CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°03 : Emigration clandestine

today20 novembre 2020 36 3 5

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ALLAH A DÉJÀ UN PROJET POUR CHACUN DE SES SERVITEURS

Malgré le bilan élevé, le phénomène prend de l’ampleur

Depuis plusieurs semaines le phénomène du « Barça ou Barzakh » a repris libre cours dans la plupart des Côtes ouest africaines. Le nom donné à ce phénomène est d’office révélateur du caractère désespéré de cette nouvelle tendance pour regagner un Eldorado devenu pourtant hypothétique (l’Europe).

En effet, un taux de chômage quotidiennement grandissant dans ce pays (l’offre de travail est largement en deçà de la demande qui augmente de jour en jour) depuis plusieurs dizaines d’années, et l’éteinte de toute lueur d’espoir en un avenir meilleur a poussé la jeunesse à perdre foi et à commencer à se radicaliser. Ainsi, là où certains jeunes se battent au quotidien pour gagner leur vie à la sueur de leur front, d’autres se convertissent volontairement en devenant des agresseurs. Par contre, pour améliorer des conditions de vie restées précaires d’autres jeunes du pays tentent l’aventure à la recherche de prairies plus grasses. À bords d’embarcations de fortune, ces centaines de jeunes sénégalais, déçus par des promesses électorales jamais réellement tenues affrontent l’immense océan Atlantique pour atteindre clandestinement la côte espagnole des Îles Canaries en quête de conditions de vie meilleure. Malheureusement, plusieurs centaines de ces jeunes ont déjà péri dans les eaux profondes de l’Atlantique laissant des plusieurs veuves et des orphelins derrière.

Si officiellement le nombre de pertes se chiffre à quelques 500, nul ne peut quantifier réellement le nombre exact de ses morts « prématurés » car plusieurs personnes sont portées disparues dans le pays depuis plusieurs mois déjà. Et pourtant le phénomène semble toujours gagner de l’ampleur. Car, en dépit des nombreux corps qui inondent les côtes du pays, il ne se passe pas un jour sans qu’une pirogue rempli de « clandos » ne quitte les côtes sénégalaises pour tenter l’aventure. À ce niveau, il convient de souligner que les responsabilités sont partagées.

D’abord, la société, injuste à bien des égards, a pendant longtemps favorisé les expatriés. En effet les sénégalais installés dans les pays occidentaux sont toujours favorisés quand il s’agit de donner sa fille en mariage là où le « gorgorlou » national doit rassembler au moins un bon million pour avoir la chance d’épouser une belle fille. Cela a contribué à creuser le fossé des disparités entre les classes (riches et pauvres). Ensuite, les pressions d’ordre familial qui rappellent tout le temps au chômeur qu’il constitue un poids pour les siens qui n’hésitent pas alors à le traiter de fainéant, de bon à rien et d’incapable. Enfin, l’État n’a encore jamais trouvé la formule pour résorber le problème du chômage des jeunes depuis les indépendances.

Plusieurs politiques ont pourtant été mise en place depuis les indépendances pour réduire le chômage mais se sont finalement avéré aussi budgétivores que stériles. À titre d’exemple, nous rappelons juste les impertinentes et improbables politiques d’ajustement structurel – ces politiques rétrogrades et appauvrissantes imposées par les Institutions de Bretton Woods – et dont aucun des deux régimes politiques (socialiste et libéral) qui se sont succédé à la tête du pays n’a su réparer les effets néfastes malgré leurs nombreuses tentatives. Et cela a fini par installer l’idée que l’État en lui-même est impotent, incapable.

Aujourd’hui, de jeunes espoirs (dont un ado de 15 ans à peine), une partie de la jeune élite intellectuelle (plusieurs jeunes étudiants en master), une partie de la main-d’œuvre nationale ont ainsi tragiquement péri dans les eaux sur le chemin de la croisade contre la pauvreté et la quête d’une vie meilleure.

Pour ces braves frères et sœurs, je prie Allah de leur accorder Son Pardon et les accueillir dans son Paradis.

À nos frères et sœurs qui restent (surtout ceux tentés par l’aventure), nous conseillons de ne pas désespérer mais de nous rappeler que malgré cette dure épreuve le secours d’Allah est proche comme le précise ce verset :

(أَمۡ حَسِبۡتُمۡ أَن تَدۡخُلُوا۟ ٱلۡجَنَّةَ وَلَمَّا یَأۡتِكُم مَّثَلُ ٱلَّذِینَ خَلَوۡا۟ مِن قَبۡلِكُمۖ مَّسَّتۡهُمُ ٱلۡبَأۡسَاۤءُ وَٱلضَّرَّاۤءُ وَزُلۡزِلُوا۟ حَتَّىٰ یَقُولَ ٱلرَّسُولُ وَٱلَّذِینَ ءَامَنُوا۟ مَعَهُۥ مَتَىٰ نَصۡرُ ٱللَّهِۗ أَلَاۤ إِنَّ نَصۡرَ ٱللَّهِ قَرِیبࣱ)

« Pensez-vous entrer au Paradis alors que vous n’avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous? Misère et maladie les avaient touchés; et ils furent secoués jusqu’à ce que le Messager, et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés: « Quand viendra le secours d’Allah ? » – Certes, le secours d’Allah est sûrement proche ».[Sourate Al-Baqarah 214]

À nous tous qui sommes encore là et qui croyons en Allah et en Sa Miséricorde nous rappelons encore ce verset :

(یَـٰۤأَیُّهَا ٱلَّذِینَ ءَامَنُوا۟ ٱسۡتَعِینُوا۟ بِٱلصَّبۡرِ وَٱلصَّلَوٰةِۚ إِنَّ ٱللَّهَ مَعَ ٱلصَّـٰبِرِینَ)

« Ô les croyants! Cherchez assistance dans l’endurance et la prière (Aṣ-Ṣalāt). Car Allah est avec les endurants.» [Sourate Al-Baqarah 153]

Pour nous autres disciples du meilleur des hommes (les Ahloulahi) nous partageons ce conseil séculaire :

Ñun gaayi Baay Laahi

Na ñu muñ té yaatu

May gaa ngi ak Baay Laahi

Ñun gaayi Baay Laahi

Na ñu gëm té woolu

Yaakaar té doylu

Nous saluons la démarche entreprise par le Sage de Touba, l’éminent et pragmatique Cheikh Mouhamadoul Mountakha Mbacké en appuyant moralement, financièrement et psychologiquement les familles de victimes. Nous apprécions aussi le message fort de sens du pertinent Khalif de la Fayd Tidjane, le professeur émérite Cheikh Mouhamadoul Mahi Ibrahima Niasse. Nous nous souvenons et nous inclinons devant la mémoire de celui que tous appelaient le « Docteur de la Jeunesse », Chérif Ousseynou Lahi qui fut le premier guide religieux de ce pays à avoir tiré la sonnette d’alarme sur le phénomène du « Barça ou Barzakh » à l’occasion de la cérémonie officielle de l’Appel de Seydina Limamou Lahi (asws) au début des années 2000.

Allah a déjà un projet pour chacun de Ses Serviteurs.

Qu’Allah nous assiste tous et nous apporte Son soutien par la grâce de l’élu Seydina Limamou Lahi Al Moukhtâr Wa Seydil Anlamîna.

Chérif Alassane Lahi Diop

« Sibt Sâhibou Zamâne »,

Analyste politique et économique,

Secrétaire général de Vision 129

 

Écrit par: soodaan3

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