CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°84 : VINGTIEME EDITION DE LA JOURNEE « SANTA BAYE SEYDI THIAW LAHI »

today17 juin 2022 13

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Un hommage mérité à Serigne Ablaye

Ce vendredi 17 juin 2022, la communauté Ahloulahi célèbre les vingt ans de la journée annuelle de prières « Santa Baye Seydi Thiaw » organisée à la mémoire du défunt troisième Khalif, El Hadji Seydina Issa Lahi communément appelé Baye Seydi Thiaw Lahi « Sangoup Jamono ».

C’est au détour d’une conversation, en l’an 2002, dont le thème central portait sur les nombreuses et belles réalisations de Baye Seydi Thiaw à la tête de la Communauté Ahloulahi et son rôle de défenseur de la cause paysanne et des intérêts de la collectivité léboue, que l’idée d’organiser une journée de prières et de reconnaissance en sa mémoire avait germé dans les esprits. En effet, en fin stratège, il avait réussi :

  • À concrétiser la volonté de son vénéré aïeul, Seydina Limamou Lahi (asws) en rassemblant tous ses sermons et ceux du premier Khalif, dans un seul ouvrage dont il finança entièrement les travaux ;
  • À récupérer des mains des autorités sénégalaises la terre sainte de Ndingueuleu, premier village fondé par son grand-père. Ces terres avaient été abandonnées à la suite de l’épidémie de peste de 1914 qui avait entrainé, sous l’autorité du Khalif Visionnaire, Seydina Issa Rohoulahi (as), un déplacement du village au site actuel de Cambérène, au bord de l’Océan Atlantique. Pour redonner vie à ce site d’une grande importance dans la foi Ahloulahi, Baye Seydi Thiaw avait initié en ce lieu une grande journée annuelle de prières dite « ziarra ». À ce propos le poète prolifique El Hadji Mouhamadou Laye Ndir chantait les mérites du troisième Khalif en ces termes :

Moo dundal guyuk Ndingëli

Nuy ziaary ak di fa ñaan

jàmma sax ci biir Senegal

Yalna Yàlla nangu jëfëm

  • À convaincre les autorités du village de Ngor représentées par le grand Djaraf El Hadji Abdoulaye Sambe, à céder les terres de « Khounteu Ma », ces grottes mythiques où la lumière du saint maitre avait séjourné pendant plus de mille deux cents ans avant de prendre forme humaine. El Hadji Mouhamadou Laye Ndir reprenait de plus belle pour saluer cette prouesse du déterminé « Sangoup Jamono » :

Xunt mee ca Ngor la dundal

Waa Ngor ak Wakam di fa dem

Doomi gor yi seedé na lii

Kuy jullit rafet lu jëfëm

  • À offrir 364 hectares de terre à l’État du Sénégal au nom de la communauté Ahloulahi pour contribuer à la construction de logements sociaux sur le site des parcelles assainies. À travers cet acte de grande générosité, Baye Seydi Thiaw a répondu à l’appel de son grand-père qui demandait « d’élargir les concessions » pour faire de la place et par la même occasion accueillir les âmes en détresse qui afflueraient de partout pour rejoindre sa terre natale de Dakar ; soit pour venir lui faire allégeance, soit pour tirer profit et s’abreuver dans les énormes bienfaits et avantages en termes de commodités, de richesses, d’argent, de position, etc. ;
  • À rappeler et relancer le message prophétique du saint-maitre au centenaire de l’Appel. Pour marquer l’évènement, il avait initié une cérémonie annuelle commémorative de l’Appel de Seydina Limamou Lahi Al Mahdi (asws), le 5 juin 1981. El Hadji Mouhamadou Laye Ndir soufflait alors dans la même trompe :

