CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°48 :
LA PROBLEMATIQUE DE L’EXPRESSION « KHÂTAM AN-NABIYYÎN »

today1 octobre 2021 47 1

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Clôture du cycle de la Prophétie ou Sceau de la Prophétie Tout simplement

Le plus grand argument sur lequel s’appuient ceux qui s’opposent à l’apparition d’un prophète à la suite de Seydina Mouhamed (asws) se trouve dans ce verset 40 de la sourate Al Ahzab :  «Muhammad n’est le père d’aucun de vos hommes, mais (il est) le Messager d’Allah et le « khâtama ’n-nabiyyîna ». Allah est Omniscient». En effet, c’est précisément l’expression « khâtama-n-nabiyyîna » contenu dans cette phrase qui a été traduit comme tel : «Mouhamed a scellé/clôturé le cycle de la prophétie». Autrement dit, «il n’y aura pas de prophète après Seydina Mouhamad».

À cela s’ajoute encore deux autres arguments à savoir :
– ce hadith où le prophète soutient : «lâ nabîya ba‘dî» (littéralement : «il n’y a pas de prophète après moi [Seydina Muhammad ]» ;
– et ce fragment du verset 3 de la Sourate Al Mâ’ida:
«Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et j’agrée l’Islam comme religion pour vous.»

Nombreux sont les ulémas (notamment le lexicographe Ibn Manzur dans son dictionnaire intitulé « Lisān al-ʿArab ») qui ont préféré traduire l’expression « khâtama-n-nabiyyîna » ou « Khâtim ’n-nabiyyîna » (toutes les deux expressions étant permises) par « le dernier des prophètes ». Par contre d’autres auteurs encore plus avisés à l’image de l’éminent traducteur Abdullah Yusuf Ali (RTA) et le grand cheikh Muhyidîn Ibn Arabi dans son « Fuçûç al Hikam » (p.141) la traduisent par  » Sceau des Prophètes « .

Dans la suite de cet exposé, nous allons apporter notre modeste contribution, destinée à nos chers frères et sœurs condisciples Ahloulahi (disciples de Seydina Limamou Lahi) et ressortir quelques contradictions liées à la croyance selon laquelle «il n’y aura pas d’autre prophète à la suite de Seydina Mouhamad (asws)».

D’abord, c’est Ibn Kathir, l’un des plus grand exégète du saint Coran qui nous rapporte dans son tafsir que le prophète (asws) a dit : «J’étais le « Khâtam-an-Nabiyyîn » avant que le prophète Adam ne naquît». (Tafsir ibn Kathir). Il convient de souligner que c’est Adam le père de l’humanité, de qui descend le prophète Mohamed. Et il fut le premier homme à porter le grade de prophète. Voici donc une première contradiction.

Ensuite, la mère des croyants Seyda Aicha (rta), a clairement précisé aux fidèles parlant de son défunt époux, Seydina Mouhamad (asws) :

«Qûlû innahu Khatamul anbiyâ’i, wa lâ taqûlû lâ nabiyya ba’dahu» autrement dit : « Dites qu’il est le Khâtam-an-Nabiyyîne, mais ne dites pas qu’il n’y a pas de prophète après lui ». (Voir le livre « Takmelah Madjma’ul Béhar, page 85, par I’Imâm Muhammad Tahir Goudjrati- 903 à 986 A.H., Nival Kishore Press, Lucknow, 1283 A.H. et le Dur-el Mansour – Commentaire par I’Imâm Djalâloud-dîne Syouti 849-911 A.H., Vol : 5 page 204, Maimaniyya Press, Caire, 1314 A.H.)

«Ibrahim serait devenu un Prophète s’il avait vécu.»

Cette mise en garde de la mère des croyants s’explique par le fait qu’il est admis depuis toujours que le Messie ‘Îssâ Ibn Maryam (psl) devrait apparaitre à la Fin des Temps en tant que vizir de Seydina Muhammad (asws) tel que ce dernier (asws) l’a annoncé lui-même, comme le rapportent Bukhari et Muslim dans leurs sahihs respectifs. Ainsi, Bukhari énonce ce hadith de Abu Hureyra qui rapporte cette question adressée aux fidèles par Seydina Muhammad (psl) : «Comment vous comporterez-vous lorsque Issa Ibn Maryama descendra parmi vous et que votre Imam sera un des vôtres ?» (Traditions Islamiques, Tome II, p. 520 et 521). Et l’historien Ibn Khaldun a abondé dans le même sens en rapportant cet autre hadith de Abu Hureyra où le prophète d’Allah déclare : «Je jure par Celui qui détient mon âme dans Ses Mains (Allah), que le temps est proche où ‘Îssâ Ibn Maryam (psl) descendra parmi vous et jugera l’humanité de manière équitable…» (Mukhadimât, livre 1, chap. 3, parag. 53).

