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BAYE SEYDI THIAW LAHI SUR LES 364 HA OFFERTS A L'ETAT DU SENEGAL Baye Seydi Thiaw LAHI
Épouse de Seydina Limamou Lahi (PSL) et mère de Seydina Issa Rouhou Lahi (PSL), Mame Faty Mbengue est née en 1850 à Yoff. Fille de Ndongo Sèye Mbengue et de Fatouma Diop, elle était originaire du quartier Mbenguène dudit village et était Lébou de pure souche et apparentée aux grandes familles du Cap Vert. Malgré ce statut privilégié, Mame Faty Lahi est restée quasiment méconnue de beaucoup parmi nos contemporains.
Les témoignages collectés en famille, en milieux lébou , en particulier au sein de la branche « Waner » à laquelle elle appartenait ainsi qu’au sein de la Confrérie Layène nous permettent de dresser cette ébauche de portrait tout étant conscient que Seul Dieu et son Envoyé pouvaient la connaitre parfaitement.
Son arbre généalogique mène à de prestigieuses et grandes familles de la contrée de « Tank » et de Dakar tant du coté maternel que paternel. Sa mère Fatouma Diop était fille de Bineta Guèye et cette dernière était Waneer de la lignée Diatté Nianga l’une des fondatrices du village de Mboukhekh (premier village de Tank) au milieu des années 1400. Quant à son père Ndongo Séye Mbengue, il était fils de Madiene Mbengue et de Yabéye Khoy Seck et appartenait par cette dernière à la grande famille Samb de Malick plus connu sous le sobriquet « Malick Ab Deungagne » ou encore « Malick Samb Niayou Ndeungagne » fondateur du quartier Ndeungagne vers 1609.
Du coté paternel, et notamment de la famille Mbengue, on note les ascendants ci-après qui mènent directement aux deux célèbres frères Bireima et Bour :
Ndongo Séye Mbengue ——- Madiéne Mbengue ——- Massamba Mbengue ——- Bour Mbengue
Sa lignée maternelle « Waneer » de Diatté Nianga s’étend à travers le Cap Vert et va jusqu’au Djoloff d’où elle est originaire.
Pour dépeindre la personnalité de cette honorable dame, on ne peut mieux faire que de se référer au qualificatif de « chaste » qu’employa son mari pour la décrire à la veille du lancement de son Appel en 1884. Ce qualificatif est le même que Dieu utilisa dans la Sourate 66 At Tahrim Verset 12 du Saint Coran pour décrire Mariama Ibnata Imrana à savoir « celle qui a su préserver sa chasteté ».
C’est une véritable « vierge noire » qu’elle semble représenter avec un sens élevé de sagesse, de dignité et d’hospitalité. On la décrivait comme dotée d’une forte personnalité, d’une grande rigueur morale et d’une foi inébranlable en la mission prophétique de son mari.
Eduquée dans la pure tradition Léboue, Mame Faty Mbengue a grandi dans son quartier avec une éducation religieuse et traditionnelle stricte comme savaient bien le faire nos arrières grands parents.
On lui apprit aussi l’accomplissement des travaux ménagers dés le plus jeune âge et elle était ainsi très tôt outillée pour entretenir des relations humaines convenables avec tout un chacun et conduire correctement les destinées d’un foyer. On estime que ce serait à l’âge de 23/24 ans, donc vers les années 1873/1874, qu’elle se maria avec un autre natif du village déjà connu pour ses qualités, sa piété et sa générosité, Limamou Thiaw du quartier voisin de Ngaparou. Elle ne tarda pas alors à rejoindre le domicile conjugal au « EUT » de Ndoyene de Biram Mou Mag à Ngaparou où résidaient son mari ainsi que sa mère Mame Coumba Ndoye et son oncle Gorgui Ndoye. Pour l’accompagner, et comme c’était la tradition, on lui chercha une jeune parente devant l’aider dans les travaux domestiques et qu’on dénommait en ouloff « Tope ».
Selon Mame Oumar Diéne notable au quartier Ndénatt de Yoff et neveu de Seydina Issa(PSL), le choix fut délicat pour la famille car il fallait trouver l’oiseau rare pouvant s’intégrer chez une belle mère vertueuse et d’une grande générosité ainsi que chez un mari déjà réputé pour ses qualités exceptionnelles. Comme le raconte Cheikh Makhtar Lo dans son ouvrage « Busra al- Muhibin wa tayqiz al- jahilin », la demeure de Mame Coumba Ndoye et de son fils Limamou Thiaw était réputée à l’époque dans le village et au-delà pour des actes de bienfaisance et plus particulièrement pour ses secours aux nécessiteux et aux voyageurs en détresse.
