Après avoir présenté quelques généralités sur le fiqh et abordé la question de la pureté en Islam en générale dans la précédente tribune numéro 74, nous en arrivons au thème de la pureté rituelle, autrement dit : l’ablution.
L’ablution est un acte rituel consistant à se purifier le corps avec de l’eau pure et purifiante. Nous distinguons la petite ou ablution mineure « al-wudû’ » et la grande ablution ou « ghusl ». L’injonction concernant la petite ablution trouve son fondement aussi bien dans le saint Coran que dans la sunna. Dans la première source de référence citée, l’ablution trouve son fondement légal dans le verset coranique suivant :
« Vous qui croyez, quand vous vous mettez en devoir de prier, l’avez-vous le visage, et les mains jusqu’au coude, passez-vous les mains mouillées sur la tête, l’avez-vous les pieds jusqu’aux chevilles » [sourate 5, verset 6].
D’après ‘Abdallâh ibn ‘Umar (rta), le prophète (asws) a dit : « La prière n’est acceptée que si elle est accomplie en état de pureté ». [Rapporté dans sahih Muslim]
C’est pourquoi, la petite ablution est obligatoire pour accomplir la prière.
Les actes autorisés au cours de l’ablution sont principalement de trois catégories :
- LES ACTES OBLIGATOIRES OU « AL-FARÂ’ID »
Un acte est dit « obligatoire » ou « al-fard » ou « al-wâjib » si son inexécution rend invalide le rite qui le concerne. Les actes obligatoires de la petite ablution ou « farâ’id al-wudû’ » sont :
REMARQUES :
1) les écoles de droit sunnites n’ont l’unanimité que sur quatre de ces actes (le lavage du visage, le lavage des mains jusqu’aux coudes, du passage des mains mouillées sur la tête et du lavage des pieds jusqu’aux chevilles comme stipulé dans le verset cité plus haut) en s’appuyant sur le verset cité plus haut (sourate 5, verset 6). C’est l’école malikite qui a ajouté les trois autres (l’intention, le frottement des membres et l’enchaînement des actes).
2) Le respect de l’ordre des différents actes à accomplir pendant les ablutions n’est pas une obligation.
- LES ACTES VIVEMENT RECOMMANDÉS OU « AS-SUNNAN »
Un acte est recommandé lorsque qu’il trouve son fondement sur une pratique effectuée par le prophète (asws). Cela ne rend pas l’acte obligatoire ; aussi ne pas l’exécuter ou l’oublier n’annule pas le rite.
La petite ablution comprend 7 actes vivement recommandés :
- LES ACTES LOUABLES OU MÉRITOIRES « AL-MUSTAHABBÂT » OU « AL-MANDÛBÂT » OU « AL-FADHÂ’IL »
Les actes concernant cette catégorie sont d’une importance inférieure aux actes recommandés. Ce sont des actes que faisait le prophète et que l’on peut copier pour avoir plus de mérites. C’est pourquoi leur inexécution ou oubli n’a aucun effet sur la validité du rite.
Ces actes sont nombreux, nous pouvons en citer :
Dire « Bismillah » (at-tasmiya), faire les ablutions dans un endroit propre, utiliser l’eau avec modération, commencer par laver la droite avant la gauche pour toutes les parties doubles du corps, respecter l’ordre prescrit dans les actes vivement recommandés, se frotter les dents, entrecroiser les doigts des deux mains pendant le lavage des mains, laver l’espace entre les orteils laver une deuxième puis une troisième fois les parties suivantes : les mains, la bouche, le nez, le visage, les avant-bras et les pieds, etc.
Pour ce qui concerne la barbe il y a deux cas :
- Si elle est courte et que l’on peut voir la peau en dessous, le fidèle doit faire pénétrer ses doigts mouillés pour atteindre la peau ;
- Si par contre elle est épaisse, il n’est pas nécessaire de de faire pénétrer les doigts dedans. Le fidèle lave juste le visage et la partie externe de la barbe.
LE TRAITEMENT DES OMISSIONS PENDANT L’ABLUTION
Cas 1 : oublier de laver une partie obligatoire
Si on s’en rappelle juste après avoir terminé ses ablutions, il est alors obligatoire de laver la partie en question et il est autant recommandé de continuer le reste de l’ablutions à partir de cette étape.
Si on se rappelle de l’omission après la prière, il faut laver uniquement la partie concernée et refaire la prière. Car comme nous l’avons vu plus haut dans la partie des de l’ablution, omettre un acte obligatoire invalide l’ablution et donc la prière n’est plus valable.