Aussi, semble-t-il que dire que Khâtam an-Nabiyyîn signifie que Seydina Muhammad est le dernier des prophètes entre en contradiction directe avec toute possibilité de réapparition du Messie ‘Îssâ Ibn Maryam (psl). À moins que le Messie ‘Îssâ Ibn Maryam ne réapparaisse sans son grade de prophète comme le soutiennent encore d’autres opposants plus extrémistes mais moins avertis. Cependant, cela signifierait qu’Allah aurait rétrogradé son Serviteur Ibn Maryam qui est le meilleur des «ûlil azmi mina-r-russul» après le prophète Mouhamed. Or, même après avoir, été trahi par les «banu israël» après leur avoir accordé autant de privilèges, Allah continue toujours, même à ce jour de leur faire bénéficier de Ses bienfaits après les avoir bannis dans le saint coran à la suite de leur trahison.

«Ô Enfants d’Israël! Rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés, et (Rappelez-vous) que Je vous ai préférés à tous les peuples (de l’époque)» [Sourate Baqara, 47]

Dans tous les cas les descendants du peuple juif continuent toujours de bénéficier des privilèges qu’Allah leur a accordés. Car jusqu’à ce jour ils sont toujours parmi les meilleurs dans les différents domaines où ils interviennent (sciences, finances, etc.)

Puis, quand son fils Ibrahim (qu’il eut avec son épouse Marie la Copte) mourut, le prophète a déclara : «Si Ibrahim avait vécu il serait devenu un Prophète vertueux» (Ibn Majah, vol :1 Kitab Ul Janaiz).

L’éminent jurisconsulte et Muhaddith (spécialiste du Hadith), Shahabud Din Ahmad-al-Hashmi rapporte que après avoir enterré son fils Ibrahim, le prophète avait posé sa main sur la tombe et avait alors prononcé : «Par Allah, il est vraiment un prophète et le fils d’un prophète».

Toutefois, le paradoxe lié à une telle déclaration réside dans le fait que le verset 40 de la sourate Al Ahzab dont certains se basent pour dire qu’il n’y aura plus de prophète après Muhamad avait été révélé 4 ans avant cette disparition. Alors la question qui devrait interpeler notre conscience commune serait de savoir comment le saint prophète (asws) s’est-il permis de concevoir la possibilité que son fils Ibrahim devînt prophète à sa suite, alors que 4 ans plus tôt, il avait lui-même précisé qu’il n’y aurait pas de prophète après lui (psl) ?

Issa ibn Mariam reviendra et suivra la Charia et l’enseignement de Mouhamed (pse)

Enfin, si tant est que le terme « Khâtam » signifie uniquement « la clôture », dire que « Khâtam an-Nabiyyin » renvoie au fait qu’il n’y aura plus de prophète revient à dire par la même occasion que « khâtam ul Awliyâ » équivaut à dire qu’il n’y aura plus de awwliya (pluriel de saints). Or, ce titre de « khâtam ul Awliyâ » a été utilisé pour désigner Seydina Alioune ou l’Imam Chafi’ ou encore Ibn Arabi. C’est aussi un des grades de Seydina Cheikh Ahmad At-Tijan (rta). Et alors, suivant une telle croyance erronée l’on pourrait être tenté de croire qu’il n’y a eu plus de saint après Seydina Cheikh ; ce qui est complètement impossible.

Aussi, avons-nous effectué une revue de la littérature sur le sujet en étudiant les écrits de grands auteurs islamiques notamment ceux de l’Imam Abdul Wahâb Sh’ahrâni pour mieux comprendre la notion de «Khatam an-Nabiyyîn». L’Imam Sh’ahrâni rapporte ceci : «Sachez que l’ordre de la prophétie n’a pas cessé totalement : c’est la prophétie porteuse de nouvelle sharia qui a été close» (Al Yawaqît wal Jawahar, vol. III, p.35). Ce que confirme le grand Cheikh Abdul Karim Jîlâni qui soutient que la venue de prophètes porteurs de nouvelle shariya après le saint-prophète (psl) a cessé après qu’il fut honoré du titre de « Khatam an-Nabiyyîn » parce qu’il a apporté avec lui une sharia (le Coran et le Sunna) tellement parfaite qu’aucun prophète avant lui n’avait apportée (Al-Insânul Kamil, Vol. I, p.68, Egypt edition).