Moo fi jëkkë def Appel

Tax ba reewmi xam Appel

Bii di Appélup Baay Laay

Wa an na reewmi Seydi Limaam

  • À porter, en 1982, le message de son illustre aïeul auprès de tous ses contemporains occupant, à l’époque, le fauteuil de Khalif des fondateurs respectifs des foyers religieux du pays. Serigne Cheikh Mbacké Lahi disait alors, dans l’époustouflant « marsiya » qu’il composa à la mémoire de Baye Seydi Thiaw :

Sol na dallaam anda ak saabay

Ahlulaay seeti xalifa

yu lislaam mu nga naan leen na nu gëm Seydi Limaam

C’est pourquoi la même année 2002, la famille du troisième Khalif de concert avec un groupe d’amis, de voisins et de sympathisants, a décidé d’instaurer une journée annuelle pour, d’une part, rendre grâce à Allah de lui avoir gratifiée d’un tel père, grand-père, patriarche, ami, guide et modèle. Et, d’autre part, pour rendre hommage, remercier et saluer l’œuvre grandiose de ce brillant esprit qui, en tant que premier petit-petit fils de Seydina Limamou Lahi (asws) à accéder au califat, avait montré la voie pour sauvegarder, sécuriser et pérenniser la mission et la doctrine du fondateur de la communauté Ahloulahi. Chérif Mouhamadou Lamine Lahi Ibn Seydina Ababacar Lahi fut choisi pour animer la causerie de l’évènement.

Cette première édition avait largement dépassé toutes les attentes en considération de la marée humaine qui a répondu à l’invitation et de la belle prestation de Chérif Mouhamadou Lamine Lahi en parfaite harmonie avec les chanteurs religieux et dahiras de la communauté. À l’époque, le cinquième Khalif, l’infatigable missionnaire Seydina El Hadji Abdoulaye Thiaw Lahi Ibn Seydina Issa Rohoulahi (as), venait de boucler sa première année au « khilâfa » et avait béni l’évènement. En tant que patriarche et chef de la grande famille du saint-maitre (asws), s’il avait manifesté ne fut-ce qu’une seule fois le souhait de mettre fin à cet évènement, nous n’en serions pas à la vingtième édition aujourd’hui. Mais, dans sa grande sagesse renforcée par sa haute bienveillance, sa bénédiction et ses prières ont toujours accompagné cette journée de prières et d’actions de grâce. D’ailleurs, plusieurs fois, sa défunte épouse qui se trouve aussi être la sœur cadette du troisième Khalif, feue Adja Seynabou Ndione Bint Seydina Mandione Lahi dite « Laly » a pris part à la cérémonie en tant qu’invitée d’honneur.

C’est pourquoi, pour cette présente vingtième édition, qui est la première organisée après le rappel à Dieu de Serigne Ablaye, la famille de Baye Seydi Thiaw a décidé, à juste titre d’ailleurs, de l’organiser en sa mémoire. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord Serigne Ablaye, tout comme son prédécesseur Seydina Mame Alassane Lahi (quatrième Khalif), a toujours soutenu la famille et veiller sur elle et ce, avant même d’occuper la position de Khalif. Ensuite, il a rendu d’indénombrables services à la communauté Ahloulahi notamment en portant la mission et l’enseignement du saint-maitre un peu partout dans ce pays et dans la sous-région pendant près de soixante-dix ans. Puis, en plus de toutes ces responsabilité, Serigne Ablaye a servi tous les Khalifs qui l’ont précédé tout en portant leur parole pendant tout ce temps (de Seydina Mandione,2ème Khalif, à Seydina Mame Alassane). Mais, pour qui connait la grande relation entre ces deux frères que sont Baye Seydi Thiaw Lahi et Serigne Ablaye, cet hommage est plein de sens et à bien des égards. Aussi, vous proposons-nous de lever le voile sur cette amitié qui a été scellée par le premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi – qui se trouve être le parrain et oncle paternel de Baye Seydi Thiaw et le père de Serigne Ablaye – sous l’œil vigilent de Seydina Mandione Lahi et de Seydina Ababacar Lahi fils de Seydina Limamou Lahi (asws).

