CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N° 11 : Sommes-nous réellement des Ahloulahi ?

today15 janvier 2021 16

Arrière-plan
share close

TRIBUNE DU VENDREDI N° 11 : SOMMES-NOUS RÉELLEMENT DES AHLOULAHI ?

Evaluons notre « layénité »

« Wahlamû Annî Muhibbukum walâ Ane sâkum hatâ tat hulûl jannata wa tamkussû fîhâ dahrane wa tane-sawnî wa rabukum »
Autrement dit : « Sachez que je vous aime (ou je suis votre ami) et je ne vous quitterai jamais tant que vous n’entriez pas au Paradis et que vous n’y auriez pas vécu un long séjour après lequel vous m’oublierez et oublierez votre Seigneur ».

En imaginant le saint-maitre prononcer ces propos, j’en ai eu la chair de poule.
Mais la question qui me torture l’esprit dernièrement est de savoir si nous autres qui sommes très prompts à nous réclamer disciples du meilleur des hommes, méritons-nous véritablement cette déclaration d’amour qu’il a adressée à sa sainte communauté, les Ahloulahi ? Ce qui me conduit à ma deuxième question : Sommes-nous réellement des Ahloulahi ?
A travers cette tribune, nous tenterons d’esquisser l’identité du Layène pour que chacun de nous puisse se regarder dans un miroir et répondre lui-même à ces 2 interrogations.

Être Layène ne se résume pas uniquement à avoir un grand chapelet (avec des perles de type « pémé »), à porter des habits de couleur blanche tout le temps, à allers aux dahiras, aux chants religieux ou à accompagner les guides partout de manière ostentatoire et avec un excès de zèle inutile ni à crier partout sa « layénité » alors qu’elle n’est pas réellement ancrée dans le cœur ni dans les valeurs et donc ne se révèle pas dans les actes et paroles.

Être Layène, c’est avant tout être un bon musulman, le musulman par excellence. Autrement dit, le Layène c’est celui qui est entièrement soumis à son Créateur Allah Rabbul Anlamîna en souvenir de Qui il respecte constamment le pacte originel de servitude et d’adoration, et à Qui il voue un culte exclusif. Être Layène, c’est faire le bien et le promouvoir autour de soi, s’éloigner du mal sous toutes ses formes et l’interdire autour de soi. C’est aussi celui qui respecte scrupuleusement les 5 piliers de l’islam à savoir la Chahâda (profession de foi), la prière (les 5 prières quotidiennes obligatoires), la zakat (à sortir régulièrement comme l’a enseignée le saint-maitre) et le pèlerinage à la Mecque une fois dans sa vie (dès que les conditions physiques et financières le lui permettent). L’on serait tenté de me dire : si ce n’est que cela, il n y a alors aucune différence avec ce que font les autres musulmans ! Et j’aurais répondu volontiers : oh que si ! Mais demander alors qu’est-ce que le Layène fait d’autre en plus de ce que font les autres musulmans.

Par exemple, par rapport à la prière le saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws) négligez pas les prières.
C’est pourquoi le Layène va à la mosquée dès qu’il entend l’appel à la prière et participe à la séance de zikrulah collectif d’avant prière (telle que recommandé par le saint-maitre). À la fin de sa çalât, il ne quitte pas sa natte de prière ; mais il reste dans sa position en prononçant la kalimatou chahâda 3 fois avant de réciter la prière sur le prophète à 3 reprises. Ensuite il fera son tassab (ce package consistant à réciter 100 fois la basmala et à rendre grâce à Allah 100 fois avec la formule Al Hamdoulila Rabbil Anlamine entre autres formules). Il fera aussi son wird-passeport (matérialisant son pacte d’allégeance au saint-maitre) matin et soir comme enseigné par le 1er Khalif Seydina Issa Rohoulahi (as). À souligner qu’il est recommandé au Layène de renouveler ses ablutions à chaque heure de prière. Par ailleurs, Seydina Limamou Lahi a été le premier guide à réserver une place aux femmes dans ses mosquées. C’est pourquoi les femmes Layènes vont aussi à la mosquée en restant dans une partie isolée qui les sépare des hommes. À l’époque, plusieurs érudits n’étaient pas d’accord avec lui (psl). Mais, aujourd’hui, l’histoire semble lui avoir donné pleinement raison sur eux. Car dans la quasi-totalité des mosquées du pays, on a copié Seydina Limamou (asws) en réservant aussi une place aux femmes.