Le choix de l’accompagnante se porta finalement sur la jeune cousine Bineta Babou Diop, petite fille de Paya Gueye, sœur de Bineta Gueye citée plus haut et donc cousine de Mame Faty Mbengue. Bineta Babou Diop, bien imprégnée des us et coutumes lébou, dotée de belles qualités humaines et éduquée à l’ile de Gorée où elle a passé son enfance, présentait l’avantage d’être une fille intelligente, ouverte d’esprit et évoluée pouvant s’adapter à tous les milieux.
Pour revenir à Mame Faty Mbengue, il convient de noter qu’elle s’installera dans son nouveau foyer dans le bonheur et la félicité. Mame Faty se plaisait bien dans cet environnement familial fortement marqué par une pratique religieuse intense et des actions de haute portée sociale.
La grâce divine ne tarda pas à se manifester dans la famille avec un heureux événement, la naissance en 1876 d’un garçon venu au monde avec son prénom Issa gravé sur son corps. Cet événement important retint certes les esprits mais ne surprit guère les proches qui savaient que Dieu ne pouvait que bénir et répandre sa grâce sur un foyer si pieux et habitué à la bienfaisance. Mame Faty donnera naissance quelques années plus tard à deux autres enfants Malick Lahi et Aita Séne Lahi.
Bineta Babou gardera toute sa vie contact avec la sainte famille et c’est ainsi que sur le chemin d’exil vers Ngaham en 1906, Seydina Issa(PSL) fut hébergé un moment à Rufisque par sa tante qui résidait alors dans cette ville. Devenu plus tard Khalif, le Saint homme sera reconnaissant envers sa vielle tante en l’entourant de son affection et de tous les soins. Il l’avait installée non loin de sa résidence de Yoff au domicile de son cousin l’éminent Serigne Doune Pathé Ndoye où, déjà octogénaire, elle s’éteignit à la fin des années 30.
Période post Appel
La vie de Mame Faty Mbengue comme la marche de son foyer connaitront un bouleversement important en l’année de grâce 1884 avec le rappel à Dieu de Mame Coumba Ndoye mais surtout avec l’Appel, lancé trois jours après ce triste événement, par Seydina Limamou Lahi (PSL), désormais investi d’une mission prophétique. Personne ne pouvait décrire mieux que le Saint homme lui-même la métamorphose qui allait s’emparer de son foyer et c’est ce qu’il fit à la veille de son Appel en s’adressant à ses proches, notamment à ses deux épouses Faty Mbengue et Farma Diop qu’il qualifia alors de chaste pour la première et de sainte pour la seconde. Il leur fit comprendre en substance que Dieu l’avait placé au dessus de toutes les créatures et qu’Il lui a donné l’ordre d’appeler les hommes et les djinns pour les guider vers Lui.
L’Appel qu’il lança alors à travers les rues et ruelles du village fut mal compris et mal accepté par des habitants surpris et incrédules qui le considérèrent comme provenant d’un homme brave et vertueux certes mais atteint de folie. Mame Faty Mbengue comme sa co-épouse furent alors contraintes par leurs proches de quitter le domicile conjugal, laissant l’élu de Dieu affronter momentanément seul les épreuves.
Mais Mame Faty ne tarda pas à retourner sur ses pas malgré la ferme opposition de ses proches qui étaient allés jusqu’à lui attacher les pieds pour l’empêcher de rejoindre son époux. Femme de caractère, rien ne pouvait en ce moment là la contrarier ou s’opposer à sa détermination d’aller rejoindre son mari et lui apporter toute son assistance. Il ne pouvait pas en être autrement pour elle qui avait été déjà mise en garde par son époux mais aussi pour avoir été amenée comme témoin lors de l’ascension diurne de Seydina Limamou Lahi (PSL) vers son Seigneur quelques jours auparavant plus précisément au 25ième jour du mois de Radjab.
A propos de ce retour à son foyer, il convient de rapporter ici l’émouvant témoignage de Seydina El Hadji Abdoulaye Thiaw Lahi sur les circonstances du retour triomphal de sa grand mère au domicile conjugal. C’est au cours d’un séjour en 1988 à Gossas Layéne où nous l’avions trouvé que le vénéré Khalif nous raconta les détails de ce retour. Selon lui, en la voyant revenir en pleine nuit dans la concession en rampant, poings et pieds liés, Seydina Limamou (PSL), dans l’obscurité de la cour, l’interrogea à trois reprises pour avoir la confirmation que c’était bien elle.