Cas 2 : omission d’un acte vivement recommandé
Si on oublie un acte vivement recommandé, il est recommandé de laver la partie en question, mais on n’est pas obligé de reprendre la prière.
À ce niveau, il est nécessaire d’aborder la question des causes qui annulent l’ablution. Nous distinguons les causes directes et les causes directes.
- LES CAUSES DIRECTES (L’IMPURETÉ MATÉRIELLE)
Globalement, la petite ablution est annulée par tout ce qui sort par les voies naturelles de l’Homme, notamment la matière fécale (selles), les fluides et les gaz intestinaux (pets). Parmi les fluides il y a :
-l’urine, le « maniyu » ou sperme, le « madhyu » (liquide prostatique, transparent et épais, émis lors de l’érection et qui entraine le lavage complet de la verge et un renouvellement des ablutions, le « wadyu » ou liquide visqueux évacué après la miction (action d’uriner), et le « hâdyu » (pertes blanches que la femme enceinte émet peu avant l’accouchement).
- Pour la personne atteinte d’incontinence, l’émission involontaire de matières fécales, d’urine, de pets, de sperme, de madhyu, de wadyu, n’annule pas la petite ablution.
- LES CAUSES INDIRECTES (L’IMPURETÉ IMMATÉRIELLE)
Il y a trois causes indirectes qui annulent les ablutions :
-La perte des sens due à l’évanouissement, ou à l’ivresse, ou à l’accès de démence ou au sommeil. Concernant le sommeil il peut être réparti en quatre cas : le sommeil long et profond qui annule l’ablution, le sommeil court et profond qui lui aussi annule l’ablution, le sommeil court et léger qui ne l’annule pas et enfin le sommeil long et léger pour lequel faire l’ablution n’est pas obligatoire mais juste méritoire) ;
-l’attouchement ou caresse d’une personne : il y a quatre catégories
- a) d’abord, la personne qui cherche le plaisir et qui l’obtient, doit refaire ses ablutions ;
- b) ensuite, celle qui a trouvé le plaisir sans l’avoir recherché doit aussi refaire ses ablutions ;
- c) puis, celle qui a recherché le plaisir sans l’avoir obtenu est tenue de refaire ses ablutions
- d) enfin celle qui n’a pas cherché le plaisir et ne l’a pas obtenu n’est pas tenue de les reprendre.
Le fait de donner un baiser à sa femme ou à son mari (embrasser sur la bouche) annule d’office l’ablution.
-le fait de toucher sa verge (pour un homme pubère) avec la paume ou les côtés de la main, ou bien la face palmaire des doigts ou d’un des côtés ou de l’extrémité d’un doigt, même si ce serait de façon involontaire. Par contre, toucher les testicules, ou l’anus ou les fesses n’annule pas la petite ablution. De même, les ablutions de la femme ne sont pas annulées par le fait qu’elle touche ses parties génitales [sauf si elle touche l’intérieur du sexe.
Le doute et le fait de sortir de l’islam, etc. sont aussi des causes qui annulent les ablutions
- Il est interdit au fidèle en état d’impureté mineure d’accomplir la prière, de faire les circumambulations rituelles « tawâf » autour de la ka’ba, de toucher un exemplaire complet du Coran, ou sa couverture que ce soit avec la main directement ou avec un objet quelconque, sauf si c’est pour apprendre, etc.
LA PETITE ABLUTION SUIVANT LES ENSEIGNEMENTS DE SEYDINA LIMAMOU LAHI (ASWS)
On démarre par la formule suivante telle que l’a recommandé le saint maitre (asws) :
« Bismilahi rahmâni rahîm, a’ûdhu bil-lâhi mina-sh-shaytâni-r-rajîm, lâ hawla wa lâ quwwata illâ bil-l-Lâhi-l ‘aliyi-l ‘azîm ».
Ensuite :
- a) Pendant toute la durée de l’ablution, le saint-maitre recommande au fidèle d’éviter de parler. À la place Seydina Limamou Lahi (asws) recommande de réciter continuellement la sourate « Fâtiha » ;
- b) Toujours suivant son enseignement, on ne lave pas uniquement les pieds jusqu’aux chevilles, mais on monte jusqu’aux genoux ;
- c) Pour le lavage des pieds on démarre toujours par le gros orteil ;
- d) À la fin de l’ablution, le fidèle doit prendre une petite quantité d’eau, réciter et souffler dessus la « basmala » avant d’en asperger son pantalon ou son pagne pour les débarrasser de toute souillure (par exemple celle émanant des éclaboussures pendant l’ablution, etc.)
(À SUIVRE)
Commentaires d’articles (0)