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TRIBUNE DU VENDREDI N°90 : UN HOMMAGE CONJOINT POUR SEYDINA MANDIONE LAHI ET SERIGNE ABLAYE

today29 juillet 2022 113 1

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Un hommage conjoint pour Seydina Mandione Lahi et Serigne Ablaye

Sur initiative du Khalif Seydina Mouhamadou Makhtar Lahi, la communauté Ahloulahi, commémore de manière conjointe, en ce vendredi 29 juillet, l’anniversaire de la disparition du deuxième Khalif Seydina Mandione Lahi et celui du cinquième Khalif Seydina El Hadji Abdoulaye Thiaw. Le premier nommé avait quitté ce bas-monde dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 du mois Dhul Hijja de l’an 1390 de l’hégire (22 au 23 février 1971) ; tandis que son neveu et protégé, Seydina El Hadji Abdoulaye Lahi s’éteignit dans la matinée du 29ème jour du même mois en l’an 1442 (9 août 2021).

Il apparait clair qu’il y a donc quelques 3 jours seulement comme intervalle entre les deux dates d’anniversaire de décès. Aussi, célébrer l’anniversaire de la disparition de Seydina Mandione dans la nuit du 27ème jour pour revenir encore 3 jours après pour commémorer le rappel à Dieu de Serigne Ablaye aurait pu être très encombrant et très lourd pour les fidèles qui sont répartis sur toute l’étendue du territoire. C’est pourquoi, réunir ces deux évènements en un seul jour de commémoration serait un début de solution à adapter. D’autant plus que les liens qui réunissent ces deux Khalifs sont indénombrables. En effet, Seydina Mandione Lahi en tant que fils de Seydina Limamou Lahi (asws) est le frère cadet du premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi (as) qui se trouve être le père de Serigne Ablaye.

À la disparition de Seydina Issa Rohoulahi (as), Seydina Mandione après lui avoir succédé au califat, avait aussitôt prit sous son aile son neveu Serigne Ablaye avant de le nommer porte-parole de la communauté. Pourtant, ses deux premiers fils El Hadji Seydina Issa Lahi dit « Baye Seydi Thiaw Lahi » et son frère Seydina Mame Alassane Lahi étaient de loin plus âgés que Serigne Ablaye. D’ailleurs, rien que le plus jeune, à savoir Seydina Mame Alassane Lahi, avait au moins 10 ans de plus que Serigne Ablaye. Mais Seydina Mandione, en patriarche de la grande famille du Saint-Maître et dans sa grande sagesse préféra choisir son neveu, Serigne Ablaye pour faire de lui son bras droit en dépit de son jeune âge (moins de trente ans). Seydina Mandione plaçait beaucoup d’espoir en Serigne Ablaye à qui il accordait aussi beaucoup de confiance à tel enseigne qu’il sembla même lui donner carte blanche quant à la gestion des évènements religieux de la communauté. Il lui confia la gestion des « dahiras » (groupes chargés de l’animation religieuses des évènements).

Toutefois il n’avait pas tort dans la mesure où le résultat de cette confiance que le deuxième Khalif accordait à son jeune neveu fut que ce dernier parvint à rassembler les dahiras de la communauté autour d’un organe fédéral qu’il baptisa : « Fédération des Dahiras Layènes du Sénégal ». Il se chargeait lui-même de superviser la formation des membres des dahiras (notamment en leur enseignant les écrits des Cheikh) et contrôlait pleinement le fonctionnement de ces derniers. Et, après avoir recueilli l’autorisation et la bénédiction de son « père », le Khalif, Serigne Ablaye rassemblait régulièrement, les dahiras autour de séances de chants religieux un peu partout sur le territoire national pour diffuser le message de son grand-père Seydina Limamou Lahi (asws).

En cela, Seydina Mandione contribua à la réalisation de cette prédiction du Saint-Maître qui alors annonçait que son descendant « Abdoulaye » répandrait son message et sa mission partout. Serigne Ablaye créa aussi un organe chargé de gérer les affaires de la communauté qu’il nomma « Groupement Central » regroupant les intellectuels et professionnels dont le seul but était d’être au service exclusif du Khalif Seydina Mandione et traduire sa volonté en actes concrets. C’est à cette époque, que le préau de Yoff Layène devant la résidence du Khalif fut érigé sous l’impulsion du Groupement Central. Serigne Ablaye profita de l’occasion pour initier la grande journée annuelle de « ziarra » (visite de courtoisie spirituelle) au Khalif. C’était une occasion pour lui de rassembler tous ses « soldats » de la fédération des dahiras Layènes devant le Khalif pour chanter la gloire du Seigneur, montrer au Khalif l’état des choses qui lui étaient confiées, d’une part. Mais aussi, pour permettre à Seydina Mandione de mieux communier avec ses fidèles en profitant de l’occasion pour passer son message en termes de rappels et d’injonctions, d’autre part. À cet effet, hommes, femmes et enfants membres des Dahiras tous vêtus de blanc pouvaient chanter en chœur à travers de belles envolées lyriques la gloire et les attributs du Seigneur avant de recueillir les prières et bénédictions du saint homme dont El Hadji Mouhamadou Sakhir vantait la proximité avec son Créateur :
Amoon na xaas ci nanguk niaan
Loolu kay dafa am
Jangal jawâb ba Serign Dun binda ko di nga xam

