnons: « Nous partons, mais nous reviendrons, car voici la demeure; les peuples du monde entier seront ligotés et amenés ici et le jour de la résurrection, ils se retrouveront face à moi et j’aurai raison sur eux. ». A quelques centaines de mètres, il fit une prière mortuaire en un lieu qui deviendra le cimetière musulman de Dakar (45), avant de poursuivre son chemin. Plus loin, à l’endroit qui deviendra Cambérène, il dit à ses disciples : « N’entendez-vous pas des bruits? « Non! » Répondirent-ils. Alors Limamou désignant cet endroit obscur, désert et boisé leur dit: « Voici la ville, voici les femmes qui puisent de l’eau et les jeunes gens qui chantent les louanges de Dieu et glorifient mon nom ».
Il continue son chemin s’arrêtant, priant, disant des prédications étonnantes comme la future naissance des villes qui s’établiront partout où ils sont passés. Arrivés à l’endroit qui deviendra Ndingala, ils dépassèrent un grand baobab qui se prosterna devant le Saint Maitre et ne se releva plus jamais; cela en guise de preuve pour la postérité. Il dit « j’ai un autre compagnon que ce baobab qu’il me reste à retrouver. ». Après quelques pas, ils virent un trou dans lequel il y avait des herbes mortes et d’autres débris. Limamou (psl) s’accroupit, débarrassa le trou des débris et aussitôt une eau douce jaillit en flots. Il en but et dit : « Buvez, Thierno bois! Voici mon autre compagnon ».
Le puits demeure jusqu’à nos jours intarissable. Arrivés à l’endroit appelé Nguédiaga (46), situé entre le rivage et le village de Malika (47), Limamou s’arrêta fit une prière de deux prosternations et dit : « Le Prophète Abraham est passé par ici, lors de son voyage au Couchant (48), l’un de ses fils a été enterré ici… ». Puis, Limamou leur fit savoir qu’il venait de recevoir l’ordre de Dieu, transmis par l’ange Gabriel, de se diriger vers le Nord. Arrivés à une dizaine de km de Yoff à hauteur de Malika, village non habité à l’époque, il déclara: « Dieu a mis des entraves au niveau de mes pieds, je ne peux plus avancer ». Ses compagnons rétorquèrent qu’il est leur guide; donc si lui ne peux plus avancer eux aussi ne le pourront pas non plus. Il recommanda à ses quatre compagnons de prendre les quatre directions afin de lui rapporter ce qu’ils trouveraient comme refuge.
Son disciple Thierno Sarr Thiom qui avait pris la direction de l’orient vint lui rapporter qu’il avait trouvé un monticule de sable surplombé par un arbre qui semblait former un abri avec ses branches. Seydina Limamou lui répondit que c’est là leur lieu de refuge, une retraite qui devait durer trois jours. Avant d’y pénétrer, Limamou récita une prière et dit : « C’est la même formule que Djibril m’avait enseignée lorsque je pénétrais avec Ababacar dans la grotte de Hira au cours de l’hégire ».
Durant ces trois jours, il recommanda à ses compagnons de jeuner, à l’émoi de ceux-ci qui se demandaient comment des exilés qui n’avaient rien apporté avec eux comme provision pourraient l’observer. Ils se disaient qu’il était plus judicieux pour eux d’économiser leurs forces dans cette épreuve dont ils ne connaissaient pas l’issue. Toutefois, le maître Seydina Limamou Lahi leur fit savoir que cette décision venait de Dieu et qu’il leur donnera de quoi rompre leur jeûne comme il l’avait fait à la Mecque lors de son exil vers Médine, accompagné d’Aboubacar et de son esclave affranchi Amir.
