فِي لَيْلَةِ النّصْفِ مِنْ شَعْبَانِ مَوْلِدُهُ
فِي هَنْرَشٍ هِجْرَةٍ النَّبِيِّ ذِي الْكَرَمِ
C’est ainsi que l’éminent poète Cheikh Modou Mboup « Al Ghârikhou » rapportait la naissance de l’Imam de la Fin des Temps, Al Imâm Al Mahdi Al Mountazar, telle qu’annoncée par les livres anciens. Autrement dit, il était prévu que ce serait dans la nuit dite « leylatu niçf min cha’bân » – ce qui signifie la nuit du milieu du huitième mois du calendrier hégirien entre le 14 et le 15 – de l’an 1255 H que devait naitre l’Imam tant attendu. Le saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws), fondateur de la Communauté Ahloulahi, qui a déclaré être l’Imam Al Mahdi est né dans cette même nuit de mi-Cha’bân, quelque 6 ans après, en l’an 1261 de l’hégire (1843). Aussi, est-il utile de rappeler que ce fut en l’an 1255 qu’une délégation des lébous de « Taanka » (collectivité de Yoff, Ngor et Ouakam), est allée répondre au jihad lancé par le guide toucouleur dont nous faisions allusion dans la tribune du vendredi numéro 68 publiée le 18 février 2022 et intitulée : « Immersion dans la vie de Seydina Limamou Lahi avant son Appel ». Et Mame Alassane Thiaw, le père de Seydina Limamou (asws), était membre de cette délégation de jeunes guerriers lébous. Cest au cours de leur rencontre avec le célèbre guide qu’il leur annonça que l’Imam Al Mahdi naitrait parmi eux tout en leur recommandant de lui donner le prénom de « Limamou » qui est une déformation locale du titre arabe « Al Imâm », « le guide ». On peut dès lors considérer que l’an 1255 était l’année de l’annonce ou « Atum publicité bi » comme le mentionnait si bien le célèbre et brillant prédicateur Baye Libasse Sall (rta). C’est pourquoi Serigne Modou rajoutait :
نجل الحسن نصف من شعبان مولده
في أصرش هجرة النّبيّ ذي الكرم
Ce qui signifie que le fils de Al Hassan (Seydina Limamou) est né dans la nuit du quinzième jour (nuit du 14 au 15) du mois de Cha’bân de l’an 1261 de l’hégire. Ce soir-là, la partie de l’Océan Atlantique faisant face à Yoff, village natale de Seydina Limamou Lahi (asws), est soudain devenue douce sans que personne, en dehors d’une minorité de quelques abreuvés à la « mârifatu bil-lâh », n’en connût vraiment la raison. Plus tard, âgé de quarante ans, Seydina Limamou Lahi (asws) avait lancé sa mission encore au mois de Cha’bân de l’an 1301 H. Et après avoir lancé son Appel, il précisait : « da may gan gu nu seenoo buntu kër ma jaar ca poot ba, Limaamu yaa betta reewmi ». En effet, nombreux furent ceux qui pensaient que le Mahdi serait arabe, serait un simple « Waliy » (saint), apparaitrait ailleurs qu’en Afrique, encore moins au Sénégal. Or, après avoir lancé sa mission en Afrique, Seydina Limamou Lahi, le noir sénégalais (non-arabe), avait déclaré être le Mahdi tout en ajoutant : « Mana démbë [di Seydina Mouhammad], mana tay [Limamoul Mahdi] ! Mouhamad ma weexoon démbë, niuul na téy !»
Par ailleurs, il convient de rappeler aussi que le prophète Mouhamad (asws) nous avait informé sur l’importance et les bienfaits de ce mois de Cha’bân. D’ailleurs dans un célèbre hadith il déclarait :
رجب شهرُ اللهِ وشعبانُ شهرِي ورمضانُ شهرُ أمتي
Ce qui signifie « Rajab est le mois de Allah, Cha’bân est mon mois et Ramadan est le mois de ma communauté ».
Et concernant la date du quinze (15) ce mois de Cha’bân, le prophète Mouhamad (asws) avait encore insisté sur les mérites qu’elle renferme. À ce propos, Ibn Mâjah (rta) a rapporté de Seydina Ali que le prophète arabe avait enseigné :
إِذَا كَانَتْ لَيْلَةُ النِّصْفِ مِنْ شَعْبانَ فَقُومُوا لَيْلَهَا وَصُومُوا نَهَارَهَا
Ce qui signifie : « Lorsque vient la nuit de la mi-Cha’bân, alors veillez sa nuit [en prières surérogatoires] et jeûnez sa journée. »
Autrement dit, le prophète nous recommande de veiller [toute] la nuit du 14 au 15 du mois Cha’bân en s’adonnant à des pratiques surérogatoires et de jeuner la journée du lendemain (le 15). Concernant les actes surérogatoires ils peuvent se faire en termes d’unités de prières, de louange du Seigneur à travers le « zikr » de Ses nobles attributs uniques notamment avec la formule du « tawhiid » (« Lâ ilâha illâ Allah »), la pratique de l’ « Istighfâr » (le repentir) à travers la formule « astaghfiroul-lâha », la « salâtou anlâ nabi » sous ses différentes variétés à savoir la « salâtoul-oumiy », la « salâtoul fâtih », « salâtou zât », la « djawharatoul kamâl » (réservée aux initiés), etc.