« Ki dou Fati, ki dou Fati, ki dou Fati » répétait il.
En lui répondant par l’affirmative, l’élu de Dieu, satisfait et rassuré, lui donna alors cette assurance ou garantie :
« In cha Allah, lo diour di Limamou »
Elle lui fit acte d’allégeance et prit rapidement le « Wird » et devint ainsi la première femme à répondre à l’Appel du Mahdi. Et dès ce retour, la brave Mame Faty reprit les leviers du foyer et se dévoua corps et âme aux tâches d’organisation et de gestion de la sainte demeure et à l’accueil des premiers fidèles qui venaient adhérer à la confrérie aidée en cela par sa jeune et dévouée cousine Bineta Babou Diop. Bien armées moralement, Il leur fallait alors contribuer à stabiliser le foyer et trouver en urgence les ressources nécessaires à son entretien.
Selon toujours Mame Oumar Diéne, Mame Faty, pudique et ne voulant compter que sur elle-même, alla en compagnie de sa jeune cousine cueillir en brousse des cerises ou « héwar » en ouolof qu’elles iront vendre le lendemain à l’embarcadère de Gorée que connaissait bien Bineta Babou. Et c’est en partie avec les revenus tirés de ce petit commerce que la famille a pu survivre au cours de cette dure période.
Il faut noter ici que le couple ne fut pas par la suite aussi isolé ou démuni que cela pouvait être. Il bénéficia du soutien de l’oncle Gorgui Ndoye et celui du premier cercle de fidèles constitué par les amis Momar Bineta Samb et Thierno Sarr Thiom, le neveu Momar Diagne Kheury Thiaw ainsi que les cousins Daouda Ndoye et Amadou Barro Ndoye. Il en est de même de l’ancien compagnon de pêche Ndiagne Sada Ngningue et son frère le Diaraf de Yoff en titre Mar Ngningue, tous deux très disponibles envers le Saint homme.
Dotée d’une foi profonde en la mission de son époux et ne doutant point de sa véracité, la vertueuse Mame Faty ouvrit ainsi les portes de la concession et offrit l’hospitalité aux nombreux fidèles qui affluèrent de partout pour venir répondre à l’Appel du Mahdi. Toutefois, son passage sur terre ne sera pas de longue durée et elle ne vécut que 52 années et quitta ce bas monde en 1902 lors de la grave épidémie de peste qui sévissait alors. On raconte que le Grand Waliou Tafsir Ndické Wade à qui Seydina Limamou avait demandé de prier pour la fin de cette épreuve avait, au terme de sa retraite spirituelle, prédit l’arrêt de cette épreuve mais avec comme signe la mort de deux épouses du Saint maitre ainsi que la sienne.
La disparition la même année, 1902, des proches du saint maitre, ses deux épouses Mame Faty Mbengue et Mame Toute Sylla ainsi que deux grands disciples, Tafsir Ndické et Thierno Mbaye Sylla fut douloureusement ressentie au sein de la communauté religieuse naissante et les fidèles se consolèrent longtemps avec cette chanson à eux dédiée :
« Yaye Fati Yaye Toute Tafsir ak Baye Mbaye dioylene niou bakhnia la ilaha ila Lah »
A travers ces faits, on mesure la personnalité de la sainte Faty Mbengue Lahi et on apprécie le rôle fondamental qu’elle avait joué dans la mission de son très saint époux.
En se référent à l’histoire des religions révélées, on peut noter que Mame Faty Mbengue réunissait en sa personne certaines qualités et mérites que l’on trouvait chez les cinq femmes du Paradis citées dans les livres saints à savoir Assia, Mariama, Hadija, Fatima et Aicha.
Et il nous plait de rappeler, en guise de conclusion, l’hommage que lui avait rendu le grand sahaba et talentueux poète Mame Mali Mbaye en disant en substance qu’elle avait accompli son devoir en donnant naissance à quelqu’un qui était à la fois roi, sahaba et prophète.
Écrit par: soodaan3
today19 novembre 2024 217 6
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Faty Maryama Laye Diop sur 17 août 2022
Mashallah ❤️
soodaan3 sur 17 août 2022
soodaan3 sur 17 août 2022
Merci, Mame Faty, pour votre réaction.