Cela fut fait comme recommandé. Au moment de la rupture du premier jour du jeûne, Dieu guida deux de ses disciples à savoir Sam Penda et Sira Tall, qui arrivèrent sur le lieu reculé et caché où le Saint Maitre s’était retiré. Ils s’étaient mis à sa recherche lorsqu’ils ont appris sa disparition, parcourant les vergers aux alentours de Yeumbeul, Thiaroye et Malika. Au deuxième jour, les deux bergers étaient accompagnés deTafsir Abdoulaye Diallo, Ali Yakh, Seynabou Diène et le petit Mandione dont la présence avait été requise par Limamou (psl)qui déclara d’ailleurs à ce propos; « Seule la paix régnera là où Mandione est présent ».
Ces deux bergers lui apportèrent du lait caillé et du lait frais, comme l’avait fait Oum Mahbad pour l’exil vers Médine (49) Pendant ce temps, la gigantesque expédition militaire arrivée à Yoff dans la même nuit vers 3 heures du matin resta sur place pendant deux jours, attendant désespérément le retour d’Al Muntazar. Ainsi, se sont-ils ennuyés, énervés, et finiront par incendier la maison de Seydina Limamou. Le feu se propagea et alla détruire la baraque d’une dame française du nom de Mme Zimmer ainsi que des dizaines d’autres maisons d’indigènes. Celle-ci réclama au Délégué de l’intérieur une somme de 1000 Francs pour refaire sa maison. Les fidèles restés à Yoff subirent toutes sortes de brimades au point qu’ils quittèrent le village pour se réfugier à Dakar chez certains compagnons comme Thierno Ababacar Sylla, Abdoulaye Diouf, Alassane Ndoumbé Dior, Ndongo Diagne etc., tous des disciples de Seydina Limamou Lahi al Mahdi (psl).
Durant toute cette absence, la communauté fut dirigée par son ami et fidèle compagnon Thierno Ababacar Sylla. Parallèlement, le délégué de l’interieur Cléret (50) avait mobilisé tous les hommes valides des 7 villages lébous (51) de Dakar pour retrouver le Saint Maitre, en plus de télégrammes envoyés à ses collègues et supérieurs…
45 Il s’agit du cimetière de Dakar transféré à Yoff le premier juin1974 à quelques centaines de mètres du mausolée de Seydina Limamou, différent du cimetière de Yoff layène qui est au bord de la plage à Damalahi.
(46) En souvenir de l’arbre qui surplombait la dune.
(47) Village non habité à l’époque et qui sera désigné du nom d’un marigot qui y était situé.
(48) Afrique occidentale
(49) Lait caillé : il s’agit en réalité de lait frais (mêw en wolof) et de lait caillé (soow). C’est du lait caillé qui avait été servi au Prophète (PSL) par le berger du troupeau d’Abou Bakr lors de l’exil de la Mecque vers Médine dans la grotte de Hira. Mouhammad Hamidoulâh écrit dans le Prophète de l’Islam Tome 1 Page 158 : le berger du troupeau d’Abou Bakr apporta chaque soir la provision de lait, et le fils d’Abou Bakr, les nouvelles de la ville. La disparition d’Abou Bakr attira des châtiments sur les membres de sa famille, même ses filles, de la part des mecquois, qui annoncèrent une récompense de 100 chameaux à quiconque apporterait des nouvelles des disparus. Après trois jours, alors que la ville était un peu camée, le berger d’Abou Bakr et le guide se rendirent à la caverne, avec les deux chamelles de voyage, et la petite caravane des quatre s’achemina vers Médine.
(50) Accueilli avec indifférence à son début, ce fameux appel commençait à inquiéter les autorités coloniales, comme l’illustre Céret directeur de l’intérieur à Dakar (de 1887 à 1888) qui dans son rapport du 19 septembre 1887 fait état du ralliement de certains marabouts à Limamou et affirme que leur présence autour de celui-ci était plus qu’un encouragement pour les autres.
(51) Ndakaru, Ngor, Ouakam, Mbao,Yoff, Thiaroye et Rufisque.
Écrit par: soodaan3
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