Par rapport à la zakat (ou aumône légale), le Layène la sort immédiatement (sans attendre la fin de l’année comme il était de coutume avant l’avènement du saint-maitre) et l’applique sur tous ses biens et richesses sans exception (au lieu de la limiter à une seule catégorie de biens) dès qu’il a une rentrée de fond. Avec un taux de 2,5% (soit 25 francs pour chaque 1000 francs), la zakat est automatiquement reversée aux ayant droits.  Ce qui fait de la zakat un levier sûr et efficace pour lutter contre la pauvreté.

Par rapport au ramadan, le Layène ne célèbre pas la « leylatul khadre » (nuit de la destinée) que sur la dernière décade (au 27 ou au selon les courants). En effet, le saint-maitre recommande de considérer chaque nuit de ramadan comme étant celle de laylatul khadre (dont Allah disait qu’elle est meilleure que mille mois). C’est pourquoi l’excès de zèle dans les actes de dévotion dont fait montre tout le monde pendant les dix derniers jours, le Layène l’affiche pendant tout le mois en espérant bénéficier davantage de l’amour de son Créateur.

Le Layène c’est celui qui habille ses morts avec au moins 21 mètres de percal au lieu des 7 m traditionnels. Avec ces 21m il confectionne au défunt un pantalon (une jupe longue pour la défunte), un petit boubou [lui arrivant aux genoux], sur lequel on ajoutera une djellaba avec capuche (une robe longue et à manches longues couvrant tout le bras pour la défunte), un turban (un mouchoir de tête pour la défunte) avant de l’envelopper avec le reste du tissu. Les Layènes accompagnent leurs morts à leur dernière demeure en chantant la gloire du Seigneur pour lui montrer qu’ils ont accepté Sa volonté toute discrétionnaire de reprendre ce qui Lui appartient en vérité. C’est aussi celui qui respecte la volonté de Seydina Limamou Lahi (asws) qui interdisait les cérémonies de 3e, de 8e et de 40e jours pendant les funérailles.

En outre le Layène ne ment pas, ne médit pas, ne vole pas, ne trahit pas, ne détourne pas des fonds appartenant à autrui. Il ne dénigre pas son prochain ni ne nourrit des mauvais soupçons envers lui. Le 3e Khalif Baye Seydi Thiaw Lahi disait d’ailleurs « ay djéppite dou nou djépinté » (des gens que les autres méprisent ne doivent pas se mépriser entre eux). Il s’y ajoute que le Layène se limite à ce dont Allah l’a gratifié en termes de moyens de subsistance ou de possession et n’envie jamais son prochain quelle que soit sa richesse ou son pouvoir. Il n’agresse jamais son prochain ni par la parole ni par les actes. D’ailleurs le prophète nous enseignait : « al mouslimu mane salimal mouslimiina min lissaanihi wa yaddihi ». Autrement dit, « le musulman c’est celui dont les autres musulmans sont à l’abri de tout mal provenant de sa langue ou de sa main ».

D’ailleurs, le Layène est un non violent. Et cela repose sur cette injonction du saint-maitre qui conseillait sagement aux fidèles : « si en marchant dans la rue quelqu’un arrivait à couper votre chapelet, ne réagissez pas. Essayer plutôt de ramasser les perles éparpillées. Si en le faisant il vous l’interdisait, laissez-les avec lui et aller trouver un autre chapelet. » Ce qui fait de Seydina Limamou Lahi le plus grand acteur de la non-violence pour qui connaît la valeur et le symbole que constitue le chapelet pour un croyant.

