Le rappel à Dieu du cinquième Khalif Seydina El Hadji Abdoulaye Thiaw Lahi a plongé la communauté Ahloulahi dans une tristesse totale. Fils de Seydina Issa Rohoulahi (premier Khalif de Seydina Limamou Lahi), Serigne Ablaye, a marqué plusieurs générations de fidèles pour ses nombreux et remarquables services rendus à la communauté Ahloulahi pendant près de cinquante ans.
En homme déterminé et fin diplomate, son engagement, sa rigueur, sa sagesse, son éloquence, sa pertinence, son immense savoir et son sens de l’organisation lui ont permis d’assurer, de la meilleure des manières, la coordination et la traduction en actes concrets de la volonté de chacun des différents Khalifs de Seydina Mandione (2e Khalif) qui le nomma porte-parole de la communauté à Seydina Mame Alassane Lahi (4e Khalif). Et donc, à son accession au califat du Mahdi, il avait déjà tellement bien organisé les choses au fil du temps qu’il n’avait nullement besoin d’apporter aucune touche nouvelle. Or, après 20 ans de califat, il s’est éclipsé discrètement en prenant enfin un congé définitif et irrémédiable ce lundi matin. Le mois durant lequel il est parti coïncide au même mois d’août où son père quitta ce bas-monde. Et naturellement, son « frère » cadet, Seydina Mouhammadou Makhtar Lahi fils de Seydina Mandione Lahi le remplace sans nulle équivoque à la tête de la communauté comme lui-même l’avait précisé en 1971 suite à la disparition du deuxième Khalif « wiiw yoon ki fiy mak la nuy wormaal mu jiitu nu dem ».
Après avoir fait ses humanités sous l’autorité spirituelle de son Khalif de père, l’érudit pluridisciplinaire qui était le centre du savoir en son temps, et sous le contrôle de ses aînés Baye Seydi Thiaw Lahi, Seydina Mame Alassane Lahi et Seydina Abdoulaye, il a poursuivi ses études secondaires qui l’ont mené plus tard au Royaume chérifien du Maroc avant de rejoindre la France. Son séjour dans l’Hexagone lui permit de décrocher un diplôme d’ingénieur en informatique. Mais à son retour il préféra s’éloigner des projecteurs pour mener une vie d’ascète, plongé dans la méditation pendant plus de trente ans.
Son accession au califat au même âge qu’avait son père quand il succéda à Seydina Issa (as) constitue un tournant décisif pour la communauté pour plusieurs raisons. D’abord il est le dernier fils vivant de Seydina Mandione Lahi à qui la communauté doit sa stabilité et son unité depuis 1949. Ensuite il est inconnu de la quasi-totalité des fidèles comme ce fut le cas avec son frère aîné Baye Seydi Thiaw Lahi « Sangoup Jamono » quand il accéda au califat en ouvrant par la même occasion l’ère des petits-fils.
Enfin c’est un intellectuel averti qui allie le savoir religieux traditionnel à de solides connaissances modernes reçues des prestigieuses universités étrangères ; ce qui constitue un atout majeur et non négligeable pour un leader religieux de cette époque. Son arrivée à la tête des Ahloulahi constitue donc une occasion à saisir par tous les fidèles pour l’aider à pérenniser la mission de Serigne Ablaye et celle de ses prédécesseurs, dans un monde en perpétuelle mutation.
Aujourd’hui alors, il est fondamental que chacun de nous autres disciples apporte sa pierre à l’édifice du califat de Seydi Mouhamadou Makhtar Lahi, nouveau dépositaire du message de Seydina Limamou Lahi (asws) et gardien de son héritage. Pour la simple raison que la communauté doit une « dette » non encore payée à son vénéré père Seydina Mandione Lahi qui, en 1909, suite au rappel à Dieu du saint-maitre, avait gardé intact le califat jusqu’à l’arrivée de son frère aîné Seydina Issa Rohoulahi (as) qu’il installa lui-même à la tête de la communauté. Il l’assista et le servi, par la suite, pendant 40 longues années durant lesquelles il ne réclama jamais aucun titre ni aucun privilège – même si cela aurait été tout à fait légitime – si ce n’est celui de simple disciple de « Al Massîkh », son frère aîné (as). À travers ce dévouement, Seydina Mandione enseigna à tous l’humilité et le rôle du disciple [quelle que soit sa naissance ou son rang] face à son maître qui lui a été choisi par le Très-Haut. Ensuite, pendant toute la durée de son califat, Serigne Ablaye, avec son silence stratégique, avait suffisamment préparé le terrain pour l’avènement d’un successeur, son protégé qui plus est, pour impulser une grande dynamique révolutionnaire comme l’avait anticipé Seydina Mandione avec l’arrivée d’un troisième Khalif doublé de rénovateur (Mujaddid) à savoir Baye Seydi Thiaw Lahi.
Or, dans ce monde moderne où les choses ont déjà beaucoup évolué et continuent d’évoluer encore très rapidement, la communauté a besoin d’un guide formé par « Mak Ñi » et qui a le profil de Seydi Mouhamadou Makhtar, guide religieux-ingénieur, pour bénéficier pleinement et gérer de manière efficace et efficiente les avantages à capter de l’État central et de tout autre partenaire interne comme externe favorable à l’émergence de la communauté Ahloulahi.
En définitive, nous invitons tous nos frères et sœurs condisciples à faciliter la tâche à notre nouveau Khalif en l’aidant à perpétuer la mission salvatrice de son grand-père « Yaakaari Jaam Ñi » (asws). Pour cela, personne n’a le droit de ramer à contre-sens de sa volonté qui sera sans nul doute celle de Seydina Limamou Lahi (asws) et celle de chacun de ses successeurs. Et sachons enfin que « Mame Doudou Lahi » est aujourd’hui plus que jamais Seydina Limamou (asws), Seydina Issa Rohoulahi (as), Seydina Ababacar Lahi, Baye Seydi Thiaw Lahi, Seydina Mame Alassane Lahi et Seydina El Hadji Abdoulaye.
Mame Limamou (asws) nous prévenait en ce sens : « Être disponible, à l’égard des chefs religieux, c’est les aimer, suivre leurs conseils, les aider dans les activités qui concernent la religion, et conseiller aux hommes d’adopter la même attitude à leur égard ».
Par ailleurs, toutes les valeurs qui ont fait la renommée de son illustre père sont identifiées chez lui :
« Amna diiné muñ na té moom
Ngòr ga mat amna ngërëm
Xol ba yaa na mat na imaam
Amna ndam fii taahati »
Qu’Allah lui accorde une longue vie dans la santé et la prospérité et l’aide dans la mission par la grâce du saint-maitre Seydina Limamou Lahi Al Moukhtâr Wa Seydil Anlamîna.
Doom moo di meññatu baayam loolu moodi li am
Ku fonk baay deel teral doom koon nga jot ngërëmam
C’est pourquoi nous renouvelons, avec notre famille, notre allégeance auprès de notre grand-père Seydi Mouhamadou Makhtar Lahi en tant que 6e Khalif de Seydina Limamou Lahi (asws).
Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.
Commentaires d’articles (0)