La raison qui fait que le prophète recommande de veiller la nuit de la mi-Cha’bân réside dans le fait que, dans un hadith jugé Sharif, il est rapporté que le prophète (asws) a dit que Djibril (as) est venu lui dire :
« Ô Messager d’Allah, sortez dehors et regardez vers le ciel. » J’ai regardé le ciel. Toutes ses portes étaient ouvertes et un annonceur proclamait ainsi : « Bonnes nouvelles à qui fait bonne œuvre pendant cette nuit, bonnes nouvelles qui fait Salaat (prière) pendant cette nuit, bonnes nouvelles à qui se tient debout (pour la Salaat pendant cette nuit, bonnes nouvelles à celui qui fait le Roukou’ (inclinaison lors de la Salaat), pendant cette nuit, bonnes nouvelles à celui qui se prosterne pendant cette nuit, bonnes nouvelles à celui qui pleure et sollicite le pardon et formule ses prières pendant cette nuit. » À la question de savoir : « Jusqu’à quand ses appels se font-ils ? » Seydina Djibril (as) répondit au Saint Prophète (asws) : « Ces appels commencent après l’heure de la Salaat ‘Asr, le 14ème Sha’baan et se terminent à l’heure du Fajr du 15ème Sha’baan ».
L’éminent Sheykh Abd al-Qadir al-Jilani (rta) semble abonder dans le même sens dans « Al-Ghunya li-Talibi Tariq al-Haqq » en rapportant que le Saint Prophète (asws) a dit :
« L’archange Djibril (a.s) s’est présenté à moi la quinzième nuit de Sha’baan et m’a dit : « Ô Muhammad (asws), levez vos yeux vers le ciel. » Je lui ai demandé, quelle est cette nuit ? Alors Djibril (a.s) a dit : « Celle-ci est cette nuit bénie pendant laquelle Allâh le Tout Puissant ouvre 300 Portes de miséricorde et pardonne à tous tes Musulmans sauf celui dont la foi n’est pas correcte, celui qui commet le Shirk (donner un associé à Allâh), celui qui pratique la sorcellerie, celui qui commet l’adultère, le devin et l’alcoolique invétéré. »
À ce niveau, l’on pourrait se poser la question de savoir pourquoi cette nuit renferme-t-elle autant de mérites. Et la réponse toute naturelle que pourrait donner les Ahloulahi est la suivante : C’est dans cette nuit que renaissait la meilleure des créatures d’Allah renvoyée dans une seconde mission terrestre en tant que Seydina Limamou Lahi Al Mahdi (asws).
Quoi qu’il en soit, c’est sans doute fort de toutes ces informations que Mame Ibrahima Sény fils du premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi (as) avait entrepris au cours des années 60 à rassembler la famille, ses amis et fidèles dans la nuit de la mi-Cha’bân pour s’adonner à des actes de dévotion accompagnés de chants religieux à la gloire du Tout-Puissant. C’était aussi une occasion pour lui de faire revisiter l’histoire de son illustre grand-père Seydina Limamou Lahi (asws) dont la naissance eut lieu en cette nuit bénie. Aujourd’hui, la célébration de la nuit de la mi-Cha’bân revêt une place capitale dans le calendrier de la communauté Ahloulahi. S’il en est ainsi, c’est parce que depuis la disparition de Mame Ibrahima Sény, sa famille, avec à sa tête le dévoué Limamou Thiaw appuyé par ses oncles dont feu Serigne Ablaye, n’a jamais ménagé aucun effort pour pérenniser la tenue annuelle de l’évènement. Mais après plus de soixante (60) longues années de célébration de la naissance de notre maitre, nous pensons que l’importance de l’évènement doit être mieux prise en compte, mieux valoriser par la communauté Ahloulahi. En effet, chaque année nous commémorons l’anniversaire de l’Appel de Seydina Limamou Lahi (asws) avec beaucoup d’entrain. Pourtant, quelques deux semaines après la célébration de l’Appel, nous célébrons la nuit de la mi-Cha’bân mais pas forcément avec la même ferveur, ni avec la même attention. N’est-il donc pas temps que la célébration de nuit de la mi-Cha’bân soit incluse dans le programme annuelle de la commémoration de l’Appel de Seydina Limamou Lahi(asws) ? Ainsi, la célébration de la mi-Cha’bân pourrait être une continuité voire la seconde étape de la célébration de l’Appel. Cela permettrait de poursuivre le programme avec des séries de conférences, des panels, des causeries, etc. sur la naissance et tout ce qui se passa avec, ainsi que la mission et l’enseignement du saint-maitre (asws). Et pourquoi pas profiter de l’occasion pour faire une synthèse globale des différentes interventions réalisées sur le thème annuel choisi pour l’anniversaire de l’Appel ? Tout ceci ouvre une réflexion sur comment perpétuer la célébration de la naissance du saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws) tout en lui donnant une dimension à la hauteur des bienfaits que renferme cette nuit de mi-Cha’bân.
Qu’Allah rétribue les efforts de Mame Ibou Sény ibn Seydina Issa Roholahi (as).
Que Paix, Salut et Bénédictions soient éternellement renouvelés sur notre maitre Seydina Limamou Lahi Al Moukhtar wa Seydil Anlamin.
Excellente célébration à toutes et à tous !
Déwénety !
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