En dépit d’une différence d’âge de douze ans entre les deux – Baye Seydi Thiaw étant né en 1914 et Serigne Ablaye en 1926 – leur amitié a survécu au temps et aux vicissitudes de la vie. Ils se vouaient un amour réciproque qui traduit de la meilleure des façons ces propos jadis prononcés par leur aïeul commun (asws) :

À titre d’exemple, sous le califat de son grand, frère Baye Seydi Thiaw, Serigne Ablaye, tout comme son autre frère Seydina Mame Alassane, quittait chaque matin, de bonne heure, son domicile pour venir lui rendre visite à Yoff ou Cambérène. Ainsi, ils passaient la journée à ses côtés pour lui tenir compagnie. D’ailleurs, un jour, un grand guide religieux du pays en visite à Yoff avait parlé à Baye Seydi Thiaw en ce sens :

« Seydina, à chaque fois que je viens te rendre visite je ne te préviens jamais. Mais je remarque qu’à chaque fois je trouve tes frères Mame Alassane et Serigne Ablaye à tes côtés. Si je t’avais prévenu j’aurais pu penser que c’est toi qui les avais informés de ma visite. Si seulement j’avais cette affinité et ce lien avec les miens… ».

Ils entretenaient une complicité qui a fait les bons moments de l’ère des petits-fils. Cette complicité était telle qu’il semblait même que leurs esprits respectifs avaient fini par fusionner. En effet, plusieurs fois Serigne Ablaye a parlé au nom du Khalif et donné la position de celui sur quelque affaire sans même l’avoir consulté en ce sens. Et dès qu’il informait Baye Seydi Thiaw par la suite, il était d’accord avec lui et saluait sa bonne diligence. Il s’y ajoute que nul n’ignore que Serigne Ablaye en parfait [ancien] militaire très pointilleux sur le respect dû à la hiérarchie, avait l’habitude à chaque fois que de besoin de sensibiliser les fidèles sur la grande dimension spirituelle de son grand frère « en tant que Khalif, représentant du meilleur de la création » disait-il, et sur le respect qu’il fallait lui vouer en conséquence. Parfois l’on pouvait même sentir, dans ses propos, une sorte de mise en garde contre toute personne qui oserait ramer à contre sens de la volonté de Baye Seydi Thiaw. Aussi, disait-il :

« Seydi Thiaw est un aveugle : quand il doit réparer un tort ou corriger un fautif il ne reconnaissait plus rien ni personne devant lui ».

C’était sa façon, en quelque sorte pour prévenir les fidèles que Baye Seydi Thiaw fait fi de toute attache avec quelqu’un quand il était question de redresser celui-ci. Il est clair donc que Serigne Ablaye était cet homme utile qu’il faut à chaque guide digne de ce nom tant par ses actes, ses propos, ses conseils avisés, etc.

À l’occasion de cet hommage à Serigne Ablaye la famille a aussi prévu de se souvenir et de prier pour le repos de l’âme de deux personnes qui ont toujours soutenu l’évènement depuis le début et qui ont récemment été rappelé à Dieu à savoir Chérif Ousseynou Lahi ibn Serigne Ablaye et sa tante Sokhna Adji Soda Lo qui fut une épouse de Baye Seydi Thiaw. Concernant le premier nommé il faisait partie des premiers soutiens de cette journée. Il venait la veille pendant qu’on installait le matériels et les bâches et nous accompagnait par sa présence, ses prières et conseils ses jeunes frères et neveux qui avaient initié cette journée. Pour la seconde, elle fut une des veuves de Baye Seydi Thiaw qui lui a servi de la meilleure des façons en tant qu’épouse vertueuse et dévouée. Adji Soda Lo et ses autres coépouses Adji Mame Coumba dite « Ndoye Faye » et Adji Fatou Ndoye Sow ont encadré soutenu leur fils et petits enfants dans l’organisation de cette journée de prières depuis le début en 2002.

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

 

 

Écrit par: soodaan3

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