Ces efforts et ce dévouement de Serigne Ablaye envers le deuxième Khalif, Seydina Mandione, trouvent leur fondement dans les nombreux et remarquables services que celui-ci avait rendu à son père, le premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi (as), quelques dizaines d’années plutôt. En effet, à la disparition de son père Seydina Limamou Lahi (asws), Seydina Mandione Lahi, alors âgé de 26 ans, avait courageusement pris les décisions qu’il fallait en l’absence de son frère ainé Seydina Issa Rohoulahi (as) parti en exil quelques trois ans auparavant. Il avait décrété que nul ne toucherait au corps du Saint-Maître pour le mettre sous terre tant que son frère ainé n’était pas encore de retour du Kajoor. Sa décision de garder le corps de son défunt père pendant une durée de 3 jours et de préserver son califat durant ce délai, était motivée par le fait qu’il voulait réserver l’honneur, à son frère ainé Seydina Issa Rohoulahi (as), de diriger la prière mortuaire pour ensuite devenir le premier Khalif à la tête des Ahloulahi.

Par sa grande sagesse et sa diligence, Seydina Mandione avait pleinement contribué à asseoir l’autorité et le califat de son frère. Aussitôt que Seydina Issa fut accepté de tous comme le digne premier Khalif de Seydina Limamou Lahi (asws), Seydina Mandione choisit de vivre en disciple dévoué au service et à l’entière disposition de ce demi-frère. Pendant les 40 longues années que dura le califat de celui-ci, Mame Mandione ne le quitta jamais préférant rester sous son ombre ; mieux il ne montra aucune prétention à un quelconque titre malgré son statut de deuxième fils du saint-maitre et vice-khalif. Seydina Mandione accéda finalement au califat à un âge déjà avancé (67 ans) ; ce qui fait que ses déplacements n’étaient pas nombreux. Ses seuls déplacements étaient ses séjours en alternance entre Yoff et Cambérène. C’est pourquoi, la plupart du temps, il préféra charger Serigne Ablaye de le représenter et de parler en son nom. Par exemple, il l’avait chargé de passer les journées de week-end en ville auprès de la communauté Layène de Gouye-Mariama pour célébrer les mariages, baptêmes, etc.

Seydina Mandione Lahi étant le dernier fils vivant du Saint-Maître, à sa disparition en 1971, certains craignaient qu’il y eût des velléités de prétention au califat au sein des petits-fils. La raison étant que c’est Serigne Ablaye que la plupart des fidèles connaissaient le mieux. Ses ainés dont El Hadji Seydina Issa Lahi, fils ainé du défunt Khalif et son frère Mame Alassane Lahi étaient moins visibles. Pourtant Allah éclaira tous les esprits et El Hadji Mouhamadou Sakhir put entériner que :

Al Haaji Ablaa ya leeral xol yi ker bamu nee
Wii yoon ku fiy mak la ñuy wormaal mu jiitu nu dem

Et donc El Hadji Seydina Issa, fils ainé de Seydina Mandione et le plus âgé des petits-fils devint le troisième Khalif sans nul heurt. Il confirma Serigne Ablaye à son poste de porte-parole de la communauté et le renforça dans tous les autres rôles que lui avait confié son père. Serigne Ablaye redoubla encore d’efforts et d’ardeur au service de ce cousin, ce frère qu’il prefera considérer comme son père, mieux comme son grand-père Seydina Limamou Lahi Al-Mahdi (asws) à la place de qui, il était assis.
« Seydi Thiaw mii du rek sunu mak waayé bët bi nuy xoolé sunuy baay ak sunu Maam rek lanu kay xoolé » avait-il l’habitude de répéter.

À la disparition du troisième Khalif, son cadet Seydina Mame Alassane ibn Seydina Mandione accéda au califat et Serigne Ablaye l’aida encore et resta à son service comme il l’avait fait pour ses défunts père et frère. En considération de tout le service qu’il avait rendu à la communauté Ahloulahi, Allah l’éleva au califat en 2001 suite à la disparition de son grand compagnon Seydina Mame Alassane Lahi. Hélas en ce lundi 29 de dhul hijja 1442 H (2021), l’éternel missionnaire, notre général aux nombreuses et brillantes étoiles s’éclipsa à jamais pour rejoindre les anciens, laissant notre communauté dans une grande tristesse.

Qu’Allah les réhausse davantage en grade auprès du saint-maitre Seydina Limamou Lahi Al Moukhtar wa Seydil Anlamina (asws).

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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