Dans une poignée de jours, les 4 et 5 mars prochains, la communauté Ahloulahi «communauté des Partisans d’Allah» ou «communauté Layène» pour d’autres, sous l’autorité spirituelle du Khalif Seydina Mouhamadou Makhtar Lahi, commémorera le 142ème anniversaire de l’Appel de son fondateur, le saint-maitre Seydina Limamou Lahi Al Mahdi (asws).
En effet, ce fut un dimanche 1er jour du mois lunaire Cha’bân de l’an 1301 de l’hégire que le saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws) avait lancé le cri de ralliement des messagers «Ajîbû da’ya lâh ! Yâ ma’charal insi wal jinni innî rassûlu lâhi ileykum»; ce qui signifie «Répondez à l’Appel de Dieu ! Ô peuple d’hommes et de djinns, je suis le messager d’Allah auprès de vous ». À partir de ce moment celui qui fut connu sous le nom de «Limamou Thiaw» venait de créer la prestigieuse communauté Ahloulahi, reconnue aussi bien pour la sainteté de ses adeptes, la pureté de son culte exclusivement basé sur le tawhiid (l’unicité de Dieu), le principe de justice et d’égalité sociales (entre les fidèles) qui le régit, la place prépondérante donnée aux enfants, que par ses pratiques culturelles et religieuses qui, pour la plupart, sont différentes des autres mais qui sont « d’une parfaite orthodoxie musulmane » pour citer le regretté professeur-mouhaddam Assane Sylla.
En prélude, donc, à la célébration de la naissance de cette communauté, nous vous invitons à embarquer dans un voyage dans le temps pour vivre ensemble les péripéties de la vie de son fondateur.
Seydina Limamou Lahi (asws) est le fils d’Alassane Thiaw de Yoff Tonghor et de Sokhna Coumba Ndoye de Yoff Ngaparou. Son père Alassane Thiaw est le fils de Sény Thiaw et de Thiaba Samb. Sény Thiaw était le fils de Ibrahima Thiaw dit «Déthié» et de Mame Top Ndiaye. Sény Thiaw avait un frère jumeau du nom d’Alassane Thiaw ; mais ce dernier mourut très jeune. C’est pourquoi, plus tard, en souvenir de son jumeau décédé, Sény Thiaw donna son prénom à son fils Alassane Thiaw (futur père de Seydina Limamou Lahi). C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en chantant les mérites de Seydina Limamou on utilise souvent le terme Alassaan (ak) Sény pour dire qu’il est le fils de Alassane fils de Sény. Il convient aussi de préciser qu’Alassane est la déformation locale du prénom arabe «Al Hassan» et Sény est celle de «Al Hussein» en référence aux prénoms des petits-fils du prophète Mouhamed (asws). Par contre, Sokhna Coumba Ndoye est la fille de Mame Birame Ndoye (fils de Ngagne Ndoye) Gorgui Ndoye et de Ndèye Coumba Thiaw (fille de Mathiaw et Dianor Diagne). Bien avant la naissance de Seydina Limamou Lahi, plus précisément en 1255 de l’hégire (correspondant à l’an 1837) l’on raconte qu’un grand érudit de la tariqa Tîdjân appartenant à l’ethnie Hal-pulaar avait lancé le jihad contre quelques ethnies païennes dans la région naturelle de la Sénégambie.
À ce niveau, deux versions sont apparues : l’une d’elle rapporte que le guide religieux en question fut l’éminent «Mujâhid» Cheikh El Hadji Omar Al Foutiyou tandis que selon l’autre il s’agirait du Cheikh Mouhamadou Ba de Ouromâdi. Pour ceux qui soutiennent la version suivant laquelle ce fut Cheikh Omar Al Foutiyou le guide en question, ils avancent l’idée qu’il s’agissait en fait de deux groupes envoyés par la communauté léboue respectivement par le peuple de «Taanka» et par celui des douze peenc de Ndakaaru. Le groupe du peuple de «Taanka» étant envoyé auprès de Cheikh Omar ; tandis que celui des douze « peenc » de Ndakaaru fut dépêché auprès du Cheikh Ahmadou Ba. Le grand prédicateur Baye Libasse Sall fait partie de ceux qui ont soutenu que ce fut plutôt Cheikh Omar Al Foutiyou Tall le guide qui a reçu, à Halwar, la délégation dans laquelle se trouvait Alassane Thiaw.
Quoiqu’il en soit, à la suite de l’appel du guide au jihad «fî sabîli lâh», la communauté léboue de «Taanka» (formé par les villages Yoff, Ngor et Ouakam) très ancrée dans la foi musulmane, envoya ses plus braves guerriers. Parmi ceux-ci, figurait le jeune Alassane Thiaw (futur père de Seydina Limamou). Quand la délégation léboue arriva chez le guide toucouleur, elle le trouva entrain de recevoir les autres délégations venues d’un peu partout pour lui porter leur soutien dans sa quête d’islamisation des peuples noires. Or, en apercevant la délégation des lébous, le guide fut spirituellement informé que dans ce peuple naitrait plus tard l’Imam de la Fin des Temps, «Al Imam Al Mahdi Al Muntazar».
Aussitôt, il avait questionné son interprète sur l’identité et l’origine de ses membres. Après que ce dernier l’a informé qu’il s’agissait de guerriers issus de la communauté de pêcheurs vivant à l’extrême ouest du pays, le guide le chargea de les inviter exceptionnellement à se joindre à lui. Après les avoir remerciés pour leur dévouement et leur sollicitude, le guide religieux les pria, néanmoins, de retourner auprès des leurs. «Vous ne devez pas rejoindre le jihad pour la cause de l’Islam. C’est plutôt l’Islam qui viendra à vous !» Disait-il. Poursuivant, il leur fit la belle annonce de la naissance, en leur sein, de l’Imam que toute la Terre attendait depuis («Al Imam Al Mahdi Al Muntazar»). En effet, il avait vu une lumière scintillante à la ceinture d’Alassane Thiaw accompagnée d’un chant à la gloire du Tout-Puissant et dont les paroles étaient :
«Allah ! Allah ! Allahu Rabbanâ ! Allah ! Allah ! Allahu Hasbunâ !»
Sa grande science et son ouverture spirituelle (Fathu) lui permirent de décrypter clairement le message sous-jacent. Toutefois, conscient que s’il avait donné cette précision, on aurait pu, par jalousie, tenter de nuire au jeune Alassane Thiaw, le guide religieux s’était alors sagement gardé de mentionner son identité en tant que l’élu choisi pour être le futur père de l’Imam tant attendu. Il avait alors préféré conseiller : «une fois de retour chez vous, donnez le prénom «Limamou» à tous vos futurs nouveau-nés».
À leur retour, ils en informèrent le peuple lébou de «Taanka». Et ce ne fut pas moins de quatorze nouveau-nés garçons à qui il fut donné le prénom «Limamou» qui, il faut le préciser, est une déformation du terme arabe «Al Imâmu» (l’Imam, le Guide). Pourtant tous ces jeunes garçons perdirent la vie très tôt : certains tout juste après avoir été baptisés, d’autres avant même que le jour de leur baptême ne revint et d’autres encore après seulement quelques jours. Il ne resta que le jeune Limamou Thiaw fils d’Alassane Thiaw et de Sokhna Coumba Ndoye. [À suivre]
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