Le Layène ne touche pas au tabac, encore moins à l’alcool et à la drogue quelle que soit sa forme. Le Layène c’est celui qui ne rivalise pas avec son prochain sur la simple base de ses avoirs et richesses. Mais c’est celui qui rivalise d’ardeur dans ses actes d’adoration envers Allah et dans l’amour envers Son prophète. La liste des traits, comportements et valeurs qui définissent l’identité du Layène est loin d’être exhaustive.

Globalement, le Layène c’est un grand combattant sur le chemin du « Jihâdu Nafs » la guerre contre les passions. Cette guerre encore plus importante et plus difficile que le « jihâd » fait avec des armes. En ce sens qu’elle consiste à lutter contre ses propres envies et contre soi-même.

Pour clore ce registre, nous dirions que le Layène c’est celui qui tend à copier et à ressembler au meilleur des hommes. Lui-même disait à ce propos (asws) : « Fan zurû ilaya…» disait-il dans son sermon. Autrement dit « observez-moi, copiez-moi » [dans mes faits et propos]. Connaissant la nature humaine qui ne peut éviter la médisance, Seydina Limamou Lahi (asws) conseillait : « si vous ne pouvez pas vous empêcher de médire, de grâce médisez sur moi ». Il était, en effet, conscient que si les gens, ses fidèles comme ses détracteurs devaient médire sur lui, hélas ils ne pourraient dire que du bien – ce qui leur attirerait plutôt des faveurs de la part d’Allah – car nul ne lui connaissait aucun défaut. Et même ses détracteurs les plus obstinés et les plus cruels envers lui disaient ceci : « Limamou daal mo niou gueun té Dina niou lakka ba niou diekh taak. Ndakh Lou bakh louné défal na niouko waayé daal nouy khol moko manoul beug. »

En résumé être un Layène c’est être un ambassadeur, un digne représentant de Seydina Limamou Lahi (asws) partout et tout le temps ; ce qui implique d’être irréprochable quand il s’agit de faire le bien et d’éviter le mal, d’être un modèle de piété en tout point, être une référence dans les actes de dévotion et d’être un phare sur lequel les autres (musulmans) peuvent se référer pour s’orienter ou rester dans la Çirât Al Mustaqîm. C’est d’ailleurs ce que semble chanter le célèbre poète-compositeur parmi les Ahloulahi, Baay Malick Mbaye :

Leeruk Yàll gi mu sol Maam Limaamu Laahi mu di baawaan si ndoongoom yi du li caaxaan
Seen kanam ya né naññay melax da noo amé diiné

Son « collègue », le prolifique et pertinent Libasse Niang résumait l’identité du Layène à travers plusieurs vers parmi lesquels :

Rafet ngëm ci Baay Laahi mooy
Ki jeema roy jikkoom
Waxew yiiw jëfew yiiw maandu
Lee gën ci taalibé

Bu leen fenn bu leen jëw yeen
Bu leen bokka cik ràmbaac
Li Baay Laahi di diglee ngoogu
Looloo di jàllu ba

Di leen jàppa tey sellal
Di laay laay ca jakka ja
Li Baay Laay di diglee ngoogu
Looloo di jàllu ba

À partir de là, j’invite chacun de nous à évaluer sa « layénité » et à tenter lui-même de répondre aux deux questions initialement posées au début de cette tribune.

« Yalna Buur saxal nu ci ngëm té jubbël nu yoon wa di jëm ilayiina Daaru Nahiim »

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibtou Sâhibou Zamâne »,
Secrétaire Général de Vision 129

 

Écrit par: soodaan3

Rate it

0%
Restez informé des nouvelles publications en activant les notifications...! OK Non