«Khâtaama’n nabiyyîna» = Sceau de la Prophétie

Dans ce même ordre d’idée, le Pôle des Pôles Cheikh Al Akbar Muhyidîn Ibn Arabi nous enseigne que la prophétie se poursuivra parmi l’humanité jusqu’à la fin des jours, (même) si la prophétie porteuse de sharia a cessé (Al Futuhâtu Makkiya, vol. I, p.545). À la question de savoir si la réapparition de ‘Îssâ Ibn Maryama ne remettrait pas en question le caractère de « dernier prophète que revêt Seydina Muhammad (psl) », l’Imam Baydhawi répondit que le fait qu’il soit le dernier prophète n’exclut pas la possibilité que quelqu’un qui fut prophète bien avant la naissance de Seydina Muhammad réapparaisse dans ce monde après lui (psl). Ainsi acceptons-nous que le prophète ‘Îssâ Ibn Maryama apparaisse à la suite de Seydina Muhammad. Mais il suivra cette fois-ci la sharia et l’enseignement de ce dernier (psl) sans s’en dévier ni en y ajoutant un iota comme le confirme Jalâleyni dans son tafsîr du verset 40 de la sourate Al Ahzab rapporté par l’Imâm Siyûtî. Nous comprendrons aisément que la prophétie qui a été scellée par Seydina Muhammad (psl) en tant que « Sceau des Prophètes » est ce qui est communément appelé la «nabuwwat tashri-i» ou «nabuwwat qâqîqi» qui introduit une nouvelle Loi Divine (Livre, Sharia) comme celle des Prophètes Mûssâ qui apporta la Thora (Tawraat) ou ‘Îssâ Ibn Maryama (psl) qui enseigna l’Évangile (Linjîl). Et cette position est défendue par de grands auteurs comme Muhyidîn Ibn Arabi dans son ouvrage majeur Futuhâtu Makkiya.

Il serait donc plus logique de traduire l’expression khâtama-n-nabiyyîna » par « Sceau des Prophètes » ou « Sceau de la prophétie ».

Maintenant, par rapport au verset 3 de la sourate Ma’idah énoncé en début de cette tribune, il faut savoir que l’enseignement émis par Seydina Mouhamad (asws) a eu divers interprétations à travers le temps ; ce qui a donné naissance à plusieurs «mazâhib» (écoles de pensées) dont les plus célèbres sont les courants malikite, châfi-ite, hanafite et hanbalite.

Si on juge que la vérité est unique et universelle, comment pouvons-nous comprendre que l’enseignement unique et universel du prophète Muhammad puisse être interprété et pratiqué de manière distincte suivant les différents mazâhib ?

Et pire encore, les suiveurs de chacune des écoles pensent qu’ils pratiquent la religion authentique contrairement aux autres écoles. Voici alors une des raisons qui justifie à suffisance la nécessité de l’apparition d’un guide à la suite de Seydina Muhammad pour rétablir l’Islam d’origine, l’Islam authentique tel que pratiqué par le saint-prophète (psl). Et qui d’autre que le saint-prophète Muhammad (psl) lui-même est plus apte à jouer ce rôle ? Car «nul ne peut être plus royaliste que le roi » a-t-on coutume de dire.

Or, Seydina Limamou Lahi (psl) n’a pas affirmé être un nouveau prophète. En effet, en lançant son Appel, il déclara ceci : «Manna démbeu, manna tay ». J’étais Seydina Muhammad avant, et je suis Limamoul Mahdi en cette Fin des Temps. Et enfin il convient de souligner que quand Seydina Limamou Lahi (psl) est apparu il a pris dans chacune des écoles les pratiques en adéquation à l’enseignement authentique tel que formulé par Seydina Muhammad (psl) : retenant les bonnes pratiques originels et rejetant les pratiques corrompues avec le temps.

Aujourd’hui, c’est une obligation pour tout prétendu uléma, conférencier, prédicateur de venir étudier Seydina Limamou Lahi (psl) et ses enseignements avant de le rejeter ou de s’opposer à lui tout en l’ignorant en même temps.

Gaayi ñew leen gëstu waat diineem té seetat
Kon di ngeen xam ni Baay Laay Yàlla moo soop def ka muy njiital anaam.
Pour conclure, nous dirions tout simplement que :
Mayam yu rëy ya moo waral mu juk toxu
Min Makkata ilaa Ndakaaru, Sanga baa ngii
Limaamu ñëw na mottali, lay jeex na
Ku weddi alku woorna ma, Sanga baa ngii
Ku man na dem ziarri yaa Rasuulu Lahi
Xabroom ba Yoof la Jamalaay, Sanga baa